Ouled labled sont marginalisés, car aucune de ces familles respectables et connues pour leur appartenance à une certaine frange de la société ne s'aventurera à bâtir une hideuse baraque faite de résidus ferreux et de morceaux de madrier rien que pour avoir accès un jour à un appartement. Leur statut d'honnêtes citoyens et leur rang parmi la population menailie ne leur permettant guère d'avoir pareille audace, ils laisseront inévitablement la chance aux squatteurs venus d'ailleurs. Les baraques de fortune poussent comme des champignons ainsi que le commerce informel. Si on veut du changement, il faut secouer les mentalités. Réalité qu'il s'agit de prendre en charge avec beaucoup de tact. L'Algérien est déculturé, irrespectueux : ce tableau déconcertant n'est pas spécifique à Bordj Menaïel mais à toutes les villes d'Algérie. «El Akhlaque El-Fassida», nous voilà donc en terrain assez glissant car suivant des degrés, la culture est appréhendée différemment mais signe des temps, tout le monde en parle et s'en préoccupe pour dire où allons nous avec cette «tarbia» (éducation). Mal-vie et misère est le décor des ghettos au moment. Bordj Ménaiel est sujet à la délinquance, à la drogue, tous les fléaux de la terre existent. Il faut que cela change ! C'est une question de mentalité rétrograde. Jamais au grand jamais, cette coquette ville n'a connu pareille dégradation. On dirait que la bombe d'Hiroshima est passée par là. Bordj Ménaiel est une ville qui fascine, et concernant le cadre de vie, on en a une idée en empruntant les artères principales. Elle fascine parce que cette ville a toujours enfanté de grands hommes qui sont la fierté de la région, à l'image des chouhada Bouhamadouche, Djelloule, Meftah Abdelkader, Achour Kaddour, Khoudi Said, Abbas Abdelkader, et des centaines d'autres qui ont donné leur vie pour une Algérie libre et indépendante. Elle désole parce que depuis 1962, Bordj Menaiel avance à reculons ; elle n'est jamais parvenue à décoller économiquement, socialement, culturellement et sportivement. La logique aurait voulu, et il est tout a fait normal, que lorsque les gens touchent du doigt les problèmes, constatent les erreurs, les insuffisances, le laisser-aller, la corruption ils aspirent à les supprimer; à redresser la situation pour jouir de la liberté, de la sécurité, de la dignité du travail, et qu aspirent à préparer pour leurs enfants un avenir de progrès et d'épanouissement. Comment voulez-vous avancer si vous n'arrivez pas à tirer les leçons du passé, son extraversion révolte les gestionnaires et les responsables de cette commune. Cette magnifique ville haut perché sur une colline domine et subit l'attraction de sa proximité d'Alger, de Boumerdès, de Bouira, de Tizi-Ouzou et du littoral, 17 km du bord de mer. Enfin, il y a le cadre naturel enchanteur : forêt, hauteurs, beauté des paysages, pureté de ses sources. Toute cette beauté qui rend Bordj Menaiel si attachante n'est pas pratiquement exploitée. Il existe des coins paradisiaques, comme la source d'Echarchar, nous n'allons pas entrer dans les arcanes de la commune, notre propos est autre mais il est bon de connaître le milieu dans lequel vit et évolue Bordj Menaiel. Pourquoi cette ville n'arrive pas à reprendre son souffle, sa quiétude d'autrefois ? Les cicatrices font mal, l'ensemble de la population cache mal sa peine et ses inquiétudes sur l'avenir proche s'exclame un cheikh venu à notre rencontre. Un autre constate la précarité ou l'indigence qui caractérisent la situation culturelle au niveau de l'ensemble de la commune. Rien ne va à Bordj Menaiel, voilà le triste constat qu'on fait devant l'amère réalité à notre vécu car à Bordj Menaiel comme partout ailleurs. En Algérie, la désolation est la même et toutes les appréhensions quant à des lendemains qui risquent de déchanter pour les nôtres. Nos politiques, sont-ils au moins conscients de ce qui nous attend ? On ne le dira jamais assez du fait que les choses à Bordj Menaiel sont encore ce qu'elles étaient il y a des décennies. Pis encore, le néant s'est bel et bien dessiné et au rythme où grossit la décadence sociale, Bordj Menaiel se meurt à petit feu.