Petit à petit, Halilhodzic, l'entraîneur bosnien de l'équipe nationale, apprend à vivre à l'algérienne. Croyant au paradis, il se retrouve en enfer. En été, la pelouse de Blida, tellement verdoyante, ressemble au printemps, et en hiver, elle se transforme en champs de patates, un enfer pour tous les entraîneurs de la planète. En Algérie, entre le paradis et l'enfer, il n'y a qu'un pas et Halilhodzic l'a franchi en acceptant de driver l'équipe nationale. Il découvre un pays, riche, vaste comme le Paradis ne renfermant aucun terrain de football digne de ce nom. Le terrain parsemé de fleurs et le tapis rouge déroulé à son arrivée à Alger se sont transformés en un terrain miné où il ne devait pas y mettre les pieds. Malheureusement pour lui, il a osé franchir le pas en criant son désarroi à la veille de la préparation d'un match capital. Il aurait dû se taire et faire avec au lieu de mettre ses pieds dans les plates-bandes des autres. Pire encore, ses déclarations, tonitruantes il faut l'avouer, lui attirent les pires ennuis. Il s'en est pris à plus puissant que lui en déclarant que les joueurs ne répondent au téléphone qu'à Raouraoua. Quelle mouche l'a donc piqué pour commettre ce crime de lèse-majesté ? Paraît-il, il a mis le président de la FAF dans tous ses états. Quand bien même Halilhodzic a raison, il a évidemment tort car le chef a toujours raison même si l'équipe nationale se retrouve «apatride» et que les joueurs n'ont d'ouïe que pour le plus puissant de l'heure. Il ne fallait pas qu'il sorte la langue de sa poche pour s'attirer les foudres de l'intouchable Raouraoua. Il faut qu'il comprenne une fois pour toute que la compétence dans le football ne paye pas mais c'est plutôt l'allégeance, l'obéissance et la soumission qui font qu'un entraîneur soit bon même s'il est incompétent. Halilhodzic doit apprendre à se taire même si le Paradis qu'on lui a promis ne se trouve pas de ce côté de la Méditerranée.