La rentrée sociale de cette année est en passe d'être unique en matière d'accumulation d'angoisse et d'appréhensions suite à l'état de pessimisme que vivent tous les Algériens. La fonction dite publique, où les milliers d'employés subissent l'humiliation et l'avanie de par la dérisoire rémunération que lui édicte la sphère dominante dans l'Algérie pétrolifère au début du troisième millénaire, où la majeure partie des travailleurs affichent une situation de mendicité sans précédent. Une politique spectacle émaille le monde du travail, où des enseignants pendus par le manque et la privation affrontent péniblement leur morose quotidien en se voyant accepter l'ordre d'arracher des résultats qui honoreront l'éducation nationale avec une certaine insolence indicible, une manière d'exiger une impossible mission à ces instituteurs, plutôt à ces mendiants qui n'arrivent même pas à se permettre d'acheter un livre chaque mois vu la situation catastrophique de l'injuste politique des salaires, chose qui influe désastreusement sur le minable budget mensuel de chaque éducateur. Tandis que nos messieurs les députés, les ministres et autres cadres affiliés à la dynastie privilégiée de l'autocratie fournissent un excédent effort en démagogie et mensonges et se plaisent dans l'art de se pavaner dans les livings régaliens avec l'appui couard du grand chef. En leur distribuant dédaigneusement la rente du pays par millions sans respecter même l'ordre de mérite, pour la simple malsaine visée qu'est taire la vérité sur l'état social incontestablement avili du citoyen, c'est-à-dire une façon machiavélique de troquer leur silence contre un enrichissement juridiquement illégal. La vraie réforme ne consiste pas à changer des programmes et la réelle panne de l'école algérienne ne réside en aucun cas dans la nature de la connaissance présentée à l'enfant, la problématique séjourne dans la non-mise à l'aise du réacteur de l'éducation qu'est ce même enseignant, ce phare de toutes les nations, le temps où nos proches voisins tunisiens et marocains accusent des avancées spectaculaires dans ce même secteur et ce, grâce à l'état d'opulence pécuniaire dont jouit chaque maître dans ces pays frères. Offenser cette vérité signifie faire germer un malaise pour gangrener beaucoup plus les cervelles enfantines des générations innocentes. La fuite en avant choisie par le pouvoir pour faire omettre le fond de la crise au peuple renfonce plus encore le mal aux confins de l'amputation de l'identité algérienne en délaissant, voire en s'attaquant ainsi à l'école de la République, cette garante de la substance spirituelle de la patrie. Des phénomènes graves de reniement historique se manifestent chez nos étudiants, résultat de la fausse conception didactique des programmes combinés pour la seule intentionnelle fin qu'est l'abrutissement de nos chérubins. La décadence du niveau intellectuel qui accompagne cette haine patriotique condamne cette grande masse sortante de nos universités à la déviation. Des exemples flagrants d'indifférences administratives surprennent à travers les injonctions de la direction adressées à toutes les écoles pour favoriser la bêtise, doper la médiocrité en imposant aux enseignants des systèmes d'évaluation insolites, pour interdire ainsi le redoublement des faibles élèves, assurant ainsi une façade plus éblouissante de l'école nationale afin de plaire aux gens du sérail, d'une part, et faire l'apologie de la personne du Président, d'autre part. Un syndrome singulier de faillite sème le doute au sein des connaisseurs, en l'occurrence les pédagogues, les enseignants avertis et autres, en remarquant la préoccupante facilité qui revêt les épreuves des différents examens, de la sixième au fameux baccalauréat, recette qui fait hausser le taux de réussite pour s'enorgueillir et se justifier vis-à-vis de l'opinion nationale pour avoir atteint le fallacieux objectif de la fameuse réforme éducative impulsée par le clan présidentielle. En se ruant impétueusement sur le système du fondamental qui est, certes, la tumeur de l'intelligence algérienne, nos planificateurs adoptent un changement qui porte toujours les stigmates d'une pérennité en éreintant l'enfant avec une masse de livres esthétiquement impeccables. Nos enfants affrontent un surmenage précoce qui agit dangereusement sur leur productivité scolaire, ce qui accule d'ailleurs les enseignants à l'épuisement et à l'asthénie. Une erreur de diagnostic montre visiblement les fausses études hâtivement élaborées à l'insu du principal acteur dans cette délicate opération de refonte du système éducatif du pays, l'exclusion voulue de l'instituteur lors de ce chantier si efficient aura sûrement des incidences sinistres sur l'avenir déjà hypothéqué du monde de l'éducation par l'entêtement et le pédantisme des représentants de la tutelle en question. L'actualité nationale est sujette à des questions qui démontrent plus encore la fragilité du régime algérien, et la distance qui sépare le peuple de ses gouvernants dévoile bien cette criante méconnaissance de ces derniers des réalités sociales du pays. Notre pays n'a guère connu une telle conjoncture depuis l'indépendance. La surdité que feint le Président par rapport aux plaintes émanant du peuple qui crie à la famine n'augure rien d'optimiste. Le cas de la récente tripartite censée être porteuse d'espoir à tous les travailleurs dénude notre pouvoir de toute stratégie économique et le dépourvoit de toute crédibilité politique. Les révoltes arabes qui ont secoué les peuples opprimés seront certainement l'étincelle qui fera ébranler le trône précaire de nos despotes, car cette grande leçon de nos voisins tunisiens et libyens n'a guère d'échos chez ces conquérants qui nous jugulent. (Suite et fin)