En décidant en septembre 2011 de faire confiance aux compétences algériennes de son secteur à Annaba et à El-Tarf pour assurer l'intérim de délégués chargés de la gestion de l'eau et d'en faire la première expérience du genre dans le pays, Abdelmalek Sellal, ministre des Ressources en eau, a, en fin de compte, fait un bon choix. C'est le cas de le dire à la lecture des excellents résultats enregistrés. Ils sont d'autant plus appréciables quand on sait que d'aucuns, dont des experts, prédisaient un véritable fiasco à la démarche. Las de perdre de l'argent avec la société Gersen Wasser, le partenaire allemand de la Société de l'eau et de l'assainissement d'El-Tarf et Annaba (Seata), le ministre a décidé de résilier le contrat de partenariat. La décision avait été prise après qu'il ait été constaté que l'allemand n'a matérialisé aucun des projets qu'il a lui-même initiés. Il avait par contre consommé 2 milliards de DA dans des opérations qui s'avéreront sans véritable incidence sur l'amélioration de la distribution de l'eau potable et l'assainissement à El-Tarf et Annaba. Cette somme avait été puisée d'une enveloppe financière globale de 37 milliards de DA dégagée par l'Etat pour la mise en route du quinquennal 2010/2014 dans ces deux wilayas. L'échec allemand dans la gestion déléguée de l'eau imposera au ministère de s'engager dans une sévère opération de restructuration. Aussitôt rendue publique, la résiliation du contrat de partenariat et la désignation en septembre 2011 de Rachid Mokhrani à la tête de la direction générale de la Seata, les choses allaient s'accélérer. Le nouveau responsable de la société sera très attentif au retard mis dans la réalisation de divers projets d'utilité publique, du report du lancement d'autres et des 6 milliards DA qui lui restaient du 1er versement des 37 milliards DA. C'est dire toute la pertinence de la décision de Sellal d'algérianiser la Seata. Menés par Rachid Mokrani leur nouveau directeur général, les cadres et travailleurs algériens ont relevé le défi. De septembre 2011 à fin juillet 2012, les projets vont succéder aux projets et aux améliorations tant dans le domaine de la distribution de l'eau potable que dans l'évacuation des eaux usées. Dans les prochains jours, l'opération de mise en place de 50 000 compteurs sera lancée. Elle le sera en parallèle avec 17 projets destinés à une meilleure maîtrise de l'assainissement et la distribution d'eau potable pour les populations de Annaba et d'El-Tarf. La direction générale n'attendra pas le versement des 29 milliards DA restant pour acquérir 300 engins, 18 camions et 2 importants terrains d'assiette de 1 300 m2 pour la construction du nouveau siège et 3 ha à Allelick (El-Bouni) pour un parc de stationnement, d'entretien et de maintenance de ses engins et équipements. Avec plus de 3 000 salariés en poste dans les unités assainissement et distribution eau potable de Annaba et El-Tarf, la direction générale n'a pas négligé l'aspect socioprofessionnel. Outre leurs versements à termes échus, les salaires ont été revalorisés à hauteur de 25%. Dans la perspective de nouveaux projets spécifiques, la même direction n'a pas négligé non plus, la formation professionnelle de ses effectifs pour une mise à niveau de leur capacité d'intervention administrative et technique. Cinq de ces projets sont destinés à l'amélioration de la distribution de l'eau potable et 8 autres pour une meilleure maîtrise de l'assainissement à El-Tarf et Annaba. Dans le lot, 900 kilomètres de conduites d'évacuation des eaux usées et pluviales sont à réaliser à El-Tarf et Annaba ainsi que la réalisation d'un collecteur à Sidi Brahim. Pour peu que le reste de l'enveloppe financière de 37 milliards de DA soit débloqué, la gestion déléguée de l'eau sous contrôle des cadres algériens dépasserait certainement toutes les prévisions en termes de maîtrise et de réussite. L'exemple est donné par l'image qu'offre Annaba. En tête de liste des villes les plus inondables du pays, la commune du chef-lieu de wilaya est depuis l'hiver 2011 épargnée par les inondations et ce, quel que soit le niveau des précipitations. El-Tarf devrait suivre au regard du lancement de projets d'assainissement d'envergure. Ces projets permettront ainsi d'éviter les sinistres comme ceux vécus l'hiver 2011 à l'origine du décès de 3 personnes et des dégâts matériels se chiffrant à des dizaines de milliards DA. La Seata a, en effet, programmé la mise en place de nouvelles stations de pompage et de curage ainsi que la réhabilitation ou la création de réseau d'évacuation des eaux usées et de pluie. «Au lendemain du départ du partenaire allemand, beaucoup ont exprimé leur scepticisme. Il réagissait à la décision de notre ministre de désigner des cadres algériens pour suppléer au départ des Allemands initialement en charge de la gestion de l'eau. Les résultats probants que nous avons enregistrés démontrent qu'ils étaient dans l'erreur», a affirmé Rachid Mokrani. Là ne s'arrête pas les performances des cadres et agents algériens de la Seata. Mieux qu'à Oran dont la gestion déléguée de l'eau est à la charge des espagnols, la Suez des eaux pour Alger et la Marseillaise des eaux en ce qui concerne Constantine, les cadres et agents de la Seata de Annaba ont, sans assistance étrangère, réussi là où on leur prédisait l'échec. A ces résultats devraient s'ajouter les recettes que ne manqueront pas de générer les 50 000 compteurs et la station de traitement des eaux polluées. Cette dernière mettra un terme au gaspillage de plusieurs milliers de m3 d'eau potable dont a impérativement besoin le complexe sidérurgique ArcelorMittal pour le refroidissement de ses installations de production. Dorénavant, le complexe sidérurgique d'El-Hadjar sera alimenté en eau recyclée que la Step, aujourd'hui exploitée par une société française pour une durée de 2 années.