L'affaire ministère des Ressources en eau et le groupe allemand Gelsenwasser associé au capital social (51/49) de la Société des eaux et de l'assainissement de Annaba et Tarf (Seata) vient de rebondir. La partie algérienne a saisi la justice algérienne d'une plainte à l'encontre de son ancien associé pour non-respect des engagements contractuels. Escroquerie serait le terme le mieux adapté à ce dossier volumineux de partenariat. Il devait permettre aux Allemands de Gelsenwasser d'engranger des millions de dollars sans réelle contrepartie si ce n'est la présence de leur représentant désigné à la tête de la direction générale de la Seata. Or, le groupe allemand avait été sollicité contractuellement pour apporter, dès l'année 2008, son savoir-faire scientifique et technologique dans la gestion déléguée de l'eau. Ce que, selon M. Boulahbal, le représentant du ministère des Ressources en eau à Annaba, l'allemand n'a pas réalisé. La même source a argué de documents figurant dans le dossier de plainte. Ajoutés à d'autres éléments matériels de preuve attestant de la défaillance totale de Gelsenwasser, ils risquent de peser lourds dans l'accusation des Algériens contre leur ancien partenaire. Au fil des activités de la Seata, le ministère des Ressources en eau a relevé le non-respect des engagements contractuels de la partie allemande. Celle-ci n'aurait rien apporté tant dans le domaine de la gestion administrative que technique de l'administration et de celle déléguée de l'eau pour lesquelles l'Etat algérien a engagé des centaines de millions de dollars. Et pourtant, tout avait été mis à sa disposition pour la réussite des projets à milliards étroitement liés avec le développement économique local des deux régions de Annaba et Tarf. L'importance de ces projets est soulignée par la volonté du gouvernement algérien d'améliorer la distribution en eau potable des populations, de récupérer les eaux usées et de les recycler pour les besoins de l'industrie, d'assurer la protection des villes contre les inondations. Mais il y a pire avec des Allemands qui, argumentant la méconnaissance réelle ou feinte du terrain algérien, avaient fait appel à des cadres français ignorant tout de la gestion de l'eau. «Depuis l'avènement de la Seata créée en partenariat, nous n'avons de cesse d'alerter notre associé, Gelsenwasser, sur ses nombreuses défaillances. Alors qu'on s'attendait à un réel transfert de savoir-faire sous la supervision de leurs techniciens, nous avons eu affaire à des Français n'ayant aucune compétence en la matière», a affirmé M. Boulahbal. Il s'était exprimé jeudi dernier lors de la conférence de presse sur le développement économique local présidée par Mohamed Ghazi, wali de Annaba. Même s'il n'a pas fourni d'autres détails sur les défaillances et encore moins sur le préjudice financier causé à la partie algérienne par leur ancien partenaire allemand, M. Boulahbal a parlé de preuves matérielles irréfutables. Elles devront imposer à ce dernier de payer des centaines de millions de dollars, conséquence du fiasco ayant ponctué ses trois années de gestion de la Seata. Voire plus, au regard du dossier dans lequel Gelsenwasser est visiblement passé de la position de chasseur de devises en Algérie à celle de proie potentielle pour la justice algérienne et même d'ailleurs en cas de recours. Seata pourrait même devenir pour le groupe allemand synonyme de cauchemar depuis l'annulation du contrat de partenariat à son tort exclusif courant avril 2011. «Dès sa prise en charge de la gestion de la Seata, nous avons relevé des problèmes gravissimes que nous dénoncions aussitôt à la maison mère du groupe allemand. Ce n'est qu'après avoir constaté que leur représentant à Annaba, agissant en qualité de directeur général, a touché le capital social de la société pour le paiement des salaires des employés que nous avons décidé de mettre le holà», a précisé M. Boulahbal. A l'origine de l'affaire, les retards mis dans la réalisation des projets de réhabilitation, rénovation et adduction en eau potable et d'assainissement à réaliser dans les wilayas d'Annaba et Tarf. Alors qu'il était sollicité pour apporter son savoir-faire, le partenaire allemand semble avoir adopté une démarche inverse. Les quelques cadres étrangers qu'il a sollicités avaient beaucoup plus à apprendre de leurs homologues algériens que l'inverse. «Nous avons été étonnés de constater qu'en fait de transfert de savoir-faire au profit des cadres algériens, ce sont ces derniers qui inculquaient le leur aux cadres français. Bien qu'alertés sur cette anomalie flagrante, les responsables du groupe allemand n'ont pas réagi. Apparemment, ils croyaient qu'ils étaient en terrain conquis et qu'ils pouvaient faire ce qu'ils voulaient y compris en utilisant des compétences algériennes supervisées par des étrangers incompétents.» A combien s'élève le préjudice financier ? Nos sources ont éludé la question, se limitant à dire qu'il est important et qu'il poussera certainement Gelsenwasser a faire appel à son cabinet d'avocats pour éviter une condamnation aux dépens. En attendant, ce sont des cadres algériens qui, sous la houlette de Rachid Mokrani, directeur général, ont pris en main les destinées de la Seata. Ce cadre dirigeant qui a déjà démontré ses compétences à la tête de l'Office national de l'assainissement qu'il a réussi à mettre sur rail avant d'être désigné à Annaba. Aussitôt installé dans ses fonctions, il a réussi à récupérer plusieurs voitures grosses cylindrées neuves propriétés de la Seata.