La Banque d'Algérie prévoit l'adoption d'une nouvelle réglementation relative à la gestion du risque de liquidité. C'est en «phase avec les nouvelles normes en la matière du Comité de Bâle» que la Banque d'Algérie prévoit, selon Mohamed Laksaci «de soumettre, avant la fin 2010, une réglementation en matière de gestion du risque de liquidité.» Aux P-DG et membres de la Commission bancaire qu'il a réunis, hier au siège de la Banque d'Algérie, le gouverneur de la Banque d'Algérie a fait savoir que «la liquidité bancaire qui avait baissé en janvier et février et augmenté au cours des trois mois suivants, s'est située à la fin juin 2010, à un niveau comparable à celui de fin décembre 2009.» Il souligne que la Banque d'Algérie a continué à absorber l'excès de cette liquidité bancaire «par des opérations de reprise de liquidité dont le montant est resté sans changement par rapport à l'année 2009 (1.100 milliards de DA).» La Banque d'Algérie a, en parallèle, laissé aux banques, selon son gouverneur, «l'initiative de placer leur dépôt en facilité de dépôts rémunérés.» Des dépôts qui ont atteint 829 milliards de DA, à fin juin 2010 contre 1.022 milliards de DA, à fin décembre 2009. Les banques sont, cependant, habilitées à garder un volet plus important de réserves libres en comptes courants. Selon Laksaci, «les taux d'intervention de la Banque d'Algérie, au cours du premier semestre de cette année, n'ont pas connu de modification; les tensions inflationnistes s'amenuisant dans une certaine mesure. Il note par ailleurs, que l'inflation mesurée par l'évolution en moyenne annuelle de l'indice des prix à la consommation du Grand Alger, se situe à 5,41% en juin 2010, contre 5,74 en décembre 2009. «Si la hausse annuelle moyenne de l'indice, hors produits alimentaires, reste relativement limitée (3,23%), la forte hausse des prix des produits alimentaires (8,08%) porte plus particulièrement sur les produits frais (légumes, fruits, viandes ) (11,35%),» a-t-il indiqué. Ce qui oblige le gouverneur à souligner que ces fortes hausses des prix «confirme l'acuité de l'inflation endogène en Algérie, à partir de 2009.» Légère baisse des importations Au-delà de cette poussée inflationniste que les économistes identifient comme structurelle et jugent inquiétante, le gouverneur de la Banque d'Algérie affirme que «les indicateurs macroéconomiques du premier semestre 2010, augurent des performances meilleures (par rapport à 2009) en contexte de reprise fragile de léconomie mondiale, tirée par une forte reprise dans les économies émergentes, et de volatilité des marchés financiers internationaux.» Volatilité qui, a-t-il indiqué «est liée à la crise de la dette souveraine en Europe dont l'acuité a émergé en avril et mai 2010. » Il a aussi expliqué que «ce nouveau type de crise financière s'est vite conjugué avec une volatilité accrue sur les marchés des changes.» Crises et volatilités apparemment sans effet négatif majeur sur les finances internes du pays puisque Laksaci qualifie le cadre macroéconomique de «stable et en consolidation, même si les agrégats monétaires progressent à des rythmes accrus comparativement à ceux de l'année 2009.» Au titre de l'évolution de la situation de la balance des paiements extérieurs au cours du 1er semestre 2010, il est fait état d'un solde global «positif et appréciable» en situation de compte courant extérieur excédentaire (7,1 milliards de dollars).» Une évolution favorable qui est ancrée en évidence, sur une augmentation des exportations des hydrocarbures équivalant selon Laksaci, à 27,61 milliards de dollars au premier semestre 2010), (soit 38,31%), en hausse par rapport à la même période de 2009, «année du choc externe», où elles ont atteint seulement 7,65 milliards de dollars Le prix moyen du baril de pétrole brut s'est situé, a-t-il rappelé, à 77,50 dollars contre 52,23 dollars pour le 1er semestre 2009. Ce qui a tiré la fiscalité pétrolière vers le haut (21,1%). Il souligne que les quantités exportées par l'Algérie n'ont pas beaucoup évolué. «Elles se stabilisent relativement (1,65%) par rapport à leur niveau, au cours de la même période de 2009,» a-t-il dit ajoutant que «cette fois-ci, ce sont les quantités exportées par les associés qui sont en baisse.» Au 1er semestre 2010, les importations de biens et services ont affiché une légère baisse (-1,5%). Baisse conjuguée à l'effet de celles des importations de biens (-5%) et de la hausse des importations des services -techniques en particulier- (11,8%). » La structure des importations repose sur une diminution des importations des produits alimentaires (-10,9%), les autres biens de consommation (-30,4%), les demi-produits (-7,2%) et les biens d'équipements industriels (-6,5%). Laksaci explique le recul «conjoncturel des importations de biens d'équipements par le ralentissement de la réalisation des investissements de Sonatrach. L'effet Sonatrach Les réserves officielles de change s'élèvent à fin juin 2010 à 146, 229 milliards équivalent dollars (hors les avoirs en DTS évalués à 1,591 milliard équivalent dollars.) Le niveau de la dette extérieure se situe «autour de 4 milliards de dollars », confirmant, dit Laksaci, «la solidité de la position financière extérieure de l'Algérie exprimée par l'excédent global de la balance des paiements (5,77 milliards de dollars). » Ce qui témoigne aussi, ajoute-il «de sa résilience en contexte de chocs financiers inhérents aux risques à la hausse pour la zone euro, au second trimestre 2010.» La Banque d'Algérie, fait-il savoir «a poursuivi la stabilisation du taux de change effectif réel du dinar, sachant l'amenuisement relatif du différentiel d'inflation à fin juin 2010, par rapport à la fin de l'année passée.» Le tout permet, selon lui, «de poursuivre de manière résolue, le programme d'investissements publics, à mesure que les épargnes financières accumulées par le Trésor sont confortées au premier semestre 2010.» Dans le chapitre des finances publiques, le solde global du Trésor est «quasi équilibré (grâce notamment à la hausse de la fiscalité pétrolière) au 1er semestre 2010 (-61,6 milliards DA) par rapport à l'important déficit du 1er semestre 2009 (-228,7 milliards DA). » Il est noté une progression des décaissements des dépenses courantes «pendant que le profil de décaissement des dépenses d'équipement se stabilise.» En parallèle, il est indiqué un accroissement de la masse monétaire (au sens le plus large) de 5,61%. «Cette évolution est due à l'accroissement de dépôts dans les banques de 3,24%, ceux à terme de 4,91% et ceux de la circulation fiduciaire de 6,87%, » indique Laksaci. Les CCP et le Trésor ont, eux, enregistré «une hausse plus importante (21,39%).» Le flux de dépôts dans les banques (hors Banque d'Algérie) est estimé à 180 milliards de DA dont celui de Sonatrach (88,1 milliards de DA. Laksaci souligne que «l'accroissement relativement élevé des dépôts du secteur des hydrocarbures au cours du 1er semestre 2010 est dû partiellement à la hausse des prix des hydrocarbures exportés, au rapatriement partiel des actifs financiers de Sonatrach à l'étranger ainsi qu'au ralentissement de ses investissements par autofinancement.» Les crédits distribués ont accru de 9,35% «en raison du rachat par le Trésor de créances bancaires non performantes pour un montant de 208,56 milliards de DA.» Les financements bancaires ont plus bénéficié, selon le gouverneur, au secteur public (55,71%) alors que les entreprises privées et les ménages ont eu ensemble pour 44,29% de crédits «avec une offre de crédit accrue par les banques privées.»