Les produits cinématographiques du réseau de femmes cinéastes palestiniennes «Shashat» (écrans) ont été projetés, lundi à Alger, dans le cadre d'un hommage rendu aux réalisatrices et au cinéma palestinien par le deuxième Festival international du cinéma d'Alger (Fica). La Palestine étant l'invité d'honneur de cette édition, six courts métrages, entre fictions, documentaires et docufictions, réalisés par des cinéastes palestiniennes formées et assistées par le réseau «Shashat» ont été présentés au public. Le court métrage documentaire «If they take it» (si ils le prennent) de Liali Killani, a beaucoup ému le public par l'interview d'une grand-mère palestinienne qui tient à défendre sa maison et ses terres. Située en «Zone c» sous contrôle de l'armée israélienne, la maison et ses occupants n'ont cessé de subir les attaques de l'armée et de civils israéliens depuis plus de 30 ans, et la réalisatrice a réussi à obtenir, en plus des témoignages poignants des propriétaires, des images d'une attaque ciblant la maison et les plantations d'oliviers avoisinantes. Le public a également salué le côté créatif du docufiction de «On air» de la réalisatrice Ghada Terawi qui a rassemblé des images d'archives de chaînes documentaire pour présenter à l'écran, le scénario de l'unification de la Palestine et d'Israël sous la même bannière tout en mettant en scène des élections présidentielles à laquelle se présentaient le défunt leader palestinien Yasser Arafat et Ariel Sharon, ancien Premier ministre israélien. Les quatre autres œuvres sont des courts métrages de fiction traitant de problèmes de la société palestinienne tels que le boycott de produits israéliens, vu comme un principe fondamental de l'éducation des enfants palestiniens, dans «Fruty dreams» (rêves fruités) de Laila Abbas ou les mariages arrangés dans «Forgotten flowers» (fleurs oubliées) de Salam Kanaân. «Shashat», révélateur de cinéastes palestiniennes Le réseau «Shashat» œuvre depuis sept ans à former, financer et assister des talents cinématographiques féminins émergeants partout en Palestine, afin de permettre aux palestiniennes de raconter leurs histoires et leurs rapports à la résistance et aux traumatismes de la femme palestinienne. Le réseau a aussi créé le Festival du film féminin «Shashat» en Palestine, le plus long dans le mode arabe, inauguré le 21 septembre et qui se poursuit jusqu'au 15 décembre à Ramallah et divers endroits de la Cisjordanie et de la bande de Ghaza sous le slogan : «Je suis une femme de Palestine». Les principaux objectifs de «Shashat» se résument dans le développement du secteur cinématographique et de la culture du cinéma en Palestine, créer des cinémathèques dans plusieurs villes et créer un débat autour de l'analyse de l'image véhiculée par les médias et le cinéma. Abdessalem Chahada, cinéaste et formateur du réseau qui représentait «Shashat» lors du Fica, a déclaré à l'APS que le plus important dans ce festival et dans le réseau est de «donner aux cinéastes palestiniennes, formées dans ce cadre, un visibilité en Palestine et à l'étranger». Introduire ces œuvres dans les foyers palestiniens est aussi un acquis de cette initiative qui veut créer le débat autour des œuvres produites, a précisé Abdessalem Chahada. Echapper au «monopole israélien sur l'image ainsi que sur le matériel de tournage et les moyens de production» est aux yeux du cinéaste le plus grand accomplissement du réseau «Shashat» réalisé grâce à des sources de financement européennes et palestiniennes qui permettent aujourd'hui aux cinéastes palestiniennes de produire avec des moyens palestiniens. La production du réseau se focalise actuellement sur les courts métrages en raison des «coûts qui sont encore plus élevés en Palestine et surtout dans la bande de Ghaza où les déplacement et le tournage sont laborieux», a précisé Abdessalem Chahada en ajoutant que cette stratégie permet aussi à un plus grand nombre de cinéastes de s'exprimer. La deuxième édition du Festival international du cinéma d'Alger (Fica), dédié au film engagé qui se tient depuis jeudi, se poursuivra jusqu'au 13 décembre à la salle de la cinémathèque algérienne (section documentaire), la salle Ibn Zaedoun (section long métrage de fiction) ainsi qu'au cercle Frantz Fanon qui abritera les rencontres et les tables rondes prévues.