Les manifestants pro-pouvoir et ceux de l'opposition se sont donné rendez-vous dans les rues de la capitale et dans plusieurs autres villes égyptiennes pour une véritable démonstration de force. Le pire est à craindre, les Egyptiens retiennent encore une fois leur souffle. Le bal a été ouvert à l'aube où neuf personnes ont été blessées par balles à la suite d'une incursion d'individus encagoulés qui ont ouvert le feu sur des manifestants campant sur la place Tahrir. Selon des témoins, les assaillants ont lancé des cocktails Molotov qui ont provoqué le début d'un petit incendie avant de tirer des coups de feu dans le tas, ont ajouté ces témoins. Les manifestants, réveillés par le bruit, ont répliqué en scandant des slogans hostiles au président égyptien Mohamed Morsi et ont chanté «le peuple veut la chute du régime». La gauche, les libéraux et d'autres groupes de l'opposition en Egypte avaient appelé à des marches hier après-midi vers le palais présidentiel dans le quartier d'Héliopolis au Caire. De leur côté, les islamistes appellent leurs partisans à se mobiliser «par millions» pour exprimer leur soutien au président Mohamed Morsi. Ces deux manifestations qui opposeront partisans et adversaires du projet de nouvelle Constitution voulue par le président égyptien raniment au centre du Caire la crainte d'affrontements meurtriers semblables à ceux survenus la semaine passée en Egypte. Les opposants aux récentes décisions prises par Mohamed Morsi dénoncent la procédure référendaire organisée, selon eux, à la hâte et qui doit avoir lieu samedi. Ils font valoir que le texte enfermerait le pays dans un corset religieux. Les islamistes, qui dominent l'assemblée constituante chargée de la rédaction de la loi fondamentale, estiment pour leur part être en mesure de remporter cette consultation populaire. Les affrontements en partisans des Frères musulmans et opposants à Mohamed Morsi, issu de cette formation, ont déjà fait sept morts et plusieurs centaines de blessés la semaine passée. La Garde républicaine a dû intervenir pour assurer la sécurité du palais présidentiel assiégé par les opposants au chef de l'Etat. Celui-ci est accusé de se comporter de manière autocratique après avoir élargi ses prérogatives par simple décret le 22 novembre. Le texte contesté a depuis été annulé par Mohamed Morsi dans un geste d'apaisement adressé à ses adversaires. Au moment où nous mettons sous presse des milliers de manifestants prennent la direction du palais présidentiel, scandant des chants anti-islamistes. D'autres manifestations menées par des radicaux s'organisent et crient «Vaincre ou Mourir». C'est un véritable duel qui sera livré dans les rues, le pire est à craindre.