La tension ne baisse pas en Egypte. Les opposants au président Mohamed Morsi se retrouvent de plus en plus dans des confrontations directes dans les rues avec les Frères musulmans qui mobilisent leurs troupes. Des affrontements ont eu lieu, hier, devant le palais présidentiel entre partisans et adversaires du chef de l'Etat égyptien, Mohamed Morsi. La crise politique déclenchée par l'ukase de Morsi qui s'est octroyé tous les pouvoirs et a décidé d'un passage en force pour faire passer la Constitution par voie référendaire le 15 décembre s'aggrave. Il y a un réel risque de dérapage vers des violences qui ne peut qu'être nuisible à l'Egypte. Dans ce bras de fer, on ne peut accuser les opposants provenant de courants différents de faire dans le maximalisme, le problème réside plus largement dans le tournant autoritaire pris par le président Mohamed Morsi. Celui qui était considéré comme un candidat d'appoint des Frères musulmans - une roue de secours, selon la formule consacrée - semble avoir des priorités partisanes qui supplantent les impératifs de sa fonction. Il cherche davantage à prouver à son camp, islamiste, qu'il est apte à la tâche à mener une transition ordonnée de concert avec l'ensemble des Egyptiens. La crise politique actuelle n'est pas le fruit d'une «mauvaise foi» des opposants. Et même si ces derniers n'arriveront pas à entraver le rouleau compresseur qui mène vers l'organisation du référendum, ils ont manifesté avec suffisamment d'éclat leur rejet pour que cela reste sans écho. C'est cette grande résistance d'une bonne partie des Egyptiens qui est l'événement majeur de cette crise. Elle apporte un démenti à ceux qui considèrent que les islamistes peuvent, en instrumentalisant la religion, désarmer la vigilance et la combativité de la société. Il ne s'agit pas de nier le poids, réel, des islamistes, mais bel et bien de ne pas accepter un retour aux pratiques autoritaires. Jusqu'à présent, les tensions politiques qui montent depuis une dizaine de jours ont été contenues dans des limites pacifiques. Il faut espérer qu'elles le demeureront mais les affrontements d'hier font craindre le pire. Le président Mohamed Morsi s'est trop engagé pour reculer et il va donc aller jusqu'au bout du processus. Les opposants, des organisations de gauche et des libéraux, ne peuvent non plus baisser les bras. Ils continueront à manifester leur opposition à la tentation «tyrannique » car il faut bien que ceux qui sont «contre » s'expriment et montrent que le temps de l'unanimisme est révolu. CES DEUX POSITIONS FERMES POURRONT-ELLES ETRE TENUES SANS QUE L'EGYPTE BASCULE DANS LES VIOLENCES ? IL FAUT BIEN SUR L'ESPERER CAR LA VIOLENCE NE DEBOUCHE PRESQUE JAMAIS SUR DES ISSUES VIABLES. IL Y A DEJA DEUX LEÇONS A TIRER DE CE BRAS DE FER. LA PREMIERE EST QU'AU SEIN DE LA SOCIETE EGYPTIENNE DES MILITANTS QUI ONT COMBATTU L'AUTORITARISME DE MOUBARAK N'ONT PAS DESERTE LE TERRAIN ET ILS SE BATTENT POUR QU'IL NE SE RECOMPOSE PAS SOUS UNE AUTRE FORME. LA SECONDE EST POUR MOHAMED MORSI: QUAND ON EST PRESIDENT, ON NE DOIT PAS RENONCER A SES CONVICTIONS. PAR CONTRE, ON DOIT NECESSAIREMENT DEPASSER SA VISION PARTISANE ETRIQUEE. OR, LES DERNIERES ACTIONS DE MORSI SONT TOTALEMENT PARTISANES ET DIVISENT AU LIEU DE RASSEMBLER POUR AVANCER. IL EST DE CE FAIT LE PREMIER RESPONSABLE D'UNE EVENTUELLE MAUVAISE TOURNURE