François Hollande a affirmé, à Bruxelles, à l'issue du sommet européen, «qu'il discuterait de tous les sujets» avec son homologue algérien. Le chef de l'Etat français, qui sera, mercredi à Alger, compte évoquer l'enquête de l'assassinat des moines de Tibhirine, car sollicité par l'avocat des parties civiles pour l'exécution de la commission rogatoire, demandée par le juge, chargé de l'affaire. La question qui se pose d'elle-même : est-ce que parmi les sujets qui seront évoqués lors de ces entretiens avec le président Bouteflika, le président français osera-t-il traduire la repentance de la France des crimes coloniaux commis en Algérie depuis plus d'un siècle d'occupation ? Rappelant, au passage, que la reconnaissance des crimes de la France a été l'une des promesses électorales de Hollande lors de sa campagne présidentielle. La la visite de Hollande a provoqué un grand bouillonnement au sein de la classe politique algérienne. Après les déclarations officielles de Chérif Abbas, ministre des Moudjahiddine et de Farouk Ksentini, président de la CNCPPDH, lesquels ont demandé «une reconnaissance franche de la part de la France pour ses crimes perpétrés en Algérie», voici le tour à des formations politiques qui ont signé ce vendredi, une déclaration commune dans laquelle ils ont exigé de l'Etat français une repentance des crimes commis durant 132 ans d'occupation. Signée entre autres par le MSP, El-Islah, Ennahda et le RPR, la déclaration a été adressée au président Bouteflika, lui demandant de défendre cette «revendication du peuple algérien» et demander des «excuses officielles» pour tout ce qu'avait enduré le peuple algérien sous l'occupation française. A titre d'information, la première mouture de loi criminalisant la colonisation française a été rejetée par l'APN. Les 14 partis politiques signataires ont conditionné l'amélioration des relations entre les deux pays par «la nécessaire reconnaissance, le pardon et réparation», affirmant que les «crimes contre l'humanité commis en Algérie sont imprescriptibles». Les signataires s'opposent fortement au retour des harkis et des pieds-noirs en Algérie et refusent qu'ils figurent dans la délégation officielle qui accompagnera M. Hollande. Ils ont dénoncé la fuite en avant de la France qui «refuse d'assumer son lourd passé colonial». Ces partis s'insurgent également contre l'ouverture du dossier de l'indemnisation des pieds-noirs pour leurs biens laissés en Algérie. Ils ont par ailleurs, invité la France à «cesser sa politique provocatrice» dans la région du Sahel et à «aider les pays de la région à régler le conflit malien à travers le dialogue». Pour ce qui est de la question des archives, les signataires exigent de la France leur restitution. La question du racisme et de la maltraitance des ressortissants algériens en France, a été évoquée, demandant au chef de l'Etat «d'ouvrir ce dossier avec la partie française».