Le nord du Mali est devenu en 2012 un sanctuaire pour les groupes islamistes armés liés à Al-Qaïda qui l'occupent totalement en y appliquant la charia (loi islamique), une menace directe pour l'Afrique et l'Europe, qui se disent prêts à y intervenir militairement avec l'aval de l'ONU. Cette poussée des islamistes d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) au Mali contraste avec les échecs successifs enregistrés en Somalie par les islamistes Shebab, chassés en août 2011 de Mogadiscio et qui ont enregistré depuis une série de débâcles. La descente aux enfers du Mali a débuté mi-janvier par une offensive dans le Nord des rebelles touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), alliés aux islamistes: les Touareg, qui s'estiment délaissés depuis des décennies par le pouvoir central à Bamako, entendaient devenir maîtres de leur destin. Mais un coup d'Etat mené le 22 mars contre le président Amadou Toumani Touré par un obscur capitaine de l'armée, Amadou Haya Sanogo, pour en finir avec «l'impuissance» face à cette offensive, a profité aux groupes islamistes armés, dont Aqmi. La branche maghrébine d'Al-Qaïda, que le président Toumani Touré avait laissé s'implanter au milieu des années 2000 dans le Nord, permettant à ce vaste territoire de devenir progressivement une zone de non-droit propice à tous les trafics, a pris en quelques jours le contrôle des capitales des trois régions formant cette vaste zone: Tombouctou, Gao et Kidal. Le MNLA a été totalement évincé fin juin du nord du Mali - soit les deux tiers de son territoire - par Aqmi et ses alliés du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) et Ansar Dine (Défenseurs de l'islam). Ils en sont devenus les maîtres absolus, y imposant avec rigueur la charia : lapidations, amputations, coups de fouet à l'encontre des couples non mariés, des fumeurs, des buveurs d'alcool et autres «déviants» selon eux, arrestation de femmes non voilées, destruction de monuments religieux, dont des mausolées de saints musulmans classés au patrimoine de l'humanité. L'avancée fulgurante des islamistes, favorisée par l'arrivée massive en 2011 d'armes lourdes venant de Libye et la faiblesse de l'armée malienne, a suscité l'inquiétude grandissante des voisins ouest-africains du Mali, de l'Union africaine (UA), de l'Europe et des Etats-Unis. L'occupation du Nord, couplée à la sécheresse au Sahel, a provoqué un exode massif de quelque 400 000 personnes vers le sud du Mali et les pays voisins.