Le problème du médicament est pratiquement posé depuis des décennies que ce soit pour son achat, sa gestion, sa disponibilité, sa prescription, ses effets, ses indications, que ses contre-indications et surtout son contrôle. Mais aussi absurde que cela puisse paraître, aujourd'hui, tous ces éléments ne sont rien à côté du triste sort qui est réservé au médicament. Et de quel médicament ? Celui qui est acheté par le ministère de la Santé sur son propre budget pour soigner les malades nécessiteux, ceux qui n'ont pas les moyens de se faire soigner chez le privé, ceux qui n'ont pas d'autre choix que de s'adresser à l'hôpital public, ceux qui sont admis en urgence et dont l'état de santé nécessite des soins immédiats. Si dans la plupart des établissements hospitaliers, l'accueil et la prise en charge des patients se déroulent conformément à l'éthique propre à la profession, malheureusement, force est de constater que des brebis galeuses continuent de ternir par leur comportement l'image des professionnels de la santé. Le détournement de produits médicamenteux hospitaliers est venu nous interpeller sur les drames, les arnaques, les magouilles qui portent des coups durs aux ressources et à la gestion de certains établissements hospitaliers. L'hôpital Bouzidi-Lakhdar de Bordj Bou-Arréridj en est un exemple ou plutôt une victime. Les enquêteurs parlent d'un réseau bien structuré composé d'employés de cet hôpital qui détournaient des produits médicamenteux de l'hôpital. Jeudi dernier, le juge d'instruction près le tribunal de Bordj Bou Arréridj à placé sous contrôle judiciaire N. B., 58 ans, coordinateur paramédical, et M. A., chef du service de la pharmacie centrale et 8 autres accusés : Z. T., 64 ans, infirmier qualifié, H. M., 41 ans, infirmier qualifié, Kh. Dj., 31 ans, médecin généraliste, A. S., 38 ans, agent de sécurité, L. Ch., 26 ans, employé à la pharmacie centrale, M. M., 46 ans, infirmier, Kh. S., 47 ans, infirmier, et G. K., 44 ans, infirmier, ont été laissés en liberté provisoire. La direction de l'hôpital a été obligée de déposée une plainte après avoir découvert des manques dans les médicaments à la pharmacie centrale. Les enquêteurs de la brigade économique de la PJ de Bordj Bou Arréridj, chargée de l'affaire, ont pu dévoiler dans un premier temps un détournement de 4 flacons de médicament de type Flocon 08 qui est utilisé pour soigner les hémophiles. L'enquête approfondie a fait sortir un manque injustifié entre le 1er janvier 2012 et le 21 novembre 2012 de pas moins 105 flacons du même produit pour un montant de pas moins de 1 471 825 DA. Notons que le jour de la perquisition dans la pharmacie centrale de l'hôpital, les enquêteurs ont découvert 2 autres flacons manquant en comparant le registre et le réfrigérateur où le médicament est stocké. L'avidité, la malhonnêteté, le manque de discernement l'irresponsabilité et l'abus de confiance sont autant de facteurs à la base du détournement de ces produits médicamenteux achetés avec l'argent du contribuable pour soigner les malades et qui sont écoulés ailleurs. L'heure est à la vigilance. Les voleurs de médicaments, ce n'est pas ce qui manque, ceux qui sont épinglés, condamnés et écroués n'ont que ce qu'ils méritent, mais à côté il y a ceux qui agissent dans l'ombre, dans une opacité totale, ceux qui masquent leurs méfaits derrière des situations qui leur permettent d'échapper en toute impunité aux contrôles et autres enquêtes.