Intervenant au sujet du conflit malien, le ministre des Affaires étrangères russe a indiqué que la France est en train de combattre au Mali ceux qu'elle avait armés en Libye. Des centaines de terroristes qui ont combattu le régime de Kadhafi se trouvent actuellement en Syrie où ils mènent une guerre contre l'état Syrien, a ajouté le ministre russe. A ce sujet, il a appelé les Occidentaux à avoir «une vue d'ensemble» sur la région. «Au Mali, la France lutte contre ceux qu'elle avait armés en Libye contre le régime de Kadhafi en violant l'embargo du Conseil de sécurité de l'ONU», a déclaré M. Lavrov dans une interview à la télévision russe. Les mêmes groupes luttent en Syrie contre le régime du président Bachar Al-Assad, a poursuivi le ministre, au cours du même interview. «Je suis accablé par l'incapacité de nos partenaires d'arrêter de fixer un point sur la carte et d'avoir une vue d'ensemble sur la région», a-t-il poursuivi. La France est intervenue au Mali à la demande des autorités de Bamako à la suite d'une offensive islamiste vers le sud, en janvier. Le nord du Mali est depuis le début de 2012 sous la coupe de groupes armés islamistes, devenant un sanctuaire pour Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). M. Lavrov avait critiqué dans le passé les largages d'armes françaises à la rébellion hostile au régime de Mouammar Kadhafi, dénonçant des «interprétations» abusives de la résolution de l'ONU autorisant le recours à la force pour protéger la population civile. La Russie, membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, s'était abstenue lors d'un vote sur la Libye en mars 2011, qui a permis les frappes internationales contre les forces de Kadhafi, conduisant à la chute du régime. Mais Moscou n'a eu de cesse par la suite de répéter que l'ampleur de l'intervention des avions de l'Otan contre les installations libyennes sortait du cadre de la résolution des Nations unies. Avant l'intervention de l'Otan contre la Libye, l'Algérie a également mis en garde contre cet état de fait qui pourrait profiter aux terroristes islamistes dans la région et surtout à la nébuleuse organisation d'Al-Qaïda. Malheureusement, la voie de l'Algérie, de la Russie et de l'Union africaine n'ont pas été prises en considération et voilà le résultat. Si l'Otan a réussi à faire tomber le pouvoir Libyen, il a également permis à des groupes terroristes de s'emparer des armes larguées par l'armée française et récupérer ceux des forces armées libyennes. L'Otan et surtout la France «version Sarkozy» sont tombés dans le piège du Qatar en s'impliquant dans les affaires intérieures libyennes. Même si M. Kadhafi est accusé d'être un dictateur, la Libye, contrairement à aujourd'hui, n'a jamais été une base arrière pour les organisations terroristes. L'Otan, la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis d'Amérique savaient très bien que le leader de la «révolution libyenne» n'était autre que Belhadj Abdelhakim, alias Abou Abdellah Assadak. Ce dernier est un ancien «Afghan» qui a combattu les soviétiques dans les années 1980 en Afghanistan avant de fonder le groupe islamique combattant en Libye. Belhadj a par la suite vécu au Pakistan, en Turquie et au Soudan. Au cours de l'invasion américaine en Irak, il a combattu aux côtés d'Abou Moussaab Azarkaoui, le responsable d'Al-Qaïda à Bagdad. Cela n'a pas empêché l'Otan et surtout le Qatar de faire de cet émir islamiste un commandant des «thouars» en Libye. Après l'assassinat de Mouammar Kadhafi, l'ex chef-terroriste redevenu pour la circonstance un «héros» grâce au dit «printemps arabe», fut reçu en grande pompe par l'émir du Qatar à Doha. Il était également à la tête des personnalités civiles et militaires qui ont reçu les délégations étrangères à Tripoli. En somme, les pays touchés par le dit «printemps arabe» se trouvent aujourd'hui sous le contrôle des intégristes islamistes et de leurs branches armées. Se ne sont pas seulement les peuples de ces pays qui souffrent de ces sanguinaires mais également les pays limitrophes, à l'exemple du Mali.