L'Egypte coupée en deux. Une partie anti-islamiste, une autre partie pro-islamiste. Ce qui est grave, c'est cette répartition d'adversaires pratiquement moitié-moitié. Les rapports d'opinion sont équilibrés et, en conséquence, les rapports de force devraient l'être également. En réalité, les rapports de force ne peuvent pas être équilibrés du fait que la mouvance islamiste est au pouvoir alors que l'autre est dans l'opposition. Il y a donc sur le plan interne, un problème. Un vrai problème qu'on doit déclarer irrésolvable. Pourquoi irrésolvable ? Parce que les projets portés sont incompatibles. Un projet ne peut monter au pouvoir et se donner les moyens de sa mise en œuvre que si l'autre projet est condamné à mort. Ou les idées que celui-ci porte meurent, ou meurent ceux qui en sont porteurs. C'est l'incompatibilité entre eux qui est source d'instabilité permanente et, également, d'insécurité permanente. Ceux qui veulent prétendre qu'en creusant au centre ils vont promouvoir les valeurs de tolérance sont porteurs d'ambitions de pouvoir et non de programme de réconciliation. Dès lors que de part et d'autre, les convictions sont présentées comme non négociables, les différences se menaceront mutuellement au lieu de se surmonter. Entre l'islamisme et le reste, il ne saurait exister un centre. Il ne s'agit pas d'un champ politique ou d'une version pluraliste occidentale pour qu'on puisse réellement identifier et localiser un centre. Quand on cherche à concilier ce qui, pour le moment, n'est pas conciliable et qu'on dise, par la suite, comme le disent certains, qu'il faudrait tenir la canne par le milieu, on peut dire que les intentions sont louables, mais impuissantes.