La Libye s'enlise. Deux ans après la révolution, le pays est aujourd'hui coupé en cinq zones (Misrata, Barqa, Djebel Nefusa et Zouwara, Zentan, la Zone du Sud avec les Toubous). Les milices constituées par des éléments tribaux disposent chacune de leur propre armée dans les quatre premières zones. A cela il faut ajouter de nombreux conflits tribaux. Ainsi que des populations en déshérence. Que veulent ces milices ? Si dès la fin de la révolte, les «Thowars» ont revendiqué la paternité de la révolution, aujourd'hui, elles entendent assurer leur mainmise sur les villes, les quartiers et les édifices publics conquis par la force des armes. Cette mainmise, notamment sur les bâtiments ministériels ou lieux stratégiques (les aéroports, les bases militaires, les casernes militaires et les commissariats de police...) ont amené ces milices à avoir une emprise directe sur les politiques libyens. En outre, certaines milices ont tenté l'aventure politique. C'est le cas des milices de Abdulhakim Bel Haj qui a constitué son propre parti, «El Watan», lors des élections de juillet 2012. Il n'a obtenu aucun siège via les purges orchestrées notamment par la Haute commission pour l'intégrité et le patriotisme (HCIP) - bientôt remplacée par un comité d' «isolation» -, principalement constituée d'islamistes. Les milices, notamment islamistes, ont par ailleurs réussi à pénétrer dans les administrations et les entreprises nationales. Cette mainmise risque à long terme, si rien n'est fait pour freiner les velléités du Qatar et de l'Arabie Saoudite qui financent les mouvements islamistes, d'entraîner une forme d'exclusion nouvelle en Libye, l'attribution des postes sur une base tribalo-religieuse.