Des négociations étaient en cours jeudi pour obtenir la libération de 21 observateurs philippins de l'ONU capturés par les rebelles en Syrie, où l'armée tentait de reprendre Raqa, la première grande ville à être tombée entièrement mercredi aux mains des insurgés. Dans le premier rapt du genre depuis le début du conflit il y a près de deux ans, des rebelles ont enlevé 21 observateurs philippins de la Force de l'ONU chargée depuis 1974 de faire respecter un cessez-le-feu entre Israël et la Syrie sur le plateau du Golan (sud), occupé en grande partie par l'Etat hébreu. Les responsables de la Force de l'observation du désengagement sur le Golan (Fnuod) ont engagé des négociations pour libérer les observateurs, capturés près de Jamla, à la limite du Golan, selon Manille et l'ONU. La Brigade des martyrs de Yarmouk, le groupe rebelle qui les détient, a affirmé à l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) qu'il exigeait, pour les libérer, le retrait de l'armée de Jamla, situé à 1,5 km de la ligne de cessez-le-feu. Dans un communiqué diffusé plus tard par Site, un centre américain de surveillance de sites islamistes, le groupe indique que les observateurs de l'ONU ont été «sauvés des bombardements» du régime, et qu'ils sont «sous notre protection jusqu'à ce que nous les conduisions dans des zones sûres». Il appelle l'ONU à envoyer une équipe à laquelle ils seront remis. Le groupe diffuse en outre quatre vidéos sur laquelle apparaissent des observateurs de l'ONU. L'une d'elles en montre trois portant une veste bleue dont un affirme que l'Armée syrienne libre (l'armée rebelle) les traite bien, et qu'ils ne peuvent rentrer chez eux à cause des bombardements du régime. Le porte-parole de l'ONU Martin Nesirky a affirmé que la Fnuod avait été «en contact avec eux par téléphone et confirmé qu'ils n'ont pas été maltraités». Une autre vidéo, diffusée également par l'OSDH, montre six observateurs en habit militaire, assis les uns à côté des autres, avec un homme se présentant comme membre du bataillon philippin. La représentante de l'UE pour les Affaires étrangères, Catherine Ashton, a exigé leur libération «immédiate et sans condition». Dans le nord-est du pays, Raqa, première capitale provinciale à tomber aux mains des rebelles depuis le début du conflit, a été la cible de nouveaux raids de l'aviation, selon l'OSDH. D'après le quotidien officiel, Al-Watan, «de nombreux corps de terroristes», mot utilisé par Damas pour désigner les rebelles, «gisent sur les bords des routes après avoir été visés par l'armée de l'air». Il a reconnu que «plusieurs quartiers sont tombés», mais «pas la ville» en entier. Les violences ont fait jeudi dans le pays 126 morts, dont 27 civils, 59 rebelles et 40 soldats selon un bilan provisoire de l'OSDH. Alors que le conflit a fait en deux ans plus de 70 000 morts, un million de réfugiés, dont une moitié d'enfants, et des millions de déplacés, l'ONG Médecins sans frontières (MSF) a qualifié la situation humanitaire de «catastrophique et l'aide apportée dérisoire au regard des besoins». L'ONG s'en est pris notamment au régime de Bachar al-Assad qui cible, selon elle, les structures de santé et empêche l'envoi d'aide dans de vastes zones du pays, mais aussi aux institutions internationales pour leur pusillanimité. Alors qu'aucune issue au conflit ne semble en vue en raison de la division de la communauté internationale, le chef de la Coalition de l'opposition Ahmed Moaz al-Khatib a adressé une lettre aux secrétaires généraux de l'ONU, de la Ligue arabe et l'Organisation de la coopération islamique (OCI) pour dénoncer le «»génocide» du peuple syrien (...) perpétré au su et au vu du monde». Sur le plan politique, la formation d'un gouvernement provisoire sera à l'ordre du jour d'une réunion de l'opposition mardi à Istanbul, selon des membres de la Coalition.