Le professeur Rachid Hanifi revient dans cet entretien sur les moments forts qui ont marqué son passage au Comité olympique algérien. Il en garde de bons et de mauvais souvenirs, suivez-le... La Nouvelle République : l'assemblée générale du Comité olympique algérien a élu le 16 mars, Berraf Mustapha à la tête de cette instance que vous avez dirigée quatre années durant. Vous la quittait avec certainement un pincement au cœur ou alors, vous vous êtes dis je pars content d'avoir servi le mouvement sportif ou tout simplement content d'avoir acquis une sacrée expérience... Professeur Rachid Hanifi : Je dirais plutôt que je quitte le COA avec une certaine frustration de n'avoir pas pu concrétiser l'ambitieux programme que j'avais présenté avec ma candidature en novembre 2009. J'ai été empêché de travailler, à la fois par les relations tendues avec les responsables du ministère de la Jeunesse et des Sports et l'absence totale d'homogénéité et de complémentarité au sein de l'équipe du comité exécutif du COA. La frustration a été en partie atténuée par la justice rendue, à travers l'élimination de l'ensemble de mes détracteurs, aussi bien au niveau du Comité olympique que de leurs fédérations respectives. Vous avez très certainement rencontré le nouveau président. Qu'est ce que vous vous êtes dit ? J'ai effectivement rencontré Mustapha Berraf avec qui j'avais des rapports amicaux et respectueux. J'ai applaudi après l'annonce des résultats. On a profité d'un moment de répit pour évoquer en aparté, l'état des lieux. D'ailleurs, au retour de Londres, il affichait une ambition de revenir à la tête du COA, ambition légitime. Un candidat à la présidence du COA, comme vous le savez, doit appeler au rassemblement, sans exclusion de la famille sportive. Berraf a été élu avec une majorité significative, il nous appartient de respecter ce choix des membres de l'assemblée générale, et j'ai été le premier à le féliciter, en lui souhaitant plein succès et une grande sérénité pour son mandat. En fait, vous êtes toujours dans ce mouvement sportif via la fonction que vous occupez au CNMS... Effectivement. Je reste dans le mouvement sportif national, au sein duquel, j'active depuis près de 40 années. Je mettrai également l'expérience acquise au service de la promotion du sport pour l'éducation, la prévention de la délinquance et de la santé, surtout que le modernisme, avec le développement de la technologie, aggrave la sédentarité. La pratique sportive est reconnue aujourd'hui par l'OMS, comme l'un des principaux moyens de prévention des maladies chroniques. Dans les couloirs de cette instance, certains parlent d'un passage presque raté. Bien entendu, vous ne pouvez partager cet avis mais alors ? J'ai été le premier à avoir avoué l'échec du mandaté. Un vrai responsable ne doit pas fuir la réalité. J'ai expliqué les raisons de l'échec, liées à une confrontation quasi permanente avec le ministère de la Jeunesse et des Sports, dont les responsables sont restés dans l'esprit de tutelle et non de partenariat. Cette relation s'est répercutée sur la cohésion de l'équipe du comité exécutif, dont l'attitude irresponsable et anti-statutaire de blocage des activités, a sanctionné l'institution et terni son image au niveau international. Il faut rappeler que la crise entre le COA et le MJS ne date pas de mon mandat, mais remonte à celui de Berraf, avec notamment l'implication directe des instances internationales. Il y a eu aussi, les entraves rencontrées, que je qualifierais ici de mésententes avec le MJS et les membres du CE/COA, et ce, par le refus d'octroyer au COA, la subvention de fonctionnement, durant tout le mandat, c'est une des raisons de la difficulté de mettre en application le programme adopté. En voyant l'échec arriver, je ne me sentais plus en mesure, au plan éthique et moral, de postuler pour un second mandat, solliciter un autre mandat, après un échec, même lorsque l'on n'est pas directement responsable, serait indécent. Le combat que je me suis imposé jusqu'au terme légal du mandat, avait pour but de faire prévaloir le respect des statuts et règlements sur la force. Si l'on vous demande de nous évoquer votre parcours au cœur de cette instance durant votre passage, qu'est-ce qui vous a marqué le plus et que vous n'avez, malheureusement pas eu le temps d'achever ? En réalité, je garde de ce mandat, plus une nouvelle expérience de vie qu'un souvenir. Ce qui m'a le plus marqué, et en même temps déçu, c'est le comportement des élus, dont la majorité n'a fourni aucune activité, se contentant de demander des comptes au président. En fait, les membres du comité exécutif n'ont rien compris de la hiérarchie des organes du COA, pourtant bien définie par les textes réglementaires. Ils considèrent leur statut comme supérieur à celui du président. De plus, le conflit entretenu et encouragé par certains responsables du MJS, permettait de cacher leurs grandes insuffisances, aussi bien au niveau du bureau exécutif que de leurs fédérations respectives, les résultats sportifs faisant foi. Evidemment, lorsque l'on se retrouve dans une telle ambiance, il est difficile de travailler, c'est bien dommage car le programme prévu était très ambitieux et intéressant. Les journées Marketing sportif approchent, elles auront lieu les 28 et 29 avril prochain sous le parrainage du ministère de la Jeunesse et des Sports. Dites nous, avez-vous lors de votre mandat évoqué cette question avec les fédérations ? Le marketing est aujourd'hui, une activité indispensable pour la promotion du sport, surtout que nous nous acheminons vers une professionnalisation de sa gestion. J'ai eu le plaisir de participer à la troisième et quatrième journées initiées par RH. International communication, pendant le mandat olympique en cours, et j'ai eu l'opportunité d'intervenir, en mettant l'accent sur la nécessité de respecter les valeurs d'éthique et de morale, surtout lorqu'il s'agit de la recherche de moyens financiers. Le marketing, dans le domaine du sport, doit veiller à ce que ce dernier soit un facteur de cohésion sociale et de rapprochement des populations, il doit permettre également d'attirer les supports financiers, dans le strict respect des valeurs olympiques, ce qui n'est malheureusement pas toujours le cas. Le sport représente aujourd'hui, un vecteur promotionnel très recherché, au point de transformer l'argent en produit dopant. J'ai évoqué, avec les fédérations, la nécessité d'entrevoir une formation spécialisée en gestion et marketing pour leurs cadres gestionnaires, à ce titre, j'avais invité le directeur de l'Institut d'économie et de gestion de Limoges qui a exposé au siège du COA, les domaines de formation de son établissement et manifesté sa disponibilité à prendre en charge la formation de cadres algériens. Malheureusement, il n'y a pas eu de répondant, ni du côté des fédérations, ni de celui du MJS, pourtant l'Institut de Limoges a formé de grandes figures du monde sportif, telles que Laurent Blanc et récemment, Zineddine Zidane. Que peut bien attendre le professeur Hanifi d'un tel rendez-vous ? Des rencontres sur la gestion moderne du sport, en général et le marketing en particulier, peuvent, à la longue, sensibiliser les responsables du secteur à tous les niveaux. Si nous voulons professionnaliser la gestion du sport, il faut bien penser à l'ensemble des domaines concourant à cette nouvelle vision de prise en charge du sport. J'espère que les dirigeants concernés sauront saisir cette opportunité et contribuer à la réussite de l'événement et à la prise en charge des recommandations qui en sortiront.