Dans un entretien accordé à de la Chaîne III de la Radio nationale dont il était l'invité de la rédaction, le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a rappelé que les pays maghrébins sont engagés dans le processus pour la tenue d'un sommet mais, a-t-il souligné, les conditions nécessaires à son succès ne sont pas encore bouclées. Il y a, a-t-il dit, beaucoup de divergences dans les approches d'intégration. Il faut aller plus vite et de façon ordonnée vers cette intégration, a-t-il ajouté. L'Algérie est pour la création d'une communauté économique maghrébine pour développer les capacités de production dans la complémentarité, a-t-il précisé, et ne considère pas que le premier pas doit être la création d'une zone de libre échange. Pour le ministre, la priorité sécuritaire s'impose et il faut la gérer. Il a annoncé, dans ce sens, une réunion des ministres de l'Intérieur de l'UMA, en avril, à Rabat, pour continuer un processus qui est né à Alger en juillet 2012 et à cette occasion, pour la première fois, les ministres des Affaires étrangères avaient débattu d'une question importante, celle de la sécurité. Le ministre a expliqué que l'environnement sécuritaire de l'Algérie est influencé par ce qui se passe au Sahel mais aussi en Libye (circulation des armes) et par la lutte contre le terrorisme et le crime organisé (influence des narcotrafiquants). Les pays de la région et de la sous-région sont d'accord sur la priorité à accorder à la maîtrise des questions sécuritaires, a-t-il fait observer. Sur la situation au Mali, M. Medelci estime que la solution militaire n'est pas la seule solution. Il y a également, a-t-il ajouté, le dialogue annoncé par les autorités maliennes pour la réconciliation nationale et pour tracer les éléments d'une nouvelle base pour le Mali. La vraie priorité du Sahel, qui n'est pas démuni de ressources, est un problème de développement. A propos de la situation sécuritaire après l'attaque du site gazier d'In Amenas, le risque est toujours là, estime le ministre, un travail est fait avec les Libyens et les Tunisiens pour que la gestion de la sécurité aux frontières puisse gagner en effectivité. «Tiguentourine a été une expérience et nous devons en tirer les leçons et la principale leçon est que l'Algérie a les capacités de riposte et que nous devons rester vigilants», a-t-il souligné. Concernant la tournée que mène Christopher Ross dans la région, le ministre a espéré que cela «pourrait constituer une avancée entre les deux protagonistes, le Maroc et le Polisario». Pour M. Medelci, la campagne médiatique marocaine contre l'Algérie est «en contradiction» avec la volonté de l'Algérie et du Maroc «d'aller de l'avant», a-t-il affirmé. «C'est une question (la campagne médiatique contre l'Algérie) que nous avons débattue avec nos frères marocains de manière extrêmement sereine. Nous faisons un constat qu'en effet l'ambiance créée par ces annonces médiatiques, surtout quand elles sont portées par une agence d'Etat, est en contradiction avec la volonté politique de l'Algérie et du Maroc d'aller de l'avant», a-t-il précisé. A propos de l'ouverture des frontières algéro-marocaines, M. Medelci a précisé que cela relève d'une question «bilatérale» et c'est donc, a-t-il dit, «bilatéralement qu'il nous (Algériens et Marocains) faudra trouver le chemin de la solution de cette question». S'agissant du jeune Algérien Islam Khoualed, détenu au Maroc, il a affirmé que «l'Algérie n'a pas l'intention de remettre en cause la souveraineté de la justice marocaine», précisant que c'est à cette dernière de «se prononcer». «Notre rôle à nous est d'exprimer, de manière constante et substantielle, notre solidarité à ce jeune et à sa famille ; nous l'avons fait et nous continuerons de le faire», a-t-il indiqué, tout en souhaitant que «le processus d'appel qui vient d'être introduit (par la famille du jeune Islam) pourra permettre à la justice marocaine de tenir compte de ce qui c'est passé réellement». Il n'est pas dans l'intention de l'Algérie d'en faire une question politique. Le ministre a, par ailleurs, expliqué pourquoi l'Algérie n'a pas été d'accord avec la décision de la Ligue arabe de donner le siège de la Syrie à un groupe de représentants de l'opposition installée à l'étranger et qui mènent une véritable guerre aux autorités en place. Le ministre a fait référence à la Charte de la Ligue arabe pour faire remarquer que l'Algérie ne pouvait pas accompagner une initiative qui visait à faire occuper par «quelque chose », comme il l'a appelé, qui n'est pas un Etat le siège d'un Etat. L'Algérie n'a pas été le seul pays à demander que la Charte soit respectée, a-t-il fait savoir.