Cette réouverture, tant réclamée par Rabat, ne semble pas être pour demain. Le ministre des Affaires étrangères a, en effet, implicitement affirmé, ce lundi matin, que cette décision ne dépend pas uniquement de l'Algérie, mais que le Maroc doit démontrer sa bonne volonté d'aller dans le sens de l'amélioration de ses relations avec notre pays. Ce qui, pour l'heure, est loin d'être le cas. Pour preuve la récente campagne médiatique haineuse orchestrée par l'agence officielle marocaine, MAP. A propos de cette campagne, le ministre des Affaires étrangères a ajouté ce lundi matin sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale : «Nous en avons débattu avec nos frères marocains de manière extrêmement sereine», soulignant que cette campagne coïncide avec la visite en Algérie et dans la région de l'envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies chargé de la question du Sahara occidental, Christopher Ross. Et ce ne sont certainement pas de telles campagnes qui pourraient faire avancer les choses ou précipiter la réouverture des frontières tant réclamée par Rabat. Medelci estime en effet que «la réouverture des frontières algéro-marocaines est une question ‘'bilatérale''» et c'est donc «bilatéralement qu'il faudra trouver le chemin de la solution à cette question». S'agissant toujours du dossier sahraoui, le chef de la diplomatie a «espéré» que ce dossier évolue positivement pour un référendum d'autodétermination. «Je voudrais pouvoir voir dans le maintien de Christopher Ross dans cette nouvelle tournée – précédée d'une autre dans certaines capitales dites amies du Sahara occidental – l'espoir d'une avancée qui pourrait être réalisée entre les deux antagonistes (Maroc et Polisario)», a-t-il noté. «Cela étant, je ne peux anticiper sur les entretiens que nous devrons avoir avec lui à l'occasion de sa visite à Alger». Evoquant le sommet arabe, notre ministre des A.E a indiqué : «Nous sommes engagés sérieusement dans la préparation. Nous sommes bien loin aujourd'hui d'avoir bouclé ce qui nous paraît important de réunir comme conditions pour que ce sommet soit un succès.» Il a, dans ce cadre, rappelé que les cinq pays de l'UMA ont été, de manières différentes, influencés par les mutations en cours à l'exemple de la Tunisie «qui est à la recherche de ses institutions, et également la Libye». «Donc, la tenue d'un sommet dans de telles conditions, me paraît un peu délicate. Nous sommes aussi dans une situation où il y a beaucoup de divergences dans le processus d'intégration. La situation sécuritaire au Maghreb est particulière. Elle fait qu'aujourd'hui du sommet de l'UMA une priorité, mais la priorité sécuritaire s'impose. Les ministres arabes se rencontreront prochainement à Rabat afin de continuer un processus déjà entamé auparavant ici à Alger, en juillet 2012», a soutenu le chef de la diplomatie algérienne. S'agissant de la Syrie, M. Medelci a déclaré : «Nous ne pensons pas que la mission de Lakhdar Brahimi a une chance d'aboutir. Nous espérons qu'elle aboutira. Et nous sommes bien conscients, lui d'abord, de la complexité de la tâche.». Mourad Medelci a rappelé les réserves émises par l'Algérie suite à l'octroi à l'opposition syrienne du siège de la Syrie à la Ligue arabe. «Un siège est octroyé à un pays mais pas à une entité», a-t-il dit soulignant que les décisions prises par une partie des Syriens seulement auront une durée de vie limitée «C'est aux Syriens de se décider et toute décision qui pourrait venir d'une partie des Syriens, et seulement de cette partie – et encore plus, toute décision qui pourrait venir d'une partie des Syriens lorsqu'elle est influencée par des pressions extérieures – risque d'avoir une durée de vie très courte.» «Situation préoccupante au Mali» Au Mali, «la situation est très préoccupante», selon Mourad Medelci. «Nous ne pouvons pas occulter le retour des institutions maliennes vers le Nord mais, en même temps, la solution militaire qui a permis cela ne peut être la meilleure des solutions. Aujourd'hui, dans ce pays, les attentes sont importantes», a estimé le ministre des Affaires étrangères. Ligue arabe : «Un nouveau projet de réforme» «Les efforts pour la réforme de la Ligue arabe ont été déjà engagés en 2005. Il y a eu un pas de plus en 2006. Il se trouve aujourd'hui, que, sous l'égide du nouveau secrétaire général et avec le concours d'experts, à leur tête, Lakhdar Brahimi, nous sommes en train de promouvoir un nouveau projet de réformes», a déclaré Mourad Medelci. Le projet vise, selon lui, essentiellement à démocratiser le fonctionnement de cette institution et la rendre plus efficace compte tenu de la conjoncture actuelle dans le monde arabe. «Ce même projet, dans ses grandes lignes, est écrit mais il n'a pas encore été adopté»,a encore souligné M. Medelci. «La décision de la justice marocaine est souveraine» S'agissant du jeune Algérien, Islam Khoualed, détenu au Maroc pour une accusation d'«agression sexuelle» contre un jeune Marocain, le ministre a affirmé que «l'Algérie n'a pas l'intention de remettre en cause la souveraineté de la justice marocaine», précisant que c'est à cette dernière de «se prononcer». «Notre rôle à nous est d'exprimer, de manière constante et substantielle, notre solidarité à ce jeune et à sa famille et nous l'avons fait et nous continuerons de le faire», a-t-il indiqué, tout en souhaitant que «le processus d'appel qui vient d'être introduit (par la famille du jeune Islam) pourra permettre à la justice marocaine de tenir compte de ce qui s'est passé réellement».