La justice de Batna a condamné, mardi dernier, le promoteur immobilier Djebbar Farouk, auteur d'une escroquerie de 24,5 milliards au détriment de 554 souscripteurs victimes, à une peine de 10 années de prison ferme. L'escroc a été condamné par contumace dès lors qu'il est en fuite et activement recherché par la police judiciaire bien que des indiscrétions non confirmées font état de sa présence en Espagne et des apparitions seraient signalées du côté de Tunis où il rencontrerait périodiquement sa mère qui réside à Batna. Un avocat se rabat sur deux cadres de la Cnep comme «boucs émissaires» Ce hold up grandeur nature aura soulevé à Batna une vaste réprobation qui s'est apitoyée sur le cas des 554 victimes de cette arnaque, souscripteurs pour l'achat sur plans de logements dont ils n'auront jamais les clés. Le verdict de la justice a concerné les proches collaborateurs du promoteur, à savoir son propre comptable qui s'est vu infligé la peine de 4 années de prison outre une amende de 500 000 DA. Quant à l'ex-directeur de la Cnep-Batna, H. F., il a écopé de 6 années de prison, le caissier de 6 mois et le chef du service crédits de 2 années. Cependant, la justice a acquitté le chef de projet et deux secrétaires ayant travaillé chez le principal accusé. La satisfaction du verdict prononcé par la justice se lisait sur le visage de l'avocat d'une partie des victimes, Me Djaafar Mohamed Larbi lequel s'est estimé comblé par l'implication de l'ancien directeur de la Cnep ce qui ouvre, selon lui, la possibilité pour les victimes du promoteur de se constituer partie civile pour récupérer leur argent volé. Mais pour les spécialistes du droit, cette hypothèse n'est pas plausible puisque la justice ne devrait faire de fixation dans ce cas précis que sur le coupable principal de l'escroquerie le promoteur Djebbar Farouk dont la responsabilité personnelle et délictueuse est la seule engagée dans ce dossier. Le promoteur escroc était titulaire d'un compte bancaire de type commercial à la Cnep et de ce fait, il ne pouvait être tenu que seul responsable des transactions qu'il effectuait. C'est pourquoi les observateurs sont pantois devant les sanctions infligées au caissier et au chef de service des crédits de la Cnep dont aucune preuve matérielle et tangible n'a été apportée quant à leur éventuelle implication dans cette escroquerie, conçue et exécutée par le seul titulaire du compte en l'occurrence le promoteur. C'est un titulaire de compte bancaire donc un client de la banque qui a utilisé des transactions sur son compte, sans aucune intervention du caissier et du chef de service crédits, sauf qu'il s'est avéré être un escroc. Les juristes et les hommes des robes noires de Batna soulignent avec force que les préposés de la banque Cnep ne partagent aucune responsabilité de quelque ordre que ce soit avec l'escroc lequel aura abusé de la confiance non pas seulement des 554 souscripteurs-victimes mais aussi de la confiance de la banque Cnep qui, selon certains hommes de droit, aurait dû actionner en justice le promoteur pour abus de confiance et pour préjudices moraux et matériels subis.