A défaut d'arrêter l'escroc et le contraindre au remboursement de toutes ses victimes, il s'est passé autre chose que ce qui est prévu par les textes. Mis à part le cas de l'ex-directeur de la Cnep, le caissier et le chef de service des crédits ne méritaient certainement pas d'être des «boucs émissaires». Sommes-nous encore à l'ère de la fameuse règle mécanique de «mauvaise gestion» ? Réaction unanime chez l'opinion publique locale : «Ce qu'il nous faut au plus vite, c'est l'avènement d'une véritable justice financière gérée par des magistrats et des avocats hautement spécialisés dans les affaires et techniques bancaires, fiscales et financières.» Tous rappellent que lorsqu'un titulaire de compte bancaire opère des retraits, il est dans ce cas-là un donneur d'ordre par rapport aux agents de la banque lesquels doivent s'exécuter selon les règles en usage. En fait, ce procès contre un promoteur immobilier escroc n'avait rien à voir avec son comportement personnel et délictueux, mais il faut reconnaître que certains ont cherché avec succès à cultiver l'amalgame, d'où le fait d'avoir contribué à faire porter le chapeau au caissier et chef de service des crédits de la Cnep, alors que le principal délinquant s'est évaporé dans la nature avec armes et bagages. Quelques jours avant le verdict, la population de Batna apprenait à travers une information du quotidien arabophone Echorouk que des documents se sont égarés après la fin de l'instruction judiciaire. Chez nous, il y a toujours des zones d'ombre dans certaines affaires judiciaires. Mais la justice a dit son mot : 10 années de prison pour le voleur fuyard ou promoteur-escroc de Batna. C'est à présent le travail de recherches de l'inculpé principal, cet ancien gardien d'un parking puis chauffeur de camion qui s'est vu propulser dans la vie des grands grâce à une bonne cagnotte de l'Ansej. En attendant ce que fera Interpol pour la recherche et l'arrestation du promoteur-escroc en fuite, les gens s'inquiètent de plus en plus pour l'avenir de ce pays.