Des familles sont brûlées vives dans leurs maisons, des personnes bombardées alors qu'elles font la queue pour se procurer du pain, des enfants sont torturés, violés et des villes entières réduites à l'état de décombres après deux ans d'un conflit qui a provoqué une catastrophe humanitaire en Syrie, ont estimé jeudi les Nations unies. Ce sombre tableau de la situation, dressé par les plus hauts responsables onusiens chargés des questions humanitaires, a incité le Conseil de sécurité, divisé sur la question syrienne depuis le début du conflit, à une fois n'est pas coutume, parler d'une seule et même voix. Le Conseil de sécurité a ainsi jugé jeudi «totalement inacceptable» l'escalade de la violence dans ce pays et estimé qu'elle devait «cesser immédiatement». Le Conseil de sécurité condamne dans le même temps les importantes violations des droits de l'homme commises par le pouvoir syrien ainsi que toute atteinte aux droits perpétrée par les «groupes armés» (les insurgés). Le Conseil de sécurité estime d'autre part, dans une déclaration non contraignante, qu'il ne devrait y avoir «aucune impunité pour les graves violations du droit humanitaire international et des droits de l'homme». Valerie Amos, secrétaire générale adjointe aux Affaires humanitaires, et le Haut commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Antonio Guterres, avaient déclaré un peu plus tôt devant le Conseil de sécurité qu'un quart des 22 millions d'habitants de la Syrie étaient déplacés par le conflit et que 1,3 million de personnes avaient fui vers des pays voisins. «La situation en Syrie est une catastrophe humanitaire, et ce sont les gens simples qui paient le prix d'un conflit que personne ne parvient à arrêter», a dit Valerie Amos. «Je n'ai pas pu donner de réponse aux Syriens à qui j'ai parlé, qui m'ont demandé pourquoi le monde les avait abandonnés». Antonio Guterres a déclaré que depuis février, en moyenne 8 000 Syriens fuient leur pays chaque jour, et qu'à ce rythme-là, le nombre de réfugiés devrait avoir plus que doublé à la fin de l'année, atteignant alors les 3,5 millions. «Non seulement, c'est effrayant mais cela risque de devenir tout simplement intenable. Il n'existe aucun moyen pour faire face correctement aux besoins humanitaires gigantesques de telles foules», a-t-il dit au Conseil de sécurité. Le Conseil de sécurité n'a jamais pu s'entendre sur des moyens de mettre un terme à ce conflit qui, selon l'ONU, a fait d'ores et déjà plus de 70 000 morts. La Russie, proche alliée du régime de Bachar al Assad, et la Chine ont opposé à plusieurs reprises leur veto aux velléités de condamnations antérieures ou aux tentatives pour imposer des sanctions contre le régime Assad. «Les enfants sont parmi ceux qui souffrent le plus», a dit Amos. «Des enfants ont été assassinés, torturés, soumis à des violences sexuelles. Nombre d'entre eux n'ont rien à manger. Des millions de personnes ont été traumatisées par les horreurs. Ce conflit brutal ébranle non seulement le présent de la Syrie, mais il détruit aussi son avenir», a-t-elle expliqué. Aussi demande-t-elle au Conseil de sécurité de «prendre les mesures nécessaires pour mettre un terme à ce conflit brutal». L'ambassadeur de Syrie à l'ONU, Bachar Dja'afari, a imputé au «terrorisme» et aux sanctions imposées par l'Union européenne, les Etats-Unis et d'autres les maux dont souffre le peuple syrien, et il a accusé certains pays voisins d'empêcher les réfugiés de regagner la Syrie.