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Le sanguinaire «Roger Fleury»
Publié dans La Nouvelle République le 21 - 04 - 2013

Tortionnaire, sanguinaire, psychopathe, dément, raciste d'une trempe particulière, Roger Fleury était tout cela à la fois. Presque cinquante et un ans après, les stigmates qu'il a laissés sont visibles.
Toute guerre produit des fous sanglants, des tortionnaires. Fleury était plus que cela, une cruauté naturelle à la contre guérilla. En 1950, Roger Fleury vient de débarquer de sa Charente Maritime, un centre de la France assez pauvre, cinq ans à peine après la Seconde guerre mondiale. Il y prend sa petite famille et arrive comme simple gendarme à Berrouaghia après un bref passage à Bou-medfa (Aïn-Defla). Il s'entend très bien avec le maire Pergaud qui le ramène à Berrouaghia comme adjudant de la gendarmerie. En face, la guerre est à peine entamée. Les premières cellules du FLN établissent leurs structures politico-militaires. En 1956, la pénétration des djebels est particulièrement sensible dans la région. Roger Fleury n'aura pas perdu son temps. Il installe sa femme, ses deux filles et son garçon à la gendarmerie de Berrouaghia. Dans les caves de l'édifice, il aménage une salle de torture et des cellules. Il a étendu ses connaissances, renforcé ses liaisons avec l'administration coloniale qui laissait faire et laissait agir librement dans une semi clandestinité «la Main rouge» qui rappelle plus d'un siècle. Roger Fleury soigne et développe ses points de chute : à Berrouaghia le maire Pergaud, les colons, des notables de la ville, la DOP (Direction des opérations de pacification), l'armée, une grande partie de l'administration de Médéa, de Ksar El-Boukhari, lui sont acquis. Le monstre tissera sa toile même dans les bas fonds et de la manière la plus vénale. Son ami le commissaire Pierrat, avait sous sa coupe la maison de tolérance de Berrouaghia. Le commissaire et Roger Fleury se partageaient les gains. Il permettait au percepteur d'impôt qui fut élu député à l'assemblée française, de procéder auprès des gens aisés et des commerçants locaux à un véritable racket, c'est généralement 50 000 francs à verser à Roger Fleury. Sa femme ne payait rien au marché, ni les légumes, ni la viande. Lui avalait gratis ses trente anisettes quotidiennes. Nous parlons de ses connaissances, de ses appuis politiques : le député Vigneau avait une ferme dans la région qu'il a transformée en camp de tortures. Ce Vigneau aurait été, au plan politique, son âme damnée. A cette toile d'araignée, il faut ajouter Damiette (Médéa), les fermes Reich, Richard (Berrouaghia), l'entraînement particulier qu'il recevait dans les camps coloniaux de la Main rouge. Il a même fait un saut lors de la bataille d'Alger, sous la recommandation de Vigneau en 1957 avec les légionnaires où il n'a pas fait le coup de feu mais énormément torturé des civils. C'est ivre de sang qu'il reprit service à la gendarmerie de Berrouaghia. Les préceptes de Bigeard et de Massu, basés sur la terreur de la population, ont été appliqués d'une manière aveugle. Sa technique était de semer la terreur, torturer n'importe qui, n'importe où, corrompre le plus possible, impliquer dans les massacres, les notables locaux et surtout procéder à des rafles et torturer, après tuer. Pour cela, il lui fallait une armée, des indicateurs. Selon des militants, ces derniers étaient près de 200 pour apporter la précieuse information à Roger Fleury. Il ne s'est jamais attaqué lors d'un ratissage à des moudjahidine. Il était grand, près de 1,90 m, avait les yeux bleus, il était porté sur l'alcool et les femmes et n'exécutait jamais ses basses œuvres le jour. C'est le soir, ivre, qu'il torturait, il tuait. Il était terrible. Sa grosse dose raciste lui permettait de supporter tout. Il est arrivé à égorger un citoyen avec un couvercle rouillé d'un bidon d'olives, un autre a été tué dans une bouilloire vivant. Il avait sur lui un gros colt, un 11,43 qu'il portait rivé à son ceinturon et s'avançait avec la démarche d'un cow-boy conquérant. Personne ne le regardait dans les yeux et ne marchait sur le même trottoir que lui. Plus douloureux étaient les exemples d'époux qui voyaient leur honneur bafoué, de peur d'être tués. Sa tactique consistait à abattre le plus de personnes, les mutiler et les laisser exposer au vu de tout le monde, pour répandre et maintenir la terreur dans la ville. Ses lieux privilégiés : la sortie ou l'entrée de la ville. Ses informations, il les obtenait grâce à ses indicateurs, son réseau, ou sous la torture. Celle-ci était invariablement l'eau, l'électricité, l'hélicoptère, c'est-à-dire une planche sous les jambes où les mains étaient enchaînées, une autre planche sous la nuque, plus exactement la partie tranchante de la planche sous le bas de la tête pour faire plus souffrir. Des rares rescapés parlèrent longuement des techniques de tortures de Roger Fleury. L'adjudant était très actif, il avait les caves de la gendarmerie, pas très loin, étaient situés les salles du 2e bureau et Haouch El Boussâadi, où on entravait debout contre les piliers du patio des prisonniers, nus en plein janvier sous la neige. Il comprenait très mal qu'on puisse lui reprocher quoique ce soit. Ainsi devant ses excès, des juges du tribunal d'Aïn-Boucif notamment ont estimé trop amples ses massacres et s'étaient rebiffés devant des cas flagrants d'illégalité. Roger Fleury faisait peu cas de tels scrupules. Il pratiquait des tortures dans les salles mêmes des magistrats. Il était le plus fort. Un juge se faisait traiter de «juge fellaga» par Roger Fleury qui avait l'armée et l'administration derrière lui. Il lui arrivait de devancer la justice en détournant les camions chargés de prévenus, en les tuant avant d'arriver au lieu d'incarcération, au vu et au su de tout le monde. C'est ce qui est arrivé notamment aux 8 chouhada de Ksar El-Boukhari. Il arrêtait les gens lors de rafles ou de passages, les dépouillait de leurs biens. La ville de Berrouaghia était devenue son fief, rien ne se faisait, ne se disait sans lui. Tout le monde pensait qu'il était puissant. Il abusait de cette puissance sachant fort bien que l'administration coloniale, les hommes politiques et militaires n'étaient guère regardants sur les moyens employés. La lutte était, petit à petit revenue à Berrouaghia. Pour les autochtones, Roger Fleury était devenu le type du raciste qui représentant la France. L'adjudant était l'objet non seulement de menaces mais aussi d'attentats où trois se sont soldés par un échec. Un de ces lieutenants a fait l'objet de trois actions auxquelles il a échappé, deux d'entre elles ont été particulièrement spectaculaires. L'ALN a tiré dans sa chambre à coucher au bazooka, son lit a été soufflé et incendié mais il a pu en échapper parce qu'il dormait dans la cuisine ! La seconde fois, toute une équipe de patriotes s'était mobilisée pour l'abattre mais grâce à une grande connaissance de l'égorgeur, sa carotide n'a pu être tranchée. Il a pu identifié les auteurs de l'attentat, des gens du village qui ont été arrêtés, affreusement torturés et incarcérés, l'un d'eux Guernina Mohamed (dont actuellement le stade de Berrouaghia porte son nom) s'évada par la suite de la prison de Lambes et tomba quelques mois après au champ d'honneur. De temps à autre, il ouvrait les vasistas des cages à fauves pour montrer à ses enfants les patriotes et leur enjoignait de «cracher sur le FLN». Par zèle un de ses harkis a déclaré qu'il «mangerait du fellaga». Une telle profession est tombée dans l'oreille du sanguinaire Roger Fleury ! Il lui apporta la tête d'un cadavre et la lui offrit pour en manger un morceau, ce que fit le harki. Combien a-t-il tué ? D'anciens torturés et prisonniers parlent de «centaines» de personnes torturées et tuées de ses mains.

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