Le long métrage L'héroïne du réalisateur Cherif Aggoune a été projeté en avant-première, dimanche soir, à la salle Ibn Zeydoun devant une assistance nombreuse. D'une durée de 80 minutes, le long métrage, le premier de Chérif Aggoune, est une production de l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC) et la société Cilia Films. Le film en question revient sur la tragédie de la décennie noire qu'a vécue l'Algérie. L'héroïne n'est autre que l'histoire d'une famille vivant dans un village isolé. Achour, alias Khaled Benaïssa, est propriétaire d'une ferme avec ses deux frères Djelloul et Mourad à Bouguerra, située à quelques kilomètres d'Alger. Achour meurt dans un accrochage entres terroristes et forces de l'ordre mais le malheur de Houria ne vient que commencer. Quelques jours après ce terrible malheur, Djelloul se fait raquetter malgré lui par les terroristes. Las d'être dilapidé par ces sanguinaires, il décidé de monter une cabale contre ces ennemis jurés et ce, avec l'aide des villageois. Tout le village est armé jusqu'aux dents. Par une nuit hivernale, les terroristes décident de venir pour faire instaurer l'ordre. Les images s'entremêlent pour laisser place à des séquences montrant uniquement des bras. Point de visages humains.Une attaque des plus sanglantes est alors à l'honneur. Deux femmes font l'objet d'un kidnapping. La maman et les deux frères se font tuer. Ne pouvant plus supporter cette souffrance, Houria décide de quitter son village pour aller vivre en ville, à Alger avec ses trois enfants dont un nourrisson. Elle se retrouve face à une dure réalité. Elle doit s'adapter à ce nouveau train de vie pour subvenir aux besoins de ses enfants. Place ainsi à la dure réalité d'un quotidien. Houria ne sait plus à quel saint se vouer. Elle intègre l'association des femmes victimes des terroristes. Afin que nul n'oublie, elle décide cette fois-ci de s'armer de son appareil photo pour immortaliser les moments présents. Elle devient photographe professionnelle en se spécialisant dans les cérémonies de mariage. Houria n'oubliera pas son passé. Elle se rend des milliers de fois au commissariat pour tenter de connaître le sort de ces belles sœurs kidnappées. Aucune nouvelle ne lui parviendra. Certains éléments du commissariat lui rappellent que des membres de leur famille ont subi le même sort. Après des années de discorde avec sa famille, Houria tente de renouer les liens dès qu'elle apprend que sa mère est gravement malade. A travers L'héroïne, le réalisateur a voulu rappeler à plus d'un que la mémoire n'est point amnésique. La décennie noire qu'a vécue l'Algérie ne sera jamais oubliée. Et que la lancinante question du «qui tue qui ?» n'a toujours pas trouvé de réponse. A l'issue de la projection, Cherif Aggoune a indiqué que «le propre du cinéma c'est non seulement raconter soi, mais aussi son pays. On ne peut pas faire du cinéma sans se regarder. Il faut en parler indéfiniment et ne pas oublier... Regardez le cinéma américain, le sujet principal ce sont les USA». Et d'ajouter : «L'héroïne n'est que le premier volet d'une trilogie qui se prépare, car traiter des thèmes relatifs à la décennie noire par le cinéma est une sorte d'exorcisme et de lutte contre l'oubli.»