TLouisa Takouat, interne en pharmacie de la faculté de médecine de l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou a imputé, hier lundi, les ruptures d'approvisionnement en médicaments au niveau des officines et des pharmacies des hôpitaux, à des insuffisances à tous les niveaux du circuit. «Le médicament a du mal à atteindre le malade aussi bien au niveau de l'hôpital qu'en officine pour diverses raisons, les prévisions, l'approvisionnement, et les grossistes répartiteurs», a-t-elle dit. Elle s'exprimait lors de la journée de l'Interne en pharmacie, organisée au CHU de Tizi Ouzou. Dans sa communication intitulée «Problématique des ruptures en médicament», l'intervenante a relevé la difficulté à définir avec exactitude les besoins annuels en produits pharmaceutiques d'une structure de santé, la surconsommation des faibles dosages en substitution à la dose initiale prescrite, et les lenteurs des procédures administratives dans l'attribution des marchés. Mlle Takouat a également mis en avant la prolongation des délais de livraison desdits produits pharmaceutiques, la restitution des médicaments pour la pharmacovigilance, à l'origine, souvent, des ruptures, et la non-disponibilité des médicaments chez les fournisseurs, à savoir, les distributeurs, la pharmacie centrale des hôpitaux (PCH), les importateurs et les producteurs locaux. L'intervenante a, en outre, fait cas de ce qu'elle a qualifié de «rupture volontairement créée» par les grossistes répartiteurs en dissimulant des produits pharmaceutiques, le système des quotas, à l'origine de ventes concomitantes et de la spéculation par moyen de facturation, et de la fragmentation et la désarticulation du réseau de distribution des produits pharmaceutiques. «Quatre wilayas détiennent le monopole de l'importation des médicaments», a-t-elle fait observer. S'agissant de la pharmacie centrale des hôpitaux (PCH), les ruptures d'approvisionnement en médicaments s'expliquent, selon cet interne en pharmacie, par la lenteur dans l'attribution du marché, l'absence de maîtrise de la gestion de plusieurs milliers de molécules au niveau d'une seule centrale, le défaut de maîtrise de l'importance de certains produits stratégiques, à l'exemple de l'adrénaline en 2012, et la répartition des quotas non basée sur une évaluation réelle des besoins de chaque établissement demandeur. S'exprimant sur la détention des produits pharmaceutiques, l'intervenante a fait cas d'un sur-stockage de médicaments au niveau de certains établissements de santé publique au détriment des autres, surtout pour les produits provenant de la PCH. Le manque de rigueur dans les dispensations des produits pharmaceutiques au niveau de l'hôpital est également mis en avant comme argument pour justifier ces ruptures d'approvisionnement en médicaments. «Les pharmaciens d'officines ne jouent pas le jeu, en favorisant les malades (clients) lors des pénuries», fait-elle observer. Et de s'interroger : assurer la disponibilité totale et durable du médicament, est-ce, un mythe ou une possibilité pratique? Une bonne volonté politique, la professionnalisation du circuit et l'encouragement de la production locale sont à même de venir à bout de ces ruptures d'approvisionnement en médicaments aussi bien au niveau des pharmacies des établissements publics de santé que des officines.