La filière lait dans la wilaya de Boumerdès a enregistré une collecte de 4 millions de litres en l'espace de 3 mois. Mais ces records qu'on nous exhibe cachent mal un problème épineux que les pouvoirs publics n'arrivent toujours pas à régler : la distribution. Tous les produits agricoles, et le lait ne fait pas exception, connaissent une distribution anarchique au point que la rareté ou la cherté d'un produit font que le citoyen peine à s'en approvisionner. Le lait malgré, donc sa disponibilité au niveau de la production, si on croit les services de l'agriculture, se fait toujours désirer chez les détaillants, même s'il n'y a pas rupture. Un jour sur deux ou encore le matin avant 10 h, l'approvisionnement de cette manière oblige le citoyen à un parcours du combattant. Alors, dans le cas échéant, il se rabat sur le lait entier semi-écrémé au prix de 50 DA le litre. Pourtant, la production a connu ces dernières années un accroissement spectaculaire. Les facilitations et les soutiens accordés par les pouvoirs publics pour sécuriser les éleveurs permettent à la filière de se développer au même titre que la céréaliculture, la viniculture et l'arboriculture. Les chiffres parlent d'eux mêmes, se targue-t-on dans le milieu agricole, et plus particulièrement dans les rangs des éleveurs. Au cours du premier trimestre, à Boumerdès, plus de 4 millions de litres de lait ont été collectés, selon la Chambre d'agriculture. Il est précisé que pas moins de 1 458 éleveurs et plus de 7 000 vaches laitières (7 064) sont recensés au niveau de ces régions, alors qu'au cours de l'exercice 2012, l'on a enregistré 6 717 vaches laitières et 1 400 éleveurs et en 2010 seulement 5 345 vaches laitières. Les régions de Baghlia et de Boudouaou constituent les deux bassins laitiers de la wilaya et les bases de regroupement des éleveurs de bovins. Il est à rappeler qu'au cours de l'année 2012, pas moins de 17 437 810 litres de lait ont été collectés par 29 agents agréés. Outre la production laitière, l'on a enregistré la création de 191 postes d'emploi dans la filière, dont 140 dans le cadre du dispositif Ansej et 51 autres dans le cadre de la Cnac, faut-il signaler. Par ailleurs, la production laitière collectée constitue la principale ressource d'approvisionnement des 10 laiteries et usines de transformation de lait des secteurs public et privé des wilayas du Centre, Alger, Tizi-Ouzou et Boumerdès, pour ne citer que la laiterie de Draâ Ben Khedda, Laiterie Pâturage, SPLD et de Tifra, les usines de laiterie et fromagerie de Boudouaou, Birkhadem et l'usine Coprolait de Boudouaou. Ces usines sont approvisionnées au quotidien par des opérateurs professionnels de la wilaya de Boumerdès qui disposent de moyens adéquats. Un représentant des producteurs laitiers de la wilaya de Boumerdès a déclaré que les objectifs assignés est de produire le maximum de et améliorer la production laitière, pour atteindre dans le court et moyen terme 20 millions de litres de lait. La wilaya de Boumerdès, par sa vocation agricole, notamment ses régions orientales, dispose de potentialités énormes en matière de superficies réservées aux cultures fourragères avec plus de 1 200 ha et une production annuelle de 43 000 quintaux pour atteindre cet objectif. Des paramètres significatifs qui plaident en faveur de cette filière qui se développe de manière continue et s'étend à d'autres régions de l'ouest de la wilaya. Mais si la production qui arrive chez le consommateur ne suffit pas, c'est peut-être parce que la filière des dérivés du lait (fromages, petit-lait, lait caillé et yaourt) en consomme une grande part. Les bénéfices tirés sont plus grands que de la vente du lait à 25 DA, sachant que le litre de petit-lait, par exemple, coûte 65 DA. Quant au fromage, il a atteint des prix prohibitifs (entre 160 et 300 DA, selon le volume). Il est donc temps d'assainir le réseau de distribution et de repenser son organisation. Sinon, rien ne sert de brandir des chiffres quand ils ne signifient rien pour le vécu du citoyen.