Les secousses telluriques à répétition enregistrées, ces derniers jours, dans certaines régions du pays, notamment à Béjaïa, rappellent aux Algériens qu'ils ont bien des raisons de craindre particulièrement le risque de séisme. Les zones côtières et la Méditerranée sont connues pour leur importante activité sismique. La preuve est faite maintenant que les risques de tremblements de terre en Algérie sont inévitables. Le dernier en date, celui du mercredi 21 mai 2003, encore dans les mémoires des Algériens, de magnitude 6,8 sur l'échelle de Richter, dont l'épicentre a été localisé en mer, près de Zemmouri El-Bahri, a touché la région algéroise, dans sa partie littorale, la plus dense en population. Bilan : 2 278 morts et 11 450 blessés. Quelque 100 000 personnes se sont retrouvées sans abri, des immeubles et des maisons individuelles, en nombre impressionnant, se sont effondrés. Des infrastructures routières, des établissements de formation, de prestations de services publics ont été entièrement ou partiellement détruits. Les dégâts matériels ont été évalués à 5 milliards de dollars. Un raz de marée s'en est suivi et une centaine de bateaux ont été engloutis sur la côte espagnole. Les spécialistes algériens ont saisi l'occasion pour appeler à ne pas sous-estimer le risque de tsunami sur la côte algérienne. Au début du mois d'août 2007, un phénomène curieux mais malheureusement dramatique s'était produit sur une plage de Mostaganem. Une puissante vague déferlante avait provoqué la mort de douze baigneurs. Aucun rapport n'avait pu être établi avec un séisme dans la région et donc avec un éventuel effet tsunami et la question s'est immédiatement posée au niveau des spécialistes. Mais, pratiquement, tous ont convenu que l'hypothèse d'un tsunami était à écarter, le raz-de-marée étant beaucoup plus large que la vague en question, haute de trois mètres, qui avait touché une seule plage dans cette zone de l'ouest du pays. L'éventualité qu'un tsunami se produise consécutivement à un séisme avait été envisagée, d'autant plus que dans le passé, lointain, il est vrai, il y en a eu aussi bien sur la rive nord que la rive sud du bassin méditerranéen, et rien ne permet d'exclure que ça se reproduise. Selon certains spécialistes, il est possible de prévoir les raz-de-marée. Des systèmes de surveillance du niveau des mers plus perfectionnés ont été mis en place avec un dispositif d'alerte aux tsunamis. En novembre 2012, un organisme appelé «NeamWave12», avait organisé le premier exercice de tsunami de la région Atlantique du Nord-est, Méditerranée et mers adjacentes (Neam), depuis la création du système d'alerte aux tsunamis qui concerne cette région, supervisé par la Commission océanographique intergouvernementale de l'Unesco et mis en place en novembre 2005. Le scénario imaginé consistait en un séisme au large des côtes algériennes, d'une magnitude, tenez-vous bien, de 7,5 ; une heure après, une vague d'un mètre de haut atteint la Côte d'Azur, en face, en France (pas de comparaison avec les vagues géantes du Pacifique dans la même situation). L'objectif du test: tenter d'évaluer la diffusion d'alertes nationales et locales et les mécanismes d'intervention mis en place par les agences de protection civile des Etats membres dès la réception (15 minutes après le séisme) d'une alerte au tsunami par leurs points focaux. Certains spécialistes sont plutôt pessimistes sur cette question, à cause, disent-ils, de l'état de certaines côtes algériennes et des dunes bordières en continuelle dégradation. Cela ne permettrait pas réduire les effets d'une vague géante dévastatrice. En fait, il semble bien que le littoral algérien reste encore très largement peu connu à tous points de vue, notamment l'évolution des fonds marins. Il y a enfin, un grand travail d'explication à faire vers les populations pour les préparer à tel risque.