Des affrontements liés au conflit syrien qui opposent depuis dimanche les forces libanaises et des miliciens sunnites à Saïda, au sud de Beyrouth, se sont poursuivis lundi avec une violence inédite. L'armée dit avoir perdu 12 hommes dans ces combats qui ont éclaté après l'arrestation d'un partisan du cheikh Ahmed al Assir, un imam sunnite radical hostile à l'intervention militaire du Hezbollah chiite en Syrie. Ses partisans ont riposté en ouvrant le feu sur un barrage militaire. De sources proches des services de sécurité, ont fait état de 17 morts et de 65 blessés dans les rangs de l'armée et d'une vingtaine de tués du côté des salafistes. Un cessez-le-feu est entré en vigueur dans l'après-midi, mais la mosquée de l'est de Saïda où sont basés les partisans du cheikh Assir est toujours encerclée par les soldats libanais, ajoute-t-on de même sources. L'édifice a été très endommagé par les tirs de roquettes et d'armes automatiques. Une vidéo diffusée sur internet qui aurait été tournée dans la mosquée montre des corps empilés et des tapis tachés de sang. «Venez au secours du peuple qu'on massacre !», a lancé le cheikh Assir sur Twitter. Il exhorte en outre les militaires à faire défection. Ses partisans accusent l'armée de protéger le Hezbollah. Dans un communiqué diffusé dimanche, l'état-major explique que «l'armée s'efforce depuis des mois de tenir le Liban à distance des problèmes de la Syrie et a refusé, comme on lui demandait à plusieurs reprises, de réprimer les activités du groupe de cheikh Ahmed al Assir». «Mais, ce qui s'est produit dimanche dépasse tout ce à quoi on pouvait s'attendre. L'armée a été attaquée de sang-froid dans une tentative d'allumer la mèche à Saïda, comme en 1975», ajoute-t-elle, évoquant le début de la guerre civile libanaise. Selon le juge militaire Sakr Sakr, l'imam a été convoqué «pour être jugé avec 123 de ses adeptes, dont son frère Fadil Chaker», un chanteur apprécié qui a renoncé à sa carrière pour militer avec le mouvement. Des affrontements similaires avaient déjà fait un mort mardi dans cette ville côtière majoritairement sunnite. Les violences liées au conflit syrien, qui oppose le clan alaouite du président Bachar al Assad à des rebelles principalement sunnites, se multiplient au Liban depuis l'intervention militaire de la milice chiite aux côtés des forces gouvernementales. D'autres heurts ont eu lieu récemment dans la plaine de la Bekaa, où les deux grandes branches de l'islam cohabitent. A Tripoli, théâtre des premiers débordements du conflit syrien dans le nord du Liban, des hommes masqués et armés ont coupé la circulation sur les grands axes routiers pour exprimer leur solidarité au cheikh Assir. Les miliciens sunnites s'en sont pris à des journalistes qui se dirigeaient vers leurs barrages et ont brisé leurs appareils photo. Dans la nuit, des positions militaires ont été attaquées à la roquette dans le quartier de Bab al Tabbaneh, mais aucune victime n'a été signalée, rapportent des habitants.