Deux cheikhs salafistes libanais ont appelé au jihad (guerre sainte) en Syrie pour défendre les habitants sunnites de la région centrale de Homs, affirmant réagir à l'implication du Hezbollah chiite qui combat aux côtés de l'armée de Bachar al-Assad selon l'opposition. Nous annonçons la création des 'brigades de la résistance libre' pour aller combattre en Syrie, a affirmé Ahmad Assir, un cheikh radical de Saïda dans le sud du Liban, sous les applaudissements de ses partisans. Il a émis une fatwa (décret religieux) qui impose à tout musulman à l'intérieur et à l'extérieur du Liban d'aller en Syrie et de défendre ses habitants et ses mosquées notamment à Qousseir et à Homs. C'est un devoir religieux pour tous ceux qui peuvent le faire, a-t-il souligné. Les premiers concernés sont les habitants des villages frontaliers (entre le Liban et la Syrie) et surtout ceux qui ont une expérience militaire, a encore dit cheikh Assir. Ce dignitaire, connu pour ses positions hostiles au Hezbollah, a affirmé que l'appel au jihad avait été lancé après que le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah et ses chabbihas ont pris la décision d'entrer dans ces régions pour y massacrer les opprimés. Chabbihas est le terme utilisé par les opposants syriens pour désigner les miliciens pro-régime. Assad sûr du soutien de la Russie Le président Bachar al-Assad est convaincu du soutien de la Russie car ce pays considère comme stratégique pour ses intérêts dans la région, la défense du régime de Damas dans la guerre qui l'oppose à la rébellion armée, selon un ex-député libanais partisan du régime. C'est le président russe Vladimir Poutine, lui-même qui m'a assuré que la bataille de la Syrie était la bataille de la Russie, a-t-il dit à une vingtaine d'hommes politiques libanais partisans du régime à Damas, selon Abdel Rahim Mrad, ex-député sunnite libanais qui participait à la réunion. Assad s'est dit convaincu de la fermeté du choix stratégique russe de soutenir la Syrie, a précisé M. Mrad. Ce n'est pas parce que la Russie, nous aime, ou aime notre peuple, ce n'est pas pour nos beaux yeux, mais c'est parce que la Russie considère que la bataille pour la défense de Damas est une bataille pour la défense des intérêts de la Russie dans la région, a-t-il ajouté selon la même source. Avec la Chine, la Russie a opposé trois vetos au Conseil de sécurité et a condamné la réunion ce week-end du groupe des Amis de la Syrie. La Russie demeure l'un des derniers soutiens du régime de Damas, auquel elle livre des armes, et s'oppose à toute ingérence dans le conflit. Le président Assad s'est dit aussi convaincu que l'atmosphère internationale va changer. Ces mêmes propos de M. Assad ont été repris dans deux journaux libanais citant d'autres participants à la réunion. Ban ki-moonveut stopper le flot d'armes aux belligérants, al-Arabi sceptique Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a plaidé pour mettre fin aux livraisons d'armes aux belligérants en Syrie, lors d'un entretien avec le Premier ministre du Qatar Cheikh Hamed ben Jassem Al-Thani et le secrétaire général de la Ligue arabe Nabil al-Araby. M. Ban a appelé à stopper le flot d'armes qui parviennent aux deux camps dans le conflit syrien, a indiqué son porte-parole Martin Nesirky. Davantage d'armes ne feraient qu'augmenter le nombre de morts et les destructions. Ban a aussi rappelé la gravité de la situation humanitaire et a réitéré fortement son appel aux pays donateurs à tenir leurs promesses de financement. Le Qatar, de même que d'autres pays du Golfe, est souvent accusé par Damas de fournir des armes aux rebelles. De leur côté, malgré les appels pressants de l'opposition syrienne, Européens et Américains hésitent à fournir des armes lourdes qui permettraient aux rebelles de lutter contre les attaques aériennes de Damas. A la sortie de l'entretien, Nabil al-Arabi a rejeté devant des journalistes l'idée avancée par M. Ban. Il a fait valoir que si le gouvernement syrien reçoit des armes de certaines parties, il fallait que l'opposition soit elle aussi armée pour créer une sorte d'équilibre. Il a confirmé à la presse que le médiateur Lakhdar Brahimi, continuait pour l'instant d'être au service à la fois de l'ONU et de la Ligue arabe. Nous soutenons tous l'idée d'une mission conjointe entre les deux organisations car elles poursuivent le même but, a-t-il dit. Nous sommes très contents de lui, a-t-il ajouté. MM. Ban, al-Arabi et Brahimi, ont eu ensuite un autre entretien séparé. Des rumeurs avaient couru ces dernières semaines sur une possible démission de M. Brahim,i devant l'impasse de sa médiation. Selon un communiqué de l'ONU, M. Ban a discuté avec MM. al-Arabi et Brahimi des moyens d'aider les parties au conflit en Syrie à enclencher un processus politique. M. Ban en a profité pour appeler une nouvelle fois le Conseil de sécurité -- profondément divisé entre Occidentaux et Russie -- à s'unir et à soutenir de tout son poids une solution politique en Syrie et les efforts de M. Brahimi pour y parvenir.