La présidence de la République égyptienne a rejeté l'ultimatum des forces armées en mobilisant ses militants dans la rue. Malgré la démission de plusieurs ministres, dont le dernier le chef de la diplomatie, Mohamed Morsi défie l'armée, mobilise ses troupes et s'apprête à l'affrontement. La photo prise hier le 2 juillet montre Mohamed Morsi tenant un briefing en compagnie du reste du gouvernement. En effet, quelques heures seulement après l'ultimatum des forces armées invitant les politiques à se soumettre à la demande du peuple, la présidence de la République a répliqué par un communiqué rejetant la mise en garde de l'institution militaire. Le président islamiste, et après avoir eu une réunion avec le guide suprême des Frères musulmans, a affirmé dans un simple communiqué que «l'Egypte ne permettra absolument aucun retour en arrière quelles que soient les circonstances». Avant la réplique de Morsi, le haut commandement militaire avertissait que «si les revendications du peuple n'étaient pas satisfaites durant cette période, les forces armées annonceraient une feuille de route et des mesures pour superviser sa mise en œuvre». Le communiqué de l'armée a fait exploser de joie les milliers d'Egyptiens de l'opposition qui tenaient toujours des sit-in réclamant la démission du président de la République. «Morsi n'est plus notre président, Sissi avec nous», scandaient-ils, en référence au général Abdel Fattah al-Sissi, chef de l'armée et ministre de la Défense, dont le portait est apparu à l'écran durant la lecture de la déclaration militaire. Après l'annonce de l'armée, des dizaines de milliers de manifestants enthousiastes ont défilé dans les rues du Caire, d'Alexandrie et d'autres grandes villes du pays. «L'armée s'est rangée au côté du peuple», a estimé le mouvement Tamarrod (rébellion en arabe), à l'origine de manifestations monstres dimanche. Cinq ministres dont celui des Affaires étrangères ont fait défection, préférant remettre leur démission. Les foules déferlaient toujours dans la capitale et dans de nombreuses autres villes aux cris de «Le peuple veut la chute du régime», le slogan déjà scandé début 2011 contre le pouvoir autoritaire de Hosni Moubarak. Hier, des heurts ont éclaté dans la ville de Suez entre les pro et anti-Morsi. Sans attendre le délai de l'ultimatum donné par l'opposition, des manifestants ont commencé à appliquer la désobéissance civile, fermant par la force des édifices publics et les sièges de plusieurs gouvernorats. Des manifestations de l'opposition sont prévues après la prière d'Al-Icha dans la capitale et dans plusieurs villes du pays. Les islamistes se préparent également à marcher dans plusieurs villes du pays. Cet état de fait pourrait donner lieu à des affrontements entre les deux camps.