Le chef terroriste Abou Katada qui a lancé une fatwa en 1996 aux groupes terroristes en Algérie pour assassiner les enfants des forces de sécurité et des journalistes a été extradé en Jordanie. Si Londres a décidé de se débarrasser d'Abou katada, des dizaines de terroristes et d'émir séjournent toujours en Grande-Bretagne et ce, malgré qu'ils sont poursuivis par la justice de leurs pays. Faut-il continuer à protéger des terroristes ? Oui, répond la Grande-Bretagne, mais tout en décidant de se débarrasser de l'ex-mir d'Al-Qaïda en Europe. Ce n'est pas uniquement la Grande-Bretagne qui a donné l'hospitalité à des terroristes qui ont fui leurs pays. Plusieurs pays en Europe hébergent des terroristes islamistes évoquant les droits de l'Homme. Dès son atterrissage à Amman, Abou Qatada a été inculpé pour terrorisme par la justice jordanienne. Réfugié en Grande-Bretagne depuis 20 ans, condamné deux fois par contumace par la justice jordanienne, Abou Qatada ne se laisse pas impressionner : il plaide non-coupable. Accusé de virulents prêches anti-occidentaux, anti-américains et antijuifs, Abou Qatada était considéré comme une «menace pour la sécurité nationale» en Grande-Bretagne. Installé à Londres depuis 1993, il a réussi à repousser son expulsion pendant des années. Extradé de Londres vers la Jordanie, le prédicateur a finalement été inculpé pour «complot en vue de commettre des actes terroristes». Qatada, habitué des tribunaux, n'a pas tardé à répondre en plaidant non coupable. De son vrai nom Omar Mahmoud Mohammed Othman, l'homme est né en Palestine, alors sous autorité jordanienne. Abou Qatada avait demandé l'asile au Royaume-Uni en 1993. Accusé de «préparation d'attentats», Abou Qatada avait été condamné à mort par contumace par la justice jordanienne, en 1999. Une peine rapidement commuée en prison à vie assortie de travaux forcés. Jugé pour une autre affaire similaire en 2000, il a aussi été condamné à 15 ans de prison. Aujourd'hui, la Jordanie veut le rejuger. Depuis 2002, il n'a fait qu'entrer et sortir de prison en Grande-Bretagne, en vertu de la législation antiterroriste. A son atterrissage à Amman dimanche matin, le prédicateur a été escorté par des agents britanniques et jordaniens et remis aux enquêteurs de la cour de sécurité d'Etat. Son épouse et ses cinq enfants, eux, devraient rester au Royaume-Uni. Surnommé l'«ambassadeur européen de Ben Laden» ou encore le «chef spirituel d'Al-Qaïda» en Europe, l'islamiste a combattu son expulsion vers la Jordanie devant la justice britannique et la justice européenne. Pour bloquer son extradition, la Cour européenne des droits de l'Homme avait avancé l'argument d'une possible obtention sous la torture des preuves utilisées contre lui. «Les tribunaux jordaniens bénéficient d'une intégrité et d'un respect des droits de l'Homme», selon un porte-parole du gouvernement jordanien. Il y a quelques semaines, l'Angleterre et la Jordanie ont signé un traité qui, sans mentionner le cas précis du prédicateur, garantit que les preuves obtenues par la torture ne pourront pas être utilisées contre la personne concernée. Réagissant à cette nouvelle, Abou Qatada a finalement accepté de rentrer en Jordanie. A Amman, le gouvernement a garanti la «crédibilité et la transparence» du procès pour terrorisme qui attend le radical islamiste. Une transparence à relativiser : ce dimanche, la presse n'a pas été autorisée à pénétrer dans la salle d'audience pour entendre l'énoncé des chefs d'inculpation. Le porte-parole du gouvernement jordanien Mohammad Momani a affirmé également que «les lois du royaume garantissent un procès équitable aux suspects».