A l'instar de l'Egypte et de la Tunisie, la Libye traverse ces derniers jours une vague de violence et d'assassinats. Les assassinats d'hommes politiques, d'intellectuels et de militaires se poursuivent. Hier, deux explosions ont soufflé un pôle de tribunal faisant une vingtaine de blessés. En effet, la Libye connaît ces derniers 48h, des vagues de violence, d'assassinats et de troubles à l'ordre public. Plusieurs hauts officiers, hommes politiques et écrivains ont été assassinés au cours de ces dernières 48h. Cet état de fait a contraint les populations de la capitale libyenne et de Benghazi de se rebeller contre le pouvoir en place et contre les partis islamistes, accusés d'être à l'origine des derniers assassinats. Deux hauts officiers de l'armée et de la police ont été abattus, par des groupes armés dans des opérations séparés à Benghazi. Selon le porte-parole de la cellule de communication et de la sécurité, le colonel Mohamed Hidjazi, un groupe armé a assassiné par balles le colonel Salem al-Sarah, un officier de l'armée de l'air. La seconde victime dans cette vague de violence n'est autre que le commissaire de police, le colonel Khatab Abdelrahim al-Zwei. Ce dernier a été assassiné également par un groupe armé alors qu'il se trouvait au volant de son véhicule. Un écrivain libyen en l'occurrence M. Ziad Al Aissaoui a été également assassiné à Benghazi. Quelques heures après, un démenti de la mort de l'écrivain a été publié sur les réseaux sociaux. La goutte qui a fait déborder le vase est l'assassinat de l'homme politique Abdessalem Al Mesmari. Avocat de profession, la victime est un homme politique libyen, il a été abattu au moment où il quittait la mosquée du quartier Al-Berka, à Benghazi. Atteint d'une balle au cœur, tiré certainement par un professionnel, Al-Mesmari a rendu l'âme sur place. Abdessalem Al-Mesmari a participé à la création de la «Coalition du 17 février», il a été le bras politique de la rébellion contre le régime El-Gueddafi avant que le Conseil national de transition (CNT) ne prenne la relève. Après la révolution, il a été connu pour son opposition aux Frères musulmans qui œuvrent à prendre le pouvoir pour instaurer un Etat théocratique. Ces assassinats ont provoqué la colère de la population de la seconde ville libyenne et berceau dudit «printemps arabe». Des milliers de manifestants sont descendus dans la rue versant leur colère contre les partis islamistes, les accusant d'être à l'origine de ces assassinats. Les manifestants ont attaqué le siège du Parti pour la justice et la construction, bras politique des Frères musulmans à Benghazi qui fut saccagé. Profitant des émeutes près de 1 300 détenus se sont évadés d'une prison dans la ville de Benghazi. Des sources dignes de foi ont indiqué que l'évasion a eu lieu après de violentes émeutes dans la prison d'Al-Kuifiya, au cours de laquelle des détenus ont mis feu à la prison. Au même moment, des hommes armés ont attaqué la prison de l'extérieur aux armes lourdes. La plupart des fugitifs sont des détenus de droit commun et certains étaient incarcérés pour des affaires liées à l'ancien régime de Mouammar Kadhafi, a déclaré le responsable. Certains des évadés sont des ressortissants étrangers, a a jouté le même responsable. Le Premier ministre Ali Zeidan a déclaré au cours d'un discours télévisé que les détenus qui se sont évadés seraient recherchés par les autorités dans tout le pays. Il a également ordonné de fermer le passage frontalier avec l'Egypte. En solidarité avec la ville de Benghazi, des milliers de citoyens ont manifesté à Tripoli dans la capitale libyenne. Selon des témoins, des centaines de personnes se sont rassemblées au centre de la capitale avant de marcher vers la place des martyrs. Les manifestants ont scandé des slogans hostiles au parti du pouvoir et contre les Frères musulmans. Les manifestants se sont rendus par la suite au local du PJC dans le quartier de Ben Achour où ils ont saccagé et pillé les bureaux et le mobilier et brisé les vitres du bâtiment. Selon des témoins, au départ, la manifestation visait en particulier les Frères musulmans accusés d'être derrière l'assassinat d'Abdessalem al-Mesmari et des deux officiers mais des slogans ont été scandés aussi contre l'AFN, vainqueur des élections de juillet 2012. Après les locaux du PJC, c'est au tour du siège du parti de l'AFN à Hay al-Andalous, qui a été saccagé, jetant des documents par les fenêtres. Cette vague de violence en Libye, intervient après des événements survenus également en Egypte et en Tunisie, trois pays dont les pouvoirs sont issus dudit «printemps arabe». Si ce n'est pas un «retour de manivelle», l'été des pays du «printemps arabe» sera chaud voire très chaud.