Entre le conservatisme religieux pur et dur, hostile aux réformes indispensables socioéconomiques à même de provoquer la mise à niveau des mentalités conformément au développement humain et scientifique tel qu'il se pratique dans le reste du monde, et les mouvances démocratiques partisanes d'une renaissance effective du génie arabe, sans aucune contrainte conservatiste, le torchon n'aura pas fini de brûler, à supposer encore, que les différentes prédispositions de croyances ne s'ajoutent au désordre démocratique, et ne soient pas responsables dans les pays arabes des centaines de milliers de morts et de blessés que comptabilise à présent quotidiennement le monde islamique. Les peuples musulmans sont-ils prêts pour ériger des modèles de sociétés basés sur les modèles occidentaux, où seront respectées les libertés individuelles et collectives, ainsi que les libertés de culte conformément aux recommandations des Saintes écritures figurant dans le Coran ? L'influence des prêcheurs de l'Islam, et le laisser-aller des dictatures pour contrer les dérives des discours intolérants n'a pas empêché de soulever les animosités entre des citoyens appartenant à une même nationalité, à une même croyance, à un même rite religieux, à une même famille. De simples prêcheurs se sont vu attribuer par les politiciens des titres de savants de l'islam, au point que les religieux se sont érigés comme les seuls détenteurs du droit découlant du hadith ou du droit canon. Plusieurs écoles sont nées. Plusieurs tendances. Plusieurs récupérations politiciennes ont permis la profusion et même la diffusion à l'échelle satellitaire de «Fatwas-maisons» s'appuyant sur des spécificités intéressées. Certains oulémas ont fait de l'Islam un fonds de commerce ; d'autres ont fait allégeance aux hommes forts des régimes politiques en place. Pour comprendre l'impossibilité de se référer à une ligne de conduite susceptible de rassembler les musulmans autour d'un même objectif de développement humain et économique, il suffirait d'analyser les méthodes de récupération des masses arabes et musulmanes qui n'ont en fait d'autres buts que de se débarrasser de la mal-vie, des despotes, du chômage en un mot de la misère. Le quotidien El Watan dans son édition du 30 juillet 2013 a permis à Kamel Chekkat, membre de l'Association des oulémas musulmans algériens, et de la Ligue des oulémas et prêcheurs du Sahel, de donner son avis sur les distorsions existantes entre les différentes lectures de l'Islam comme s'il s'agit de deux ou plusieurs religions. Reconnaissant que : «l'Islam est le même» et que «les divergences que vous pouvez trouver sont d'ordre politique ou elles servent des intérêts». Selon Kamel Chekkat, il y aurait «autant de facettes dans l'Islam que dans le camp des démocrates, je peux vous citer à travers l'histoire 33 formes de démocratie... le problème n'est pas là. Il y a un Islam simple, fluide, celui que nous avons toujours connu, et il y a ceux qu'on ne peut considérer comme islamistes, ces personnes qui se prétendent musulmanes conditionnant leur islamité par un «mais». Elles disent je suis musulman mais salafistes par exemple, ou musulman min ahl essuna oua el djamaâ. Du fait que les gens s'affublent d'appellations en dehors de l'islam, leur islamité devient sujette à caution. L'Islam est le même pour peu que l'on y mette le cœur et qu'on veuille vraiment plaire à Dieu, ça reste une religion toute simple. Il n'y a pas d'Islam modéré ou d'Islam pur et dur. Il y a un Islam qui se veut souple là où il le faut et intransigeant quand il le faut.» A propos de l'absence de l'Ijtihad, et des nouvelles relectures du Coran faites par diverses écoles dont celles des malékite et des hanbalite qui seraient aujourd'hui disqualifiées, autrement dépassées, Kamel Chekkat a estimé «qu'en fait l'ijtihad n'a jamais cessé. On entend dire que les voies de l'ijtihad ont été rompues depuis le IXe siècle, mais ce n'est pas vrai. Ce sont d'ailleurs certains hanbalites qui le disent. Le droit canon a évolué et l'ijtihad ne s'est donc jamais arrêté. Il y a eu, certes, un petit arrêt pendant la période coloniale, mais avant cela l'ijtihad était de mise. Cela dit, l'ijtihad dans le sens de la relecture du Coran et de la tradition prophétique est toujours indispensable parce que comme le disent nos maîtres : «Chaque exégèse ne vaut que pour son époque.» D'ailleurs, même quand on parle de fatwa, Ibn Taymia lui-même, pour citer un hanbalite, disait qu'un avis religieux est tributaire d'un certain nombre de paramètres qui sont l'espace, le temps, la spécificité du demandeur et la spécificité du problème. C'est-à-dire que si mille personnes viennent vous poser la même question, pour peu que vous ayez un savoir religieux avéré, vous êtes censé donner mille réponses différentes pour la même question. Pourquoi ? Parce que vous devez prendre en considération les préoccupations des personnes au cas par cas. Nous n'avons pas le droit de faire du copié-collé. Il y a une citation qui fait référence et consensus à la fois et qui dit que seuls les gens habitant dans une région donnée sont habilités à publier des avis religieux pour cette même région. C'est-à-dire qu'une personne étrangère à la région n'a pas le droit de venir donner un avis religieux pour des populations d'une région dont elle ne connaît rien, ni l'histoire ni les us et coutumes. En d'autres termes, Kamel Chekkat voudrait nous faire croire lui qui se réclame d'un Salafisme qui n'a rien à voir avec le Salafisme d'importation, que chaque «ouléma» a le droit d'édicter une fetwa dans un pays constitutionnalisé pour remettre en question l'ordre républicain et les valeurs démocratiques. Comme kleptocratie islamique, il est difficile de faire mieux. Les tendances récentes des expériences des gouvernements islamistes en n'apportent les preuves.