La Syrie est toujours prête à participer à des négociations de paix, ont affirmé hier les chefs de la diplomatie syrien et russe, quelques heures avant l'intervention du président américain devant le Congrès pour convaincre de la nécessité de frappes contre le régime syrien. Face à la menace croissante d'une action militaire contre Damas, les ministres des Affaires étrangères syrien Walid Mouallem et russe Sergueï Lavrov se sont entretenus à Moscou sur la situation. «Une solution politique est encore possible», a déclaré M. Lavrov lors d'une conférence de presse à l'issue de ces pourparlers, affirmant que Damas était toujours «prêt à des négociations de paix». «Nous sommes en effet prêts à participer à une rencontre à Genève sans conditions préalables», a renchéri M. Mouallem, faisant allusion à l'organisation d'une nouvelle conférence internationale de paix dont l'idée avait été proposée en mai par Moscou et Washington mais qui est restée lettre morte en raison des tensions russo-américaines. «Nous sommes aussi prêts au dialogue avec toutes les forces politiques syriennes qui veulent le rétablissement de la paix dans notre pays», a-t-il ajouté. Mais il a averti que la position du régime syrien changerait en cas de frappes. M. Lavrov a par ailleurs mis en garde contre l'«explosion de terrorisme» au Moyen-Orient que provoqueraient, selon lui des frappes contre le régime syrien. «De plus en plus d'hommes politiques, de responsables gouvernementaux partagent notre opinion selon laquelle, un scénario de force mènera à une explosion de terrorisme en Syrie et dans les pays voisins, et à un important flux de réfugiés», a-t-il déclaré. La Russie, allié indéfectible du pouvoir syrien, s'oppose depuis le début du conflit il y a deux ans et demi à toute action militaire contre Damas et a déjà averti à plusieurs reprises que cela pourrait déstabiliser l'ensemble de la région. M. Mouallem a remercié lundi au nom du président syrien Bachar al-Assad le chef de l'Etat russe Vladimir Poutine pour son soutien. La rencontre entre les deux ministres s'est déroulée alors que Barack Obama doit retourner plus tard dans la journée devant le Congrès pour le convaincre du bien-fondé d'une nouvelle intervention militaire au Moyen-Orient destinée à punir le régime Assad, qu'il juge responsable d'une attaque chimique meurtrière menée le 21 août près de Damas. La Russie s'est montrée très sceptique sur la responsabilité du régime dans cette attaque. Le président russe a réclamé la semaine dernière que des «preuves convaincantes» soient présentées à l'ONU. Le président Assad a de son côté nié avoir ordonné l'emploi d'armes chimiques dans une interview à la chaîne américaine CBS qui doit être diffusée lundi soir.