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La 3e édition du Prix Aicesis OMD 2013, un symbole d'espérance
Publié dans La Nouvelle République le 18 - 09 - 2013

,La réflexion sur l'après-2015 en Algérie est déjà bien amorcée grâce aux travaux du Cnes. Les OMD sont inclus dans la stratégie nationale de développement. Les efforts consentis en vue d'atteindre ces objectifs ont donné des résultats prometteurs qui permettraient d'avancer que l'Algérie serait au rendez-vous de l'après-2015 et peut être même en tête de liste pour certains objectifs, en particulier, en matière de lutte contre la pauvreté et la faim, l'éducation pour tous, l'accès aux soins de santé, la réduction de la mortalité maternelle et infantile.
C'est au terme des tables rondes régionales sur les OMD, dont celles tenues à Alger, Brasilia et Beijing que fut décidé par l'Aicesis, dans un esprit de soutien aux efforts constants et laborieux des Nations unies, en général, et -ceux de l'Ecosoc en particulier, de contribuer à la réalisation des OMD et de construire des partenariats solides avec la société civile organisée. C'est dans ce contexte que l'Aicesis et ces tables rondes régionales lancèrent : le Prix OMD Aicesis, comme instrument de promotion, d'éducation et de formation des OMD. Ce Prix reconnaît le mérite des Conseils économiques et sociaux de leurs ONG, de leurs institutions académiques, ayant le plus ou le mieux contribué à la réalisation des OMD, dans leurs sphères respectives. Fruit de la persévérance de Mme Hanifa Mézoui depuis le lancement de cette distinction honorifique, la 3e édition du Prix Aicesis OMD s'est déroulée, sur le thème: «Le plein emploi, travail décent et productif pour réduire la pauvreté» et un trophée fut décerné aux lauréats. A noter que l'un des critères fondamentaux repose sur l'évaluation de l'impact de l'activité sur le thème choisi qui doit mener a un changement positif des conditions de vie d'un groupe vulnérable tenant compte à la fois du caractère innovant et reproductible et des difficultés rencontrées. Le trophée est une création de l'artiste italien Idlemo Sartori, introduit à la cause des OMD par M. Gianni Bisogni, président de la Fondation Formit, une ONG du réseau de l'Aicesis, œuvrant pour la promotion d'une technologie avancée liée à l'industrie, les finances et les évaluations socio-économiques. Les lauréats dans un ordre de mérite, sont : 1er Prix : Baya Zitoune, Association nationale «Femme et Développement rural» - Algérie - 2e Prix : Joao Joaquim de Melo Neto , Palma Institute for Development and Socioéconomic Solidarity–Brésil. 3e Prix : Chen Rui, China Association for Employment Promotion - Chine - 4e Prix : Alain Francis Mbemba, Fondation Nosi- Congo Chacun de ces organismes a présenté brièvement sa propre organisation et sa réalisation de projet, après avoir reçu le trophée des mains du ministre des Affaires étrangères, Mourad Meldeci, pour le 1er Prix ; le président Mohamed Seghir Babès pour le 2e Prix ; Mme Aminata Tall, présidente de l'Ucesa pour le 3e Prix et M. le président de la Chambre civique de Russie, prochain président de l'Aicesis, pour le 4e Prix. En honorant et récompensant les meilleures pratiques, l'Aicesis souhaite, à la veille de s'engager dans l'après-2015 : offrir au grand public des solutions possibles pour atteindre les OMD par le transfert des connaissances, de l'expertise et de l'expérience grâce au réseautage et à l'apprentissage par les pairs pour les pairs. Le Prix Aicesis OMD joue un rôle important et gratifiant dans la mobilisation et la promotion des OMD et doit être considéré comme un moyen de valoriser des activités innovantes émanant des CES et des organisations de la société civile. Depuis son lancement, ce Prix a contribué, en ces temps de crises, à reconnaître et à encourager le travail de ces institutions qui, grâce à leurs missions, aident les décideurs politiques à prendre les meilleures décisions acceptables pour tous. Une vie de dignité pour tous à l'après-2015 Conduisant la cérémonie de remise des Prix Aicesis du millénaire 2012, la veille de la 13e rencontre internationale, le Dr Hanifa Mézoui, en sa qualité de représentante de l'Aicesis auprès des Nations unies et conseillère principale à l'Alliance des civilisations des Nations unies pour la société civile et les affaires humanitaires, a prononcé une allocution devant un parterre d'illustres participants et hautes personnalités, représentants d'organisations internationales et partenaires extérieurs de la société civile, assistance rehaussée par la présence du ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci. Voici le texte intégral de son intervention : Monsieur le président Mohamed Séghir Babès, distingués représentants des Conseils économiques et sociaux, membres de l'Aicesis et de l'Ucesa, Monsieur le secrétaire général de l'Aicesis, chers collègues et représentants des Organisations internationales, chers membres du jury, chers lauréats, chers Invités de la société civile et des médias, Mesdames et Messieurs, «A la veille de la date butoir des OMD : 2015, penchons-nous un instant, sur le champ sémantique dans lequel se situe cette cérémonie. Le dialogue mondial sur les OMD vient de recommencer ! Des concepts innovateurs pour un nouvel agenda du développement sont en train de poindre s'appuyant sur l'égalité, les droits de l'Homme, la paix, la sécurité et le développement durable. Tous ici présents savent que ces priorités ne sont pas nouvelles. Elles constituent les piliers de la Déclaration du millénaire, déjà signée par les 193 Etats-membres de l'ONU depuis l'an 2000 ! Rappelons ici que, les OMD ont été extraits du texte de cette déclaration et présentés de façon distinctes, forgeant ainsi leurs propres identités. Il est possible de dire aujourd'hui que dans une large mesure ils ont frappé la conscience collective, notamment par leur simplicité attrayante: des cibles mesurables, des objectifs faciles à comprendre, et de bonnes intentions auxquelles personne ne saurait s'opposer, échappant même aux idéologies. Cela expliquant entre autres le large soutien reçu au plan international. Cependant force est de constater que dans le temps imparti aux OMD, la conjoncture n'a pas été très conciliante, les incidences des crises financière, alimentaire et environnementale ont pesé sur la balance ; puisque selon une évaluation approximative, le monde n'a atteint que 40% des objectifs visés par les OMD en une période représentant 70% du temps imparti (Vendermoortele-2010-). Mais en même temps cette conjoncture est un moment privilégié et propice à la réflexion pour ce qui reste à faire avant 2015 et ce qu'il faudrait faire après 2015. Nous sommes maintenant entrés dans une phase de consultations et de débats intenses sur ce que deviendra le Programme de développement de l'ONU, qui sera mis en place dans l'après-2015. Ainsi, le 25 septembre 2013, une réunion de haut niveau sera lancée par le secrétaire général lors de la 68e session de l'Assemblée générale des Nations unies, et qui portera sur ce qu'il est maintenant convenu d'appeler: les Objectifs de développement durable (ODD). L'ONU s'engagera non seulement dans un débat lors de sa 68e session mais fera d'abord le bilan des 14 années de la Déclaration du millénaire et des OMD. Ainsi sera entrepris l'examen complet des progrès accomplis à la lumière du rapport du secrétaire général présenté aux Etats-membres, intitulé : «Une vie de dignité pour tous: accélérer les progrès dans la réalisation des OMD et dans la définition du programme de développement des Nations unies pour l'après-2015.» (A/68/202, 26 Juillet 2013). Ce rapport sur les 14 dernières années de réalisation des OMD aborde tous les domaines couverts par la Déclaration du millénaire, tout en faisant état des accomplissements en matière d'Objectifs du millénaire, s'appuyant sur plusieurs rapports antérieurs présentés au secrétaire général, et je cite les principaux : 1) Panel de haut niveau sur l'après-2015. 2) Réseau des solutions pour le développement durable de l'ONU. 3) Pacte mondial de l'ONU – (UN Global Compact) 4) Groupe des Nations unies pour le développement (GNUD) : «La conversation mondiale commence» Il est important pour vous tous de connaître le processus préparatoire qui conduira aux ODD et qui a été mis en place à l'ONU, en conjonction avec la Banque mondiale, le BIT et d'autres organisations internationales. Ce processus recueillera les analyses critiques de tous les acteurs concernés, sachant qu'en tenant compte des 5 recommandations principales suivantes, «le multilatéralisme est mis à l'épreuve» : 1- il ne faudra abandonner personne en chemin, 2- placer le développement durable au cœur des débats, 3- transformer les économies pour créer des emplois et favoriser un mode de croissance inclusif, 4- construire la paix et créer des institutions efficaces, transparentes et responsables pour tous, 5- créer un nouveau partenariat mondial. Le progrès dans la mise en œuvre des ODD sera mesuré grâce à trois paramètres de référence : Le premier étant la volonté politique des Etats eux-mêmes car, vous en conviendrez, nous visons des changements majeurs dans la manière dont les politiques et les programmes de commerce, développement, finance et environnement seront conçus, puis réalisés. Le second fait appel à des résultats concrets, car nous avons dépassé le stade du dialogue sur les politiques et les discussions conceptuelles. Ce second paramètre tire sa prémisse de ce que les problèmes de développement ont été clairement définis et les prescriptions pour leur solutions clairement exprimées lors de la Déclaration de RIO-2013, cités dans : «Le futur que nous voulons» ainsi que dans tous les rapports mentionnés plus haut. Les partenariats pour la mise en œuvre représentent le troisième critère-clé dans les paramètres de référence des ODD. Partenariat entre le Nord et le Sud, entre les pays nantis et ceux dépourvus de ressources, entre les grands et petits pays et entre les différents groupes de la société civile. En marge de tous ces paramètres de référence, il faudra tenir compte du Rapport sur le développement humain de 2013, sous-titré : «L'essor du Sud, les progrès humains dans un monde diversifié». Ce Rapport souligne 4 domaines d'action pour maintenir la dynamique du développement : 1. Encourager l'équité (genre), 2. Accroître la représentation et la participation des citoyens (en particulier les jeunes), 3. Affronter les problèmes environnementaux, 4. Gérer les mutations géographiques. Ainsi, c'est à l'Ecosoc qu'il appartiendra de répondre en premier à l'appel lancé dans ce Rapport, à savoir «qu'il est primordial d'agir de manière coordonnée pour répondre aux problèmes les plus
pressants de notre ère, qu'il s'agisse de l'élimination de la pauvreté, du changement climatique ou des questions de paix et de sécurité.» Et à d'autres Instituions onusiennes, comme par exemple «l'Alliance des civilisations», d'apporter sa contribution. Je suis aussi ici, en ma nouvelle qualité de conseillère sur les Affaires humanitaires et de la Société civile, pour l' Alliance des c ivilisations des Nations unies et à ce titre, j'ai été mandatée par le Haut représentant de l'Alliance, S.E. M. Nassir Abdulaziz Al-Nasser d'explorer les possibilités de collaboration avec l'Aicesis sur les objectifs que nous avons en commun. Sachez que l'Alliance est une initiative lancée par le secrétaire général des Nations unies en 2005, coparrainée par l'Espagne et la Turquie. Visant à réduire les tensions multiculturelles et religieuses et à établir des passerelles entre les communautés. Outre sa dimension politique proprement dite, l'Alliance a commencé à développer des champs d'activités surtout dans les domaines de l'éducation, de la jeunesse, des médias et des migrations. Bien qu'ayant une portée universelle et s'appuyant sur une perspective multipolaire, l'Alliance porte une attention particulière aux relations entre les sociétés occidentales et musulmanes. En tant qu'instrument onusien de «Diplomatie alternative» et de «Facilitateur, l'Alliance se veut notamment conforter l'universalité des OMD et ODD pour in fine faire accepter irréfutablement que le «bien-être» de l'humanité est le fondement du développement. En terminant, permettez-moi d'évoquer la continuité de l'Aicesis dans sa contribution aux OMD depuis presque 10 ans : -En novembre 2006, ici même au Sheraton d'Alger eut lieu la première table ronde régionale sur les OMD, exemple qui fut suivi avec 4 autres tables rondes régionales tenues à Brasilia, Beijing, Bangkok et Danang au Vietnam entre 2006-2007. La table ronde régionale de novembre 2006 fut ouverte sous les auspices du président de la République, S.E. Monsieur. Abdelaziz Bouteflika. Un discours sur l'importance des Conseils économiques et sociaux, comme «nouveaux modèles de représentation et de gouvernance susceptibles d'articuler de façon harmonieuse l'action spécifique et normée des pouvoirs publics et celle de la société civile...» fut tenu par notre ministre de la Justice, qui conclut par un avertissement précurseur pour notre région où il disait «Il est essentiel d'investir davantage dans la connaissance des mécanismes de la violence sociale et de leurs implications sur la stabilité politique et la viabilité économique de nos sociétés». Ce message Oh! combien d'actualité encore aujourd'hui pour tous les Conseils économiques et sociaux !» (fin de l'allocution) L'Algérie favorise la participation de la société civile dans le développement national L'Algérie s'est attelée à promouvoir la cohésion sociale en favorisant la participation de la société civile dans l'effort global de développement national, a affirmé, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal. «La cohésion sociale en tant que facteur de paix et de stabilité passe impérativement par le chemin vertueux du dialogue social et civil, processus que l'Algérie s'est attelé à promouvoir et à approfondir en favorisant la participation de la société civile dans l'effort global de développement national», a–t-il indiqué. Le Premier ministre intervenait lors des travaux de la 13e rencontre internationale de l'Association internationale des Conseils économiques et sociaux et institutions similaires (Aicesis). «Nous sommes conscients et convaincus que le dialogue inclusif et la concertation sont les meilleurs garants de la réussite de ce processus de transformation socioéconomique», a ajouté le Premier ministre à l'adresse des participants à cette rencontre. «Les institutions que vous représentez sont dans ce domaine, incontournables car elles relayent fidèlement les préoccupations de la société civile et portent sur les questions socioéconomiques nationales et mondiales un regard lucide et empreint d'un recul que n'ont pas les décideurs entraînés par l'immédiateté de l'action politique». Dans ce sens, M. Sellal s'est dit convaincu que les recommandations issues des débats de cette rencontre contribueront à aider l'ensemble des gouvernements à mettre en place des politiques d'emploi à la hauteur de cet «enjeu central pour le devenir de l'humanité», estimant que l'avenir de l'homme dépendra en grande partie de sa capacité à apporter les meilleurs réponses aux aspirations, aux craintes , aux doutes et aux rêves de ses enfants. Abordant le thème central de cette rencontre, le Premier ministre a indiqué que l'emploi et l'intégration socioprofessionnelle des jeunes constituent un défi majeur dans tous les pays du monde, soulignant que les acteurs gouvernementaux, économiques et associatifs sont interpellés avec force de la même façon dans toutes les sociétés pour apporter des solutions efficaces à une problématique devenue planétaire. Citant l'expérience de l'Algérie, il a indiqué que le pays a déployé depuis son indépendance, des «efforts significatifs» en direction des jeunes, expliquant que plusieurs mécanismes et dispositifs ont été mis en œuvre notamment durant la décennie écoulée en matière d'aide à la création d'emploi et de l'encouragement de l'entrepreneuriat individuel chez les jeunes hommes, femmes, universitaires et sous-qualifiés et primo-demandeurs d'emploi. «Soutenue par un important programme d'investissements publics, cette démarche de l'Etat (algérien) a permis d'infléchir sensiblement la courbe du chômage qui est passée de 30% en 2000 à moins de 10% en 2012», a rappelé M. Sellal. L'Algérie commence à se donner les moyens de relever le défi de la réalisation des objectifs du développement durable, tels qu'ils ressortent de l'agenda post-2015 que la communauté internationale est sur le point d'adopter. Toutefois, ces résultats «positifs» ne doivent en aucun cas occulter les «nécessaires réajustements et réformes» que l'Algérie doit opérer pour garantir la consolidation des grands équilibres de l'économie et sa mue vers une diversification induisant des importations réduites et moins de dépendance aux hydrocarbures, une croissance soutenue et un recul du taux de chômage chez les jeunes. M. Sellal a estimé en outre que pour atteindre ces objectifs, le gouvernement s'appuie sur un certain nombre de leviers dont la promotion et l'accompagnement de l'investissement créateur de richesse et d'emplois, l'amélioration du climat des affaires, le soutien à la production nationale ainsi que l'encouragement du partenariat public-privé devant permettre le transfert de technologie et de savoir-faire des appareils de production et de service. Le thème retenu pour la rencontre d'Alger, dont les travaux se sont poursuivis en séance plénière, a porté sur le rôle de la société civile dans la promotion de l'emploi et la lutte contre la pauvreté et la corruption. L'Aicesis a souligné le rôle des Conseils économiques et sociaux (CES) des différents pays dans l'élaboration d'une charte de lutte contre la corruption tout en recommandant d'impliquer les pouvoirs publics, la société civile, les syndicats et les organisations non gouvernementales. Elle a estimé que la corruption demeurait un «repoussoir» pour les investisseurs, ce qui nuit au développement socioéconomique de plusieurs pays du Tiers-monde. Bilan critique n'occultant pas les espérances d'Objectifs de développement durable Cependant, si nous nous penchons aujourd'hui sur l'évaluation au niveau mondial de l'état d'avancement des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) adoptés treize ans plus tôt, ces objectifs, censés être atteints en 2015, portent sur les principaux enjeux sociaux du développement. Malgré certains progrès, la plupart des objectifs ne seront pas atteints et seule la cible concernant la réduction de moitié de l'extrême pauvreté dans le monde est susceptible d'être atteinte en 2015. Et encore cela n'est-il rendu possible que suite aux résultats enregistrés par la seule Chine, sans quoi le nombre de pauvres aurait continué à augmenter. Le taux de scolarisation primaire a également augmenté, mais au détriment de la qualité de l'enseignement. A l'opposé, les résultats en termes de santé maternelle, d'alimentation et d'assainissement ont été très décevants, tandis que l'impact de la crise financière a aggravé la situation en plongeant 64 millions de personnes supplémentaires dans l'extrême pauvreté en 2010. «Si les Objectifs du millénaire ne seront pas atteints, c'est notamment parce que les pays industrialisés n'ont pas tenu leurs engagements en termes de financement du développement compilés dans le huitième Objectif du millénaire qui vise à mettre en place un partenariat mondial pour le développement. Malgré une augmentation de l'aide publique au développement au cours des années 2000, elle plafonne à 0,32% du PNB des pays donateurs, loin de l'objectif de 0,7% en 2015.» (1) Les allégements de dettes octroyées à une trentaine de pays pauvres et très endettés a permis à ces pays d'améliorer leurs indicateurs macroéconomiques et d'augmenter leurs dépenses sociales, mais l'impact de la crise financière a détérioré la situation financière de la plupart de ces pays. Enfin, aucune avancée commerciale n'a été enregistrée en termes d'accès au marché et de traitement spécial et différencié pour les pays pauvres, du fait du blocage des négociations à l'OMC et de la prolifération d'accords commerciaux bilatéraux Nord-Sud par lesquels les pays industrialisés tentent de libéraliser des secteurs que les pays en développement refusent de négocier à l'OMC.Mais le manque de financement international n'explique pas tout. Il est symptomatique de constater que les pays d'Asie de l'Est et du Sud-Est qui ont enregistré les meilleures performances sont précisément ceux qui ne dépendent pas de l'aide et des allégements de dette. Ces pays ont généralement financé leur développement en mobilisant leur
épargne interne et en opérant une intégration stratégique au marché mondial, dans le but de diversifier leur économie, de renforcer leurs capacités productives et de créer des emplois. A l'opposé, l'Afrique est largement restée dépendante de l'aide extérieure et des revenus d'exportation de matières premières à faible valeur ajoutée. Pourtant l'Afrique ne manque pas d'épargne, mais elle est massivement transférée en dehors du continent. En effet, la fuite des capitaux africains depuis 2001 a représenté deux fois le montant de la dette extérieure africaine. Entre 1970 et 2008, la fuite des capitaux a représenté 29 milliards de dollars par an, alors que l'aide à l'Afrique n'a représenté que 18 milliards. La mobilisation de l'épargne interne pour financer des stratégies de développement appropriées s'avère dès lors un enjeu majeur pour l'Afrique. C'est sans doute là la principale faiblesse de l'approche des Objectifs du millénaire. En se focalisant sur les objectifs sociaux, elle ne vise que les symptômes de la pauvreté et non ses racines économiques. Par conséquent, l'approche se limite pour le Sud à attendre du Nord des moyens supplémentaires qui se font généralement attendre. En outre, la succession de crises globales (financière, alimentaire, climatique) annihile la plupart des efforts de développement. C'est pourquoi il convient de changer d'approche en garantissant aux pays en développement les marges de manœuvre nécessaires pour mener des stratégies de développement véritablement appropriées et en renforçant la coopération internationale pour répondre à l'instabilité globale. Cela implique d'une part de ne pas réduire les politiques de développement à leur aspect social, ce qui nécessite de promouvoir des stratégies de développement agricole et industriel créatrices d'emplois décents et de recettes fiscales nécessaires au financement de services publics et de systèmes de protection sociale. Cela implique d'autre part d'adapter les relations Nord-Sud au nouveau contexte de l'émergence de puissances régionales du Sud comme la Chine, l'Inde ou le Brésil. Que ce soit en matière de déséquilibres financiers internationaux ou de changements climatiques, ces pays font partie du problème et de la solution. Le Nord a donc autant besoin du Sud qu'inversement, ce qui implique non pas de dicter des priorités la main sur le portefeuille, mais de coopérer dans le cadre de partenariats globaux en vue de régler des problèmes communs. L'analyse de l'état d'avancement des OMD implique aussi non seulement de prendre en compte les différents objectifs, mais aussi les différentes régions en développement, car les évolutions n'ont pas été uniformes et ont au contraire fortement varié en fonction des contextes. Mais avant de réaliser un tel exercice, il convient de préciser qu'un problème majeur de l'évaluation de l'état d'avancement des OMD est la faiblesse des données statistiques. En effet, alors que l'approche des OMD consiste à atteindre des cibles quantifiées, les statistiques sont difficiles à collecter, surtout dans les zones les plus pauvres et pour les données récentes. Comme le soulignent les Nations unies : «Il convient de noter qu'il est parfois difficile de mesurer correctement les progrès accomplis dans la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement en l'absence de données précises ou récentes». Le rapport conjoint du FMI et de la Banque mondiale sur les OMD ne dit d'ailleurs pas autre chose. Globalement, les progrès ont été limités et inégaux, la situation étant particulièrement difficile dans les pays les moins avancés. Ainsi, au rythme actuel, aucun objectif ne devrait être atteint en 2015, hormis l'objectif de réduction de l'extrême pauvreté qui est susceptible d'être globalement atteint en 2015 grâce aux résultats enregistrés par la Chine, bien que l'impact des crises alimentaire et financière rende cette perspective aléatoire. Relevons dans la perspective d'asseoir une stratégie d'objectifs de développement durable que l'impact social de la crise ne pourra être évalué avec précision que dans quelques années, d'autant que la crise économique n'est pas terminée et que de nouvelles vagues ne sont pas à exclure. Les données disponibles indiquent cependant qu'elle n'est pas sans conséquences. Les canaux de transmission de la crise du Nord vers le Sud ont été multiples, dont les principaux sont la chute des échanges commerciaux, des investissements privés et des transferts financiers des migrants vers leur pays d'origine. L'impact de la crise sur les budgets des pays industrialisés devrait en outre déboucher sur une baisse de l'aide au développement. Au-delà des OMD Les Objectifs du millénaire ont eu le mérite de remettre les enjeux du développement social à l'avant-plan de l'agenda international et de susciter une augmentation des montants d'aide au développement, même si leur efficacité est déficiente. Toutefois, les limites des Objectifs du millénaire sont qu'ils se limitent à aborder les symptômes de la pauvreté, sans aborder la question des causes économiques de ces symptômes. Il en résulte que les solutions proposées se limitent à augmenter les ressources des pays en développement dans les secteurs sociaux visés, sans remettre en cause l'architecture financière internationale et les règles du commerce mondial. Or cette focalisation sur les cibles sociales entraîne certes une augmentation des moyens dans ces secteurs, mais au détriment des secteurs productifs agricoles et industriels. Comme le souligne Serge Michailof (2): «Les Objectifs du millénaire ont clairement privilégié le social au détriment du productif et de l'économie. (...) Or ce choix est lourd de conséquences. Il a en effet conduit l'ensemble de la communauté de l'aide à négliger, ou simplement ignorer, les besoins en infrastructures économiques indispensables à la croissance. (...) En fixant des objectifs sociaux déconnectés des capacités financières actuelles et à venir des Etats concernés, on met durablement sous tutelle leurs secteurs sociaux et l'on pérennise la dépendance de ces pays vis-à-vis de l'aide internationale. (...) Il faut donc s'interroger sur le réalisme global de cette approche qui, sur le plan conceptuel, correspond en fait à la mise en place d'un vaste filet social protecteur pour les pays les plus pauvres. Comme le souligne la Cnuced (3): «Il est certainement important de mettre l'accent sur l'amélioration et l'extension des services publics dans les domaines de la santé et de l'éducation, mais pour réduire durablement la pauvreté, il faut développer l'emploi et les possibilités d'activités rémunératrices et, pour cela, l'aide aux secteurs de production et à l'infrastructure économique est vitale.» Farid Daoudi, cchercheur associé au laboratoire d'études et d'analyses des politiques publiques en Algérie (université d'Alger-3) Références : 1-Arnaud Zacharie, les Objectifs du millénaire : bilan critique, Centre national de coopération au développement, sept.2010 . 2- S. Michailof et A. Bonnel, Notre maison brûle au Sud (Fayard, 2010) pp. 158-159. 3- Cnuced, rapport sur l'investissement dans le monde, 2008, p. 34.


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