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Un auteur énigmatique, une production littéraire prolifique
Publié dans La Nouvelle République le 29 - 10 - 2013

Le destin a voulu qu'il disparaisse la même année que Mouloud Mammeri et que son œuvre littéraire reste et restera toujours d'actualité tant elle suscite des interrogations et de l'émerveillement auprès des lecteurs en mal d'originalité.
C'est par un concours de circonstances que Kateb Yacine est entré dans la catégorie des écrivains précoces, et pour peu qu'il ait été un surdoué, des œuvres immenses ont très vite pris forme dans son esprit. Son errance depuis son exclusion du lycée, l'a conduit vers Faulkner, Brecht, Sophocle, Ho Chi Minh, Mas Tsé Toung, Hölderlin, des piliers de la littérature liée à la politique. L'autre particularité de Kateb est d'avoir été pétri de littérature et de culture populaire dont sa mère était férue, ainsi que de romans modernes communément appelés « nouveaux romans » qui ont été d'une influence remarquable sur les écrivains du 20e siècle. Des récits sans chronologie et polyphoniques Ceux qui ont lu «Nedjma» et «le Polygone étoilé» ont dû se rendre compte que pour accéder au contenu, il faut passer par un labyrinthe qui égare quiconque n'a pas été averti. Lorsqu'on se donne la peine de les lire, on a l'impression de tourner en rond. On s'y perd et le récit peut rester figé quand il ne fait pas de retours en arrière ou de projections dans le futur. Il n'y a pas de chronologie. Et à la discontinuité dans le récit, s'ajoute la polyphonie. Que de personnages jouent dans le roman en suivant non pas le temps des horloges, mais le mouvement de leurs pensées, exactement comme dans la réalité où chacun vit de souvenirs du passé, de moments présents et de rêves d'avenir. Il y a plusieurs «je», donc plusieurs locuteurs représentatifs d'une diversité de personnages qui participent chacun, selon son rôle, à la reconstitution d'une ou des histoires entrant dans la composition du roman. Le même personnage peut intervenir par «je» à des moments différents de sa vie. Ce qui laisse supposer qu'entre 2 «je» d'un même locuteur, beaucoup de temps peut s'être écoulé. Lakhdar, par exemple, apparaît tour à tour vivant et mort. C'est ce qui rend déroutant le roman pour celui qui n'est pas habitué à cette structure. On a conseillé aux lecteurs non avertis de tracer une courbe pour chaque acteur, une courbe qui permette de retrouver son itinéraire et de découvrir la structure du roman. Cela nous rappelle «L'amant imaginaire» de Taos Amrouche, roman de 450 pages écrit de bout en bout à la première personne, mais où les «je» se succèdent, alors qu'il s'agit de locuteurs différents ou de mêmes personnages qui s'expriment à des périodes de leur vie déterminantes. Ils interviennent par alternance ou par intermittence pour argumenter, raconter, faire part de leurs jugements ou de leurs pensées, projets d'avenir, regrets. Une autre spécificité des récits de Kateb est de s'appuyer sur les mythes et récits légendaires transmis par l'oralité depuis nos plus lointains ancêtres. Ce socle mythique et historique des imaginaires de nos aînés a perpétué les fondement de la nation algérienne. Kateb est nationaliste jusqu'à la moelle des os. Il en a donné la preuve en s'exposant aux risques d'une révolte, en sacrifiant sa scolarité pour l'honneur du pays et des siens. Des œuvres en perpétuel renouvellement Il faut d'abord rappeler l'affirmation de l'auteur, selon laquelle il serait l'écrivain d'un seul ouvrage, tant il y a des similitudes dans les thèmes pourtant d'une immense diversité, de noms identiques du roman au théâtre et d'un livre à l'autre. Nedjma, Lakhdar, Mustapha sont des anthroponymes récurrents pour leur charge symbolique. Les «nouvelles» de Kateb n'en sont pas épargnées et elles sont, à l'image des romans, d'un hermétisme étonnant. La lecture est d'autant plus difficile qu'il y a des métonymes, métaphores, symboles, des références à l'imaginaire ancestral, comme dans la tragédie «Les ancêtres redoublent de férocité», «Le polygone étoilé», «Nedjma». Les fondements historiques sont d'une importance essentielle, «La guerre de deux mille ans» qu'il a consacrée comme tragédie à la Palestine, est là-dessus très significative. L'autre innovation importante de Kateb Yacine est d'avoir rompu peut-être en vertu d'un processus moderniste, avec la forme traditionnelle ou bourgeoise du roman ou des pièces théâtrales. Au vu du nombre de pièces théâtrales qu'il a élaborées par rapport aux romans, on peut être tenté de dire que Kateb est beaucoup plus un dramaturge qu'un narrateur de type romancier. Ceci est vrai indéniablement. Mais là aussi, il y a chez Kateb une innovation capitale : tout est théâtre et poésie, y compris les romans qui peuvent être joués sous forme de pièces théâtrales ou être lues comme poèmes. « Le polygone étoilé » doit être perçu comme la suite de Ne-djma. Jacqueline Arnaud qui a élaboré un mémoire de doctorat sur le thème «œuvre de Kateb en fragments», a apporté la preuve que l'auteur atypique qu'il a été avait coutume de reprendre des textes pour les retravailler. On retrouve même dans ses romans des écrits relatant ses souvenirs de voyages effectués des décennies avant l'élaboration des romans dont les faits et personnages mis en scène ont des liens fusionnels avec Nedjma, Lakhdar, Mustapha et d'autres. Les voyages de l'auteur dans l'espace ou le temps ont des répercussions sur Nedjma devenant ainsi insaisissable. On y trouve Si Mabrouk, la femme sauvage, rencontrés en Tunisie. On doit ajouter qu'on ne peut jamais commenter un texte de Kateb de manière exhaustive. Tout est théâtre chez lui, y compris sa mère qui lui a dit qu'elle est elle-même un théâtre.

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