Adapté sur scène par la compagnie théâtrale du CREAC de Grenoble, en collaboration avec le Théâtre de la colline de Tizi Ouzou, le texte théâtral “le Cadavre encerclé", écrit par l'écrivain et dramaturge algérien Kateb Yacine, a été présenté au public, lundi, au théâtre régional Kateb-Yacine de Tizi Ouzou. Une activité qui entre dans le cadre de la 7e édition du Festival national du théâtre professionnel d'Alger, qui se tient du 15 au 27 septembre. Le cadavre est toujours encerclé et l'étau se ressert contre Lakhdar, l'un des principaux personnages de la pièce, qui lutte avec son cadavre, à côté de Nedjma bien sûr, la femme qu'il ne faut pas laisser partir. Cette femme dont la présence rassemble et dont l'absence divise. Moins éclairées, les scènes de la pièce donnent une allure angoissante au spectacle, joué par des comédiens français et algériens et interprétée dans les deux langues, français et arabe. La couleur orange dominait l'atmosphère du spectacle qui a duré 55 minutes pour rester constante durant tout le reste de la représentation. La même couleur revient ensuite symboliquement à travers des oranges dans les mains des comédiens qui, à la fin de la représentation, ont formé un arbre au milieu de la scène. Des oranges empoisonnées, tel est le fruit de toute guerre ! Le cadavre encerclé est aussi ce récit d'une journée fatidique, un certain 8 mai 1945. Une période importante dans la vie de l'auteur Kateb Yacine. Emouvant est ce tableau vers la fin de la pièce avec cette femme qui entre sur scène. Une femme qui délire. Elle perd la raison. La fleur qui descend du rosier. Nedjma n'est-elle pas aussi l'épopée de cette mère qui perdra la raison après l'arrestation de son fils Yacine le 8 mai 1945 à Sétif. Avec une écriture chaotique, le texte du “Cadavre encerclé" démontre la lutte de Lakhdar, qui cherche dans ses origines, à travers ses ancêtres, la rue de Nedjma. Cette femme, “dont le voile flotte dans la nuit". Adapté sur scène par Fernand Garnier, ce dernier a exprimé la complexité d'adapter une telle œuvre sur scène car, dira-t-il, “il fallait garder l'aspect universel de l'œuvre, d'où d'ailleurs le choix de l'habillement. Puis il y a le temps et les moyens qui nous ont un peu pressés. C'est du futur qu'il s'agit. Un travail de mémoire s'impose certes, mais dans la voie de la continuité". Le public, peu nombreux à venir au théâtre à l'occasion de ces “portes ouvertes" sur l'œuvre katébienne, a eu à redécouvrir un texte poétique des plus magnifiques. L'ombre de Kateb Yacine a plané sur les planches d'un théâtre qui porte son nom. L'homme qui a rêvé d'une Algérie étoilée. K T