La grève illimitée des chauffeurs de bus et receveurs relevant de l'Etablissement de transport urbain et suburbain d'Alger (Etusa), entamée il y a neuf jours et jugée «illégale» par la direction générale de l'entreprise, se poursuit, causant des désagréments aux citoyens, contraints de recourir à d'autres moyens de transport «improvisés» pour la circonstance. A la station du 1er-Mai, les grévistes rassemblés en petits groupes à côté des bus stationnés ici et là réaffirment leur détermination à poursuivre le débrayage jusqu'à satisfaction des revendications. La principale revendication est «l'application de tous les articles de la convention collective signée et adoptée en 1997 avec effet rétroactif et le respect de ses dispositions juridiques». Des usagers désemparés, ne savent plus quel bus prendre car la signalisation des bus privés qui remplacent les bus de l'Etusa indiquent une destination, alors que les cris des receveurs en indiquent d'autre. De son côté, le ministre des Transports, Amar Ghoul, a estimé, avant hier, en marge de sa visite à Alger, que la grève des travailleurs de l'Etusa «était une question interne» propre à l'entreprise, soulignant que son ministère avait donné des instructions en faveur de la prise en charge des revendications des protestataires à condition qu'elles soient raisonnables. «Cette question concerne l'entreprise et ses travailleurs et doit être réglée par le dialogue à l'intérieur de l'entreprise», a déclaré Ghoul. Il a ajouté que son ministère avait donné des instructions à l'Etusa à l'effet de prendre en charge les revendications des travailleurs de l'entreprise, à condition que ces revendications soient «raisonnables et réalisables et conformes à la loi». Pour le ministre, l'Etusa «est une entreprise économique qui rémunère ses travailleurs à partir de ses revenus et il est anormal que sa masse salariale soit supérieure à ses revenus, sinon ce serait la faillite». Le ministre a insisté pour que les revendications soient conformes à la loi et soient soulevées dans le cadre du dialogue, avertissant que «la loi sera appliquée de manière stricte à l'égard de toute personne qui enfreindrait cette règle». Madjid, un sexagénaire d'Aïn Naâdja, habitué à prendre le bus à partir de la station du 1er-Mai pour rentrer chez lui après une journée de travail, ne cache pas sa colère lorsqu'il s'adresse à un jeune receveur pour connaître la destination. «Je ne comprends plus ce qui se passe ici. La grève dure depuis une semaine sans même garantir un service minimum. Je suis obligé de prendre, à contre cœur, les bus du secteur privé qui ne sont ni propres ni confortables, pour rentrer chez moi», indique-t-il avec beaucoup de peine. Ainsi, 130 bus de transport universitaire sur les 300 existants sont à l'arrêt. Selon le secrétaire général de la direction de transport des étudiants, cette action est venue pour soutenir leurs collègues de l'Etusa. «On a décidé de déclencher cette grève illimitée car les chauffeurs de bus de transport universitaire ont les mêmes revendications que celles des travailleurs de l'Etusa. Ces derniers défendent leurs droits légitimes», a t-il affirmé. Il est à noter que les travailleurs de l'Etusa observent depuis lundi dernier une grève ouverte pour revendiquer l'application avec effet rétroactif de certaines clauses de la convention collective signée en 1997.