Après les émeutes de Silliana, Gabès et Gafsa, la capitale tunisienne a failli vivre le même scénario. Le siège du Front populaire, une coalition d'opposition aux islamistes au pouvoir, a évité le pire dans la soirée du jeudi. Ainsi, un gang d'une soixantaine de personnes a attaqué le siège du FP, a indiqué ce mouvement sur sa page officielle Facebook. «Un gang payé a essayé d'attaquer le siège du Front populaire, il n'y a pas eu de dégâts et nos camarades vont bien (...) les lâches ont fui le danger devant le courage des militants de cette coalition de gauche», indique le mouvement d'opposition. Il a assuré aussi que dix militants du Front populaire ont repoussé «une soixantaine» d'assaillants. Selon certains médias, la police aurait intervenue pour repousser les assaillants et ont indiqué qu'il y aurait des blessés. Aucune version des faits n'a été rendue publique par la police pour confirmer ou infirmer ces informations ou préciser l'identité des assaillants. L'on sait tout de même que le mouvement de Hamma Hammami et du parti islamiste au pouvoir Ennahda entretiennent des relations très tendues, et leurs militants s'accusent régulièrement d'orchestrer des violences. Les foyers de tensions se multiplient en Tunisie en raison d'une crise socio-économique et d'une profonde impasse politique. Des mouvements sociaux ont dégénéré en violences mercredi, culminant avec des heurts à Siliana (nord) qui ont fait 50 blessés dans les rangs de la police, et à Gafsa (centre) où le siège du parti islamiste au pouvoir Ennahda a été incendié. En tout, cinquante policiers ont été blessés dans les émeutes qui ont opposé les manifestants aux policiers mercredi à Siliana, une ville située à 150 km au sud-ouest de Tunis où une grève a dégénéré en heurts, selon des informations concordantes. «Cinquante agents ont été blessés à divers degrés dans les troubles, ils souffrent notamment de fractures», a indiqué le ministère, en précisant que «deux ont été grièvement blessés». La même source a fait état de véhicules de la police et de bâtiments publics et privés endommagés. S'adressant aux médias, le chef du gouvernement, Ali Larayedh, a dit «regretter qu'on incendie, qu'on agresse des agents des forces de l'ordre, qu'on saccage ou qu'on tente d'envahir des institutions». Les heurts ont continué jusque tard dans la nuit, mais jeudi le calme est revenu, le grand marché hebdomadaire y fonctionnant normalement. Trois régions tunisiennes ont été paralysées mercredi par des grèves pour dénoncer entre autres les disparités de développement, la misère et le chômage, facteurs clés de la révolution de 2011. Cette grogne populaire est le résultat d'une économie tunisienne minée par les conflits sociaux à répétition, la menace djihadiste et l'absence d'institutions pérennes. Cette situation s'est d'autant aggravée par la crise politique qui douloureusement paralysé le pays depuis l'assassinat en juillet de l'opposant Mohamed Brahmi, attribué à la mouvance jihadiste. Rappelons, toutefois, que le gouvernement, dominé par Ennahda, s'est engagé fin octobre à démissionner pour sortir de l'impasse, mais il est toujours en place, alors que la Troïka et l'opposition ne se sont pas encore parvenus à s'entendre sur le nom d'un Premier ministre indépendant.