Pas besoin de jouer les Nostradamus pour anticiper ce que serait la Libye si Kadhafi venait à disparaître, nous disait Michel Collon, dans une interview qu'il nous a accordée en septembre 2011. Dans ce sens, plusieurs observateurs avaient tiré la sonnette d'alarme sur un chaos en marche ; toutefois, le peuple libyen avait été leurré par les prédateurs occidentaux aidés en cela par leurs vassaux pseudo-révolutionnaires libyens, et les monarchies du Golfe. Après deux années d'hibernation chronique, voilà maintenant que l'ONU fait part de ses préoccupations quant à la situation sécuritaire en Libye. On imagine un peu le réveil en sursaut du pauvre Ban Ki Moon, qui n'a pas besoin de la 3G pour se connecter à la réalité..., à moins que la sonnette d'alarme soit assourdissante pour qu'il puisse la supporter. Cela dit, voyons un peu ce qui se passe sur le terrain. «La situation sécuritaire en Libye continue d'être très précaire», a prévenu lundi dernier le représentant spécial du Secrétaire général pour la Libye (MANUL), Tarek Mitri, devant le Conseil de sécurité de l'ONU. Le mécontentement et le désarroi croissants de la population vis-à-vis de la transition politique et des différentes milices opérant dans le pays se sont traduits, au cours de ces dernières semaines, par d'importantes manifestations, a indiqué l'officiel onusien. «À Tripoli, la colère de la population dirigée contre les brigades révolutionnaires et autres groupes armés est exacerbée par les affrontements répétés entre ces derniers», a-t-il expliqué, avant de préciser qu'un différend mineur avait récemment dégénéré en de véritables affrontements dans toute la capitale. Mitri, qui est également le Chef de la Mission d'appui des Nations unies en Libye (MANUL), a rappelé que 46 personnes avaient été tuées et 516 autres blessées à Tripoli le 15 novembre, au cours de manifestations massives contre les brigades révolutionnaires de Misrata. Le Représentant spécial a replacé ce mécontentement populaire dans un contexte marqué par une insécurité sans précédent, en soulignant qu'au cours de ces dernières semaines, le nombre d'assassinats et d'enlèvements de responsables gouvernementaux avait augmenté, tant à Benghazi qu'à Derna. «Malgré les mesures du gouvernement libyen pour remédier aux lacunes sécuritaires, les faibles capacités des institutions politiques et militaires demeurent extrêmement préoccupantes», a déploré Mitri, soulignant qu'il est crucial que toutes les parties s'attèlent à un processus global de réintégration et éventuellement de désarmement. Par ailleurs, cette situation qui devrait préoccuper les pays «frères» qui ont tout fait pour venir à bout de Kadhafi, avec leur Ligue des guignols, ne semble plus faire partie de leur agenda. Maintenant, ils ne jurent que par la chute de Bachar Al Assad. Après avoir usé de tous les subterfuges possibles, les voilà qui nous surprennent par leur récente réclamation. Ainsi, apprend-on que les monarchies arabes du Golfe ont réclamé mercredi dernier le retrait de «toutes les forces étrangères» de Syrie. Entendons par là les combattants du mouvement chiite libanais Hezbollah et des conseillers de l'Iran qui soutiennent le régime de Bachar Al-Assad. Pour ce qui est des mercenaires payés à coup de pétrodollars par ces mêmes monarchies, ils ne représentent que les forces de la révolution et de l'opposition syriennes, représentants légitimes du peuple syrien. Quelle hypocrisie !