C'est un voyage à haut risque qu'a effectué hier le Premier ministre Abdelmalek Sellal à Tripoli où il a rencontré son homologue libyen. A la veille du déplacement, la situation sécuritaire était déjà tendue et des groupes armés bloquaient plusieurs ministères dans la capitale Tripoli. Le déplacement de Abdelmalek Sellal intervient au moment même où des groupes armés et des miliciens cernent les abords et bloquent plusieurs ministères, réclamant la dissolution du gouvernement et le départ du Premier ministre libyen Ali Zeidane. En plus de l'insécurité qui règne sur l'ensemble du territoire libyen, la situation sécuritaire s'est dégradée ces derniers jours notamment dans la capitale libyenne. Au moment où M. Sellal est arrivé à Tripoli, plusieurs édifices publics dont le ministère des Affaires étrangères, le siège de la Cour suprême, la poste centrale et le siège de la télévision nationale (Al-Wataniya) sont cernés par des milliers de manifestants armés. Depuis 3 jours, des dizaines de miliciens libyens bloquaient le port de Tripoli et l'entrée de la Banque centrale du pays, demandant la démission d'Ali Zeidan. Les employés ont été empêchés d'entrer et sommés de rentrer chez eux par des hommes armés. Même le siège du gouvernement est assiégé par des centaines de miliciens armés réclamant la dissolution du gouvernement et le départ sans condition du Premier ministre libyen M. Zeidane. L'endroit où les entretiens devraient avoir lieu entre les deux Premiers ministres libyens et algériens a été tenu au secret et ne pourrait certainement pas avoir lieu au siège du gouvernement. Il y a quelques jours, le Premier ministre Ali Zeidane a effectué une visite éclair à Benghazi et n'a même pas pu rejoindre la ville. Après avoir rencontré quelques responsables au salon de l'aéroport, Ali Zeidane a préféré rejoindre Tripoli pour ne pas prendre de risque. Au mois d'octobre dernier, le Premier ministre Ali Zeidan a été enlevé par un groupe armé à Tripoli avant qu'il ne soit libéré par une autre milice. Si les forces de sécurité libyennes n'ont pas pu assurer la sécurité de leur propre Premier ministre, comment pourraient-elles le faire avec leurs hôtes ? Pour ces raisons et afin de ne pas mettre en danger la sécurité de M. Sellal et de la délégation qui l'accompagné, les responsables du protocole du Premier ministre auraient dû en principe proposer le report de ce déplacement. L'ajournement de ce déplacement aurait dû être plus que nécessaire, si toutefois les services du gouvernement ont été informés des derniers développements sécuritaires et politiques en Libye. Le renvoi de ce déplacement s'impose également en raison de la situation politique dans laquelle se trouve, le Premier ministre, son gouvernement et le Congrès général national (Parlement). L'échéance du Congrès général national libyen (CGN), la plus haute instance politique et législative est arrivée à terme. Lors d'une assemblée générale, une résolution prolongeant son mandat jusqu'au 24 décembre 2014 a été adoptée. Le CGN a accepté le principe de la proposition de la commission de la feuille de route pour la transition en votant par 102 voix sur 126 la fin du mandat au 24 décembre 2014, pour céder le pouvoir à une autre instance législative. Cet état de fait a été refusé par la classe politique, les milices et par une grande majorité de la population. Réclamant le départ immédiat du gouvernement et du Congrès général national. Les milices armées qui ont occupé les sièges de plusieurs ministères ont donné un ultimatum de 3 jours aux membres du gouvernement et aux élus du Congrès de se destituer. La question qui devrait être posée est la suivante : Que redeviennent les accords signés hier entre l'Algérie et la Libye en cas de la destitution du gouvernement et du Congrès national libyen ?