L'AS Roma n'est plus invaincue : passée au révélateur de la Juventus Turin (0-3), l'équipe de Rudi Garcia a définitivement tiré un trait sur l'état de grâce du premier tiers de championnat. Relégués à huit points de la Vieille dame, les Galliorossi ne doivent pas pour autant se tromper d'objectif et se désunir comme ils l'ont montré spectaculairement en fin de partie à Turin. Finie, l'invincibilité de l'AS Rome, passée au révélateur du double champion d'Italie, principal favori à sa propre succession. Oubliée, la meilleure défense d'Europe, une statistique flatteuse abandonnée au LOSC et au Bayern Munich suite aux trois buts encaissés face à la Juventus. En s'inclinant à Turin, là où la Vieille Dame n'a pas connu d'autre résultat que la victoire cette saison en championnat, l'équipe de Rudi Garcia n'a pas seulement lâché trois points : c'est l'euphorie née des dix victoires consécutives en ouverture de championnat qui s'est définitivement envolée, après une série de matchs nuls annonçant déjà les prémices de l'essoufflement avant la trêve. L'infirmerie romaine a beau s'être vidée durant la coupure hivernale, la Roma n'avait que peu d'armes à opposer à une équipe du calibre de la Juventus, peut-être la seule formation italienne au milieu de terrain apte à rivaliser avec celui des Romains. Dès lors, neutralisés dans leur secteur de jeu fort, les Galliorossi ont rappelé les manques déjà entrevus malgré les succès : un vrai finisseur en attaque – à 37 ans, Francesco Totti ne peut pas endosser chaque week-end le costume d'homme providentiel – et un banc plus conséquent qualitativement. Trois suspendus en huit minutes : la Roma sanguine est de retour Surtout, l'AS Rome est retombée dans les travers qui ont fait sa légende de club déraisonnable et inexplicablement sanguin : perdant toute lucidité et tout contrôle de ses nerfs à partir du moment où la Juve a fait le break, l'équipe qui ne perdait plus a soudain craqué et étalé ses limites en se montrant incapable de gérer intelligemment le revers se profilant. Deux cartons rouges et un jaune plus tard, non seulement la Roma finissait à dix, mais elle perdait De Rossi, Castan et Ljajic pour la prochaine journée de championnat. A quoi sert dès lors l'avantage de ne pas disputer de compétitions européennes si ce qu'on gagne en fraîcheur, on le perd en suspensions ? Avec huit points de retard sur la Juventus et seulement cinq d'avance sur le Napoli (joué hier) et sur la Fiorentina, c'est bien derrière eux que les Romains doivent maintenant regarder, pour préserver leur statut de dauphin et la place qualificative en Ligue des champions qui en découle. En ne perdant pas de vue d'où ils (re)viennent : orphelins de toute Coupe d'Europe, battus en finale de Coupe d'Italie face à la Lazio, tout le monde au club aurait signé en début de saison pour le parcours que la Roma est actuellement en train d'effectuer. Et ce, malgré le coup d'arrêt face à la Juventus toute-puissante en son domaine. L'euphorie passée, la Roma doit maintenant prouver sa capacité à rebondir.