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L'homme qui aimait «le théâtre sans lignes droites ni cassures»
Publié dans La Nouvelle République le 08 - 01 - 2014

Invité un jour à définir son jardin d'auteur dramatique, M'hamed Benguettaf, qui a quitté le théâtre de la vie dimanche soir (5 janvier) à Alger à l'âge de 75 ans des suites d'une crise cardiaque, en a fait le tour d'une tirade qui met en perspective la singularité de sa voix dans la voie particulière du 4e art algérien : «Comme beaucoup de compatriotes, j'ai été élevé dans l'univers des contes et, plus tard, cette facette a jailli naturellement dans mon écriture. Je n'aime pas les lignes droites ni les cassures, préférant raconter une histoire par un mouvement ondoyant en fonction de nos traditions culturelles».
Que de chemin parcouru par cet homme de théâtre né le 20 décembre 1939 à la Glacière (Alger), qui, au-delà de ses difficultés respiratoires de plus en plus handicapantes ces derniers temps, avouait savourer un double bonheur : d'abord la concrétisation d'un rêve en passant aux commandes , en juin 2003, du paquebot TNA (Théâtre National Algérien), puis dans la foulée en assurant le pilotage du Festival National du Théâtre professionnel qu'il considérait comme un instrument devant favoriser et stimuler la promotion de nouvelles générations, et ensuite la satisfaction d'avoir construit avec patience et persévérance une œuvre dramatique qui s'est ouverte les chemins de la reconnaissance nationale, puis internationale. Personnage pugnace et polyvalent en ce sens qu'il a butiné sur tout le spectre de l'art de la scène : comédien, auteur, adaptateur, traducteur, metteur en scène, M'hamed Benguettaf, entré au TNA en 1966 après une incursion de reconnaissance dans le théâtre radiophonique, a été distribué dans la majeure partie des pièces produites par cet organisme avant de lui tirer sa révérence (1989), pour y revenir 14 ans plus tard par la porte directoriale. Rendant hommage à ses grandes qualités de comédien qui en font, au sens positif de la formulation, un bête de scène, un de ses prédécesseurs à la tête du TNA, feu Ait Abderrahim, a eu un jour cette boutade à son sujet : «Donnez-lui à lire l'annuaire téléphonique et il est capable de vous le faire prendre pour un texte dramatique». Traducteur ou adaptateur, il a aiguisé avec efficience sa plume, notamment, sur Ivan Ivanovitch a-t-il existé ? du Turc Nazim Hikmet, l'Homme aux sandales de caoutchouc de l'Algérien Kateb Yacine, De quoi piéger le diable lui-même et Porte des conquêtes respectivement des Egyptiens Ali Salem et Mahmoud Diab, et enfin le Merveilleux complet couleur noix de coco de l'Américain Ray Bradbury. Metteur en scène de Le Bossu de Mohamed Touri ainsi que de deux de ses créations : Djeha et les gens et Ciel, le rideau se lève !, il avouait n'avoir joué ce rôle que par extrême nécessité et en avait d'ailleurs fait l'économie par la suite en s'autoréalisant autrement et judicieusement. Il a écrit une quinzaine d'œuvres dramatiques dont Stop, Collier de perles, Le Cri, Fatma, La Répétition, «Arrêt fixe, Matins de...quiétude et Quichotte, l'homme qui n'était pour rien. Après avoir engagé laborieusement son char sur le terrain de l'écriture dramatique, Benguettaf a atteint, avec El Ayta (Le Cri, 1989), cette zone d'équilibre artistique après laquelle il courait depuis près d'un quart de siècle de fréquentation de la scène comme dramaturge et traducteur-adaptateur. Mettant en situation un personnage ayant allumé individuellement et socialement ses feux de détresse, coincé dans une réalité sociopolitique délirante et absurde reflet d'une société en train de disjoncter de tous les côtés, cette pépite dramatique qui a été le clou du Festival Européen de Grenoble (1989) en mettant public et critique dans sa poche, a propulsé son auteur, déjà comédien de haut vol, dans la cour des grands en élargissant son espace d'écoute et d'attention à l'échelle internationale. Cette création marquait un tournant majeur dans le parcours du dramaturge, que soulignera et confirmera une année plus tard Fatma, premier monodrame féminin du théâtre algérien dans lequel la comédienne Sonia brûlera littéralement les planches avant de le mettre elle-même en scène une quinzaine d'années plus tard. Ce tournant peut se décrypter à la confluence de trois facteurs : le contexte lié à la libération des esprits et de la parole dans la foulée du séisme socio-politico-culturel d'octobre 1988, l'expérience emmagasinée par le dramaturge et, enfin, la consolidation d'un rapport de création dynamique et ouvert tissé avec ses compères Azzedine Medjoubi et Sonia et le metteur en scène Ziani-Chérif Ayad, au sein d'une compagnie théâtrale fraîchement émoulue et porteuse d'espérances, Masrah El Kalaa. Malheureusement, cette structure se délitera progressivement parce que le mercantilisme et les faux semblants érigés en mode de gestion ont fait imploser la solidarité d'un groupe et sa complicité artistique. Ayant bouclé à l'âge de la cinquantaine (comptez, c'était en... 1989) la première étape de sa trajectoire qu'il assimilait, suivant ses propres termes, à «un stage de formation professionnelle» lors duquel il a capitalisé savoir-faire et outils de nature à crédibiliser son langage de dramaturge authentique, M'hamed Benguettaf était entré dans les efflorescences de sa maturité créative tout en croisant le fer courageusement avec l'évolution d'une maladie sournoise. Sa voix d'auteur dramatique, bonifiée par la patine du temps et l'ouverture sur d'autres aventures artistiques à l'échelle internationale, a repoussé ses horizons d'audience puisqu'elle s'exportait avec le même bonheur sur les scènes de Limoges, Paris, Bruxelles, Bamako, Tunis ou Damas, qu'elle s'expose et continuera à s'imposer dans les salles algériennes.

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