Les progrès laborieux, mais réels, de la négociation nucléaire engagée entre les grandes puissances et l'Iran passent lundi au scanner de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), qui se réunit à Vienne. Le Conseil des gouverneurs de l'agence, composé des délégués de 35 pays, prend place entre deux sessions de la grande négociation lancée fin 2013 à Genève. Le 24 novembre dernier, l'Iran et le 5"1 (Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie, Chine et Allemagne) avaient mis fin à une décennie de face-à-ace tendu en concluant un plan d'action sur six mois, sous la surveillance étroite de l'AIEA, pour tenter de mettre un point final à la controver- se : les grandes puissances soupçonnent l'Iran de chercher à se doter de l'arme atomique, la République islamique nie farouchement. Le plan, appliqué depuis le 20 janvier, prévoit le gel de certaines activités nucléaires sensibles de l'Iran, en échange d'une levée partielle et provisoire des sanctions internationales. Pendant ce temps, les négociateurs essaient de transformer l'accord - au plus tôt d'ici le 20 juillet - en un arrangement définitif, qui supprimerait toutes les sanctions en échange de garanties solides que l'Iran n'aura pas la bombe. «Les négociations se passent bien», a assuré le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif jeudi 27 février, illustrant le très prudent optimisme actuel. A Vienne, l'AIEA a déjà établi que l'Iran respectait les engagements pris à Genève, et en particulier qu'il avait interrompu l'enrichissement d'uranium jusqu'à 20%. C'est ce processus rapprochant l'uranium du niveau nécessaire à la confection de l'arme nucléaire qui inquiète particulièrement les grandes puissances, mais aussi Israël et les monarchies pétrolières arabes du Golfe, voisines sunnites de l'Iran chiite. L'AIEA a aussi noté ces derniers jours qu'aucun élément d'importance n'avait été installé au réacteur à eau lourde d'Arak, dont le plutonium pourrait aussi entrer dans la composition d'une bombe atomique. Un bilan dont le président iranien Hassan Rohani, un modéré dont l'élection en 2013 a permis le dégel, s'est félicité dans un discours dimanche : «Ils (les Occidentaux, ndlr) savaient tous que la science nucléaire en Iran est uniquement pacifique (...). L'AIEA a mené des milliers d'heures d'inspection et a affirmé qu'il n'y avait aucun signe d'une diversion du programme nucléaire iranien vers un but militaire».