Le président iranien a exclu «à 100%» un démantèlement des installations nucléaires en Iran, après l'accord de Genève sur son programme nucléaire, dans une interview au Financial Times. Propos confirmés hier par le chef de la diplomatie iranien, Mohammed Javad Zarif, selon lequel, l'Iran décidera lui-même du niveau d'enrichissement d'uranium dont il aura besoin, cité hier par des médias iraniens. «L'Iran décidera de son niveau d'enrichissement selon ses besoins dans les différents domaines», a déclaré M.Zarif, selon l'agence Irna. «Seuls les détails (de l'enrichissement) sont négociables dans la phase finale des négociations» avec les puissances du groupe 5+1 (Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie, Chine et Allemagne). De son côté, à Vienne, le représentant iranien auprès de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) Reza Najafi a estimé que la période de gel pendant six mois de certaines activités nucléaires iraniennes prévue par l'accord commencerait fin décembre ou début janvier. Interrogé par le FT pour savoir si le démantèlement des installations nucléaires de son pays était une «ligne rouge» à ne pas franchir pour son gouvernement, le président iranien a répondu: «à cent pour cent». Dans cette interview, Hassan Rohani a également suggéré que les relations entre Téhéran et Washington pourraient encore s'améliorer. «Les problèmes entre l'Iran et les Etats-Unis sont très compliqués et ne peuvent pas être résolus dans un court laps de temps. Malgré les complications, il y a eu une ouverture ces cent derniers jours, qui peut encore s'élargir», a-t-il estimé. Les Etats-Unis, la Russie, la Chine, la Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne composent le groupe des «5+1», qui a négocié l'accord historique conclu avec l'Iran dimanche dernier à Genève. Il ouvre la voie à six mois de délicates tractations pour obtenir un accord «complet». «Nous prévoyons que nous devrions commencer à appliquer les mesures conclues par les deux parties fin décembre ou début janvier», a déclaré M.Najafi en marge de la réunion du conseil des gouverneurs de l'AIEA. En contrepartie d'une suspension partielle des sanctions internationales qui étouffent son économie, Téhéran s'est engagé à cesser l'enrichissement d'uranium à plus de 5% pendant six mois, à suspendre la construction du réacteur à l'eau lourde d'Arak - qui pourrait produire du plutonium nécessaire à la fabrication d'une bombe nucléaire - et à accorder un accès accru des inspecteurs internationaux aux sites sensibles. Israël, qui exige un démantèlement des capacités nucléaires de l'Iran, a fustigé l'accord de Genève. L'Iran est accusé par les Occidentaux et par Israël de vouloir se doter de l'arme nucléaire sous couvert d'un programme nucléaire civil. Téhéran rejette ces accusations et affirme que son programme est à usage purement pacifique. L'AIEA jouera un rôle clé de vérification dans l'application de ce «plan d'action». «Des discussions préliminaires» ont déjà eu lieu avec l'agence à ce sujet, a indiqué M.Najafi, ajoutant qu'elles allaient se poursuivre. La veille, le directeur général de l'agence onusienne Yukiya Amano avait reconnu que son institution n'était pas prête, faute, selon lui, de moyens suffisants, à accomplir les tâches supplémentaires prévues pour elle dans l'accord de Genève. «Cela nécessite un montant significatif d'argent et (une augmentation) de main-d'oeuvre... Le budget de l'AIEA est très serré. Je ne pense pas que nous pouvons couvrir l'ensemble (de ces tâches supplémentaires) avec notre propre budget», avait-il dit. Les experts de l'agence devront notamment inspecter sur une base quotidienne les sites sensibles d'enrichissement d'uranium à Natanz et Fordo, et le réacteur à eau lourde d'Arak. L'AIEA n'a pas d'inspecteurs stationnés en permanence en Iran, et les visites sont généralement assurées par des équipes de deux inspecteurs, avait-il précisé la veille.