Du haut de ses 64 ans, cet ex-sélectionneur de la Belgique et de l'Algérie, le technicien belge Georges Leekens vient de parapher contre 25 000 euros mensuel, le 27 mars 2014, un contrat de deux ans, le confirmant ainsi comme sélectionneur de l'équipe nationale tunisienne de football. Il va tenter, au cours de ces deux années, de faire oublier au peuple tunisien, les mauvaises passes de leur équipe nationale. Mais ce qui est étonnant dans cette nomination, c'est le silence de la presse tunisienne, si ce n'est l'annonce de l'arrivée d'un sélectionneur à la tête des Aigles de Carthage. Sa mission ne sera certes pas facile, décrocher une place dans le calendrier de la Coupe d'Afrique des nations 2015 qui aura lieu au Maroc. En fait, aller vers une réparation de ce que le dernier pilote des Aigles, Ruud Krol n'a pas réussi à faire franchir à ces derniers, les frontières de la Coupe du monde 2014. Leekens va-t-il réussir en deux années, à faire renverser la vapeur et s'imposer en tant qu'entraîneur capable de créer ces sacrées surprises pour lesquelles se battent un grand nombre de sélections des pays arabes et du Maghreb ? Les Tunisiens n'y croient pas tous, cette nomination est comme un non événement. Connu dans le monde footballistique, entraîneur depuis 1984, il a piloté plusieurs dizaine de clubs dans son pays, Anderlecht, Lokeren ou le FC Bruges notamment. Son principal fait d'armes est d'avoir conduit deux fois l'équipe de Belgique de 1997 à 1999, puis de 2010 à 2012... Cet ancien défenseur a également eu une courte expérience en Afrique puisqu'il a dirigé la sélection algérienne durant quelques mois, en 2003. Il était par ailleurs pressenti pour prendre en mains l'équipe du Togo. Aujourd'hui, il est à la tête de ces Aigles de Carthage, un poste que Raymond Domenech avait voulu, mais la Fédération tunisienne de football a jeté son dévolu sur le Belge. Le Français avait pris beaucoup de temps pour confirmer. Au centre ville de Tunis, dans les terrasses de café, l'information ne fait pas l'objet de discussions, comme si le football a perdu de sa valeur après leur élimination de la course vers le Brésil. Poyr, ce jeune serveur dans un restaurant, lorsque la question tombe sa réponse était à la limite de : «Ce n'est pas mon problème, le football c'était hier, aujourd'hui nous avons d'autres préoccupations...» Un autre qui tendait l'oreille intervient pour nous dire, «l'équipe nationale aurait pu décrocher sa place comme la vôtre au mondial, mais les joueurs se prenaient pour les stars du Barça. Ils pensaient que le jeu était facile à maîtriser, l'entraîneur n'a pratiquement rien à voir. Il avait fait le maximum mais certains joueurs ne méritent pas d'endosser le maillot des Aigles de Georges Leekens, qui fera ses débuts comme sélectionneur de la Tunisie le 7 juin lors du match amical face à la Belgique, à Bruxelles». Un chauffeur de taxi qui semble s'attacher beaucoup aux Fennecs nous a précisé : «Nous avons échoué par la faute des joueurs, mais «Al hamdouli Allah», aujourd'hui, nous avons notre seconde équipe, celle de l'Algérie, elle va nous honorer, j'en suis persuadé, elle aura le cœur à vaincre et à faire la différence, nous serons tous derrière elle, que Dieu la protège», avant d'enchaîner sur la CAN-2015, «nous espérons que les locaux seront dans la liste.» C'est le même son de cloche chez les supporters qui se trouvent en «altitude». Dans l'avion, c'est toujours la même tonalité. Un couple que nous avons approché, nous dira, «un sélectionneur ? Encore un autre ? Ce n'est pas la solution. La solution est dans la sélection des joueurs. Il y a des locaux que nous avons négligés au profit des professionnels... Ces derniers viennent pour la galerie et non par pour jouer. Les Verts avaient, eux aussi, connu ce climat, mais avec le sélectionneur Vahid Halilhodzic, les choses ne sont plus les mêmes. On joue ou rentrons à la maison. Nous sommes tous avec les Fennecs. Ils iront au deuxième tour, vous verrez...» Pendant ce temps, l'appareil perd déjà de l'altitude, le souhait de voir les Algériens gagner garde, quant à lui, la même altitude avec la même vitesse de croisière.