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Une marionnette ne fait pas le printemps
Publié dans La Nouvelle République le 04 - 04 - 2014

Ainsi, le pays frondeur de Kateb Yacine, l'orgueilleuse Algérie, est en train de réaliser un exploit historique, sans précédent, et entrer tout bonnement dans le Guinness World Records : une campagne électorale avec, pour candidat suprême, un homme aphone, incapable de se mouvoir et de mouvoir la moindre pensée structurée ! Une marionnette qui ne tient qu'à un fil : celui que manipule un pool de marionnettistes aux bras longs...
Plus d'un demi-siècle après l'indépendance, notre Pool n'en finit pas de trahir les idéaux du 1er novembre 54, de ce jour où le peuple apprit qu'une poignée de ses enfants s'étaient lancés dans cette aventure insensée : celle de bouter le colonialisme hors de ses frontières !... Mais, aujourd'hui, qui se souvient de la «Proclamation du 1er Novembre», signant le début de la guerre d'Indépendance, et qui disait, en exergue : «Peuple algérien ! A l'exemple des peuples qui ont brisé les chaînes de l'oppression (...), tu ne dois pas oublier un seul instant que notre avenir à tous est commun (...) Pense à ta situation humiliante (...), à la condition de misérable surexploité par une classe dominante et égoïste qui ne cherche que son profit. Si à tous ces malheurs il faut ajouter la faillite de tous les partis politiques qui prétendaient te défendre, tu dois te convaincre de la nécessité de l'emploi d'autres moyens de lutte. C'est pourquoi (...) nous t'appelons à relever la tête...» ? Certes, le peuple algérien n'a jamais cessé de relever la tête, et de payer pour cela le prix fort. Mais qui peut nier que cet appel reste d'une actualité brûlante en cette veille d'élection présidentielle ? Et que ces lignes gagneraient à être diffusées massivement, en arabe, en berbère comme en français, afin que le peuple puisse, davantage, prendre la mesure de ce en quoi ses gouvernants qui se sont succédé depuis l'indépendance auront failli, en quoi ils auront trahi les engagements pris en son nom et au nom «des militants de la cause nationale» ? Car c'est à ces derniers, peuple et militants, que s'adressaient les pères de l'insurrection : «A vous qui êtes appelés à nous juger», commençait solennellement le texte historique. Très tôt, de guerre lasse, ceux-là mêmes qui étaient «appelés à juger» donnèrent leur blanc-seing, et c'est de ce blanc-seing forcé que les gouvernants successifs ont tiré leur légitimité. Une légitimité fallacieuse qui, d'un clan à l'autre, d'un complot à l'autre, allait faire de nos marionnettistes incultes des disciples de Machiavel sans la finesse du maître ni son réalisme. Alors, que faire ? La célèbre question de Lénine mérite d'être réhabilitée : oui, «un pas en avant, deux pas en arrière.» Un pas en arrière, en somme, jusqu'à ce que le pays retourne au point de départ, qui fut aussi un aboutissement : l'indépendance. Le but atteint, cet aboutissement aurait dû marquer le terme de la mission du FLN, comme le soulignait déjà Mustapha Lacheraf. Nous savons ce qu'il en fut, de ce Front postindépendance, et ce qu'il aura engendré dans sa phase d'ouverture «démocratique» forcée des années 1980 : un quarteron de petits partis plus «uniques» les uns que les autres. Voilà dix ans, j'avais publié un roman dont la toute première phrase annonçait la couleur : «Le 1er juillet, le jour où l'Algérie entrait dans l'indépendance, Larbi entra dans le coma.». Certes, il y eut nos «printemps berbères» et nos «chahuts de gamins», réprimés dans le sang, printemps d'avant tous les printemps arabes – quoiqu'il faille désormais se méfier de certaines retombées saisonnières. Mais, aujourd'hui, ne sommes-nous pas redevenus tous des Larbi, désespérant de sortir irréversiblement du coma, pour nous demander : et si les marionnettistes et leur figurine renonçaient à prétendre au quatrième mandat, et ainsi rectifier le cours de l'Histoire en actualisant le serment par une nouvelle proclamation ? Oui, imaginons, angéliquement, ce que pourrait être une telle proclamation (en italique, le texte original de 1954) : Proclamation 2014 Pour une République algérienne démocratique, laïque et indivisible Au peuple algérien, aux militants de la cause nationale. A vous qui (nous avez jugés), notre souci, en diffusant la présente proclamation, est de recouvrer le sens de l'honneur. Nous considérons avant tout qu'après plus de cinquante ans de gabegie, nous avons atteint le seuil critique au-delà duquel force pour nous est de remettre les pendules à l'heure. A l'heure de l'indépendance, réelle et effective. Plaçant désormais l'intérêt national au-dessus de toutes les considérations de personnes et de prestiges, conformément aux principes révolutionnaires, nous retraçons ci-après les grandes lignes de notre programme politique, pour l'avènement de la première République algérienne démocratique, laïque et indivisible : 1. constitution d'un tribunal exceptionnel, chargé de juger toutes les confiscations : des richesses comme des libertés ; 2. anéantissement de tous les vestiges de corruption, causes de notre régression actuelle ; 3. respect de toutes les libertés fondamentales, sans distinction de sexe ni de confession ; 4. reconnaissance officielle de la langue et de la culture berbères comme substrats et vecteurs constitutifs de l'identité nationale ; 5. garantie irrévocable de la liberté de la presse ; 6. séparation totale de la religion et de l'Etat ; 7. réforme du Code de la famille et abolition de toute prescription attentatoire à la dignité et aux droits de la femme. Peuple algérien, militants de la cause nationale ! Vous qui (nous avez jugés) sur nos forfaits commis durant cinq décennies, à notre tour de vous juger sur votre engagement à soutenir ces sept commandements. Quant à nous, résolus à favoriser la réhabilitation des idéaux de la Révolution, nous nous engageons à nous retirer définitivement de la scène politique. Angélisme ou illusion d'ingénu poète ? Certes : une marionnette ne fera jamais le printemps... Pourtant, il est toujours temps de demander des comptes à ceux qui ont mis l'Algérie en coupe réglée, jusqu'à la placer loin derrière le Bangladesh parmi les potentiels «pays émergents» ! Il est même temps de revisiter les paroles de notre hymne national, pour n'en changer qu'un mot, un seul, celui de «France». Rappelons-nous ce couplet : «Ô France, le temps des sermons est révolu (...) Voici venu le jour où il te faut rendre des comptes / Prépare-toi ! La voici notre réponse... ». Oui, remplaçons dans les faits, comme dans nos stades, nos rues et nos urnes, remplaçons le nom de «France» par celui de la mafia au pouvoir depuis l'indépendance : c'est seulement à ce prix que l'Algérie, celle dont nous avions rêvée, adviendra. Trois mandats consécutifs et une «corruption démocratisée» (sic), qui auront bénéficié aux seuls gouvernants et à leurs auxiliaires (parmi lesquels autant d'incultes parlementaires que d'intellectuels organiques). Le quatrième mandat, surréaliste, est de trop, c'est le moins qu'on puisse dire. N'était la gravité de la situation, je rappellerai volontiers à la marionnette le fameux rituel des trois verres de thé, dont un Targui ami, Djebrine (le véritable découvreur des fresques du Tassili), m'avait, en 1973, livré la clé : le premier verre est de bienvenue ; le second, de courtoisie ; le troisième, de rigueur ; mais le quatrième est de trop, et signifie quelque chose comme : «bezzef ‘alik !», sous-entendu : «Dégage !» Tout comme la marionnette, le verre de thé non plus ne fait pas le printemps. Mais les amateurs du quatrième verre, eux, seraient bien inspirés de «dégager», avant le printemps qui s'annonce, «dans un mois, dans un an...» Salah Guemriche Ecrivain. Dernier ouvrage : «Alger-la-Blanche, biographies d'une ville» (Perrin 2012). A paraître : «Les Accords déviants» (roman). N. B. : En partie, cette tribune a été publiée, en 2012, sur mon blog (Médiapart), puis reprise dans «Libération» et sur le site de la LDH-Toulon. Je la reprends ici, en l'actualisant, par rapport à l'élection présidentielle. Et comme les dés semblent déjà jetés, disons que c'est juste pour prendre date.

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