C'est un spectacle événement que celui du Bunraku . Et pour cause ! C'est un théâtre de marionnettes venant du pays du Soleil-Levant, le Japon, et vieux de plus de 400 ans. Il a eu lieu samedi soir à la salle Ibn Zeydoun d'Alger Un spectacle entrant dans le cadre de la célébration du 50e anniversaire de l'Indépendance de l'Algérie et celui de l'établissement des relations diplomatiques entre l'Algérie et le Japon. Le spectacle de marionnettes Bunraku, pour la circonstance, à titre indicatif et voire pédagogique, s'est articulé en trois parties. La danse de la fête et de la prospérité, la musique et, plus précisément, le luth japonais, le shamisen, un instrument à trois cordes, déclinant un son ressemblant au banjo et une démonstration de manipulation de marionnettes. Le Bunraku, proprement dit, est interprété par deux groupes d'artistes scindés en deux manipulateurs et deux assistants «cagoulés». Et ce, évoluant avec grâce et dextérité. Tantôt dansant, tantôt battant la mesure, tantôt tapant des pieds, tantôt créant des effets gag ayant décoincé les zygomatiques du public. Les deux marionnettes nipponnes sont une sorte de «geisha» et un samouraï pouvant exécuter une quarantaine de variétés d'expressions du visage. La colère, le rire, l'embarras, la tristesse… L'origine de ce qu'on appelle actuellement Bunraku remonterait au XVIIe siècle. En 1684, un grand récitant, Takemoto Gidayu (1651-1714), ouvrit son propre théâtre nommé Takemotoza à Osaka et créa le spectacle de marionnettes : le Ningyo (marionnette) - Jôruri (récit). Avec la participation de Chikamatsu Monzaemon (1653-1724), un grand dramaturge, et de Takeda Izumo, un régisseur compétent de théâtre, la troupe eut un grand succès. Au XIXe siècle, Uemura Bunrakuken fonda le théâtre de marionnettes Bunrakuza à Osaka, et le Ningyo-Joruri se fit appeler Bunraku. Aujourd'hui, avec le Kabuki et le Nô, le Bunraku est devenu un des trois grands arts traditionnels de théâtre du Japon. Son style, composé des 3 éléments artistiques, est unique parmi les théâtres de marionnettes du monde entier : la narration (Gidayu-bushi), la musique de shamisen, et la manipulation des marionnettes Gidayu-bushi (on dit aussi Jôruri), provient du nom de Takemoto Gidayu, signifie tant la pièce du théâtre de Bunraku que la manière de chanter et de réciter l'histoire. Shamisen, l'oûd japonais Le Tayu, le récitant de Gidayu-bushi, récite non seulement des dialogues de tous les personnages, mais aussi des situations et des explications de chaque scène. Passant facilement d'une voix féminine à une voix masculine, il interprète plusieurs rôles en modifiant pour chaque rôle l'expression de son visage.Le rôle du joueur de shamisen est d'accompagner et de souligner l'expression du récitant. Sa musique crée parfaitement l'atmosphère des scènes en exprimant les mouvements et les émotions des personnages. Ecoutant les mélodies diverses, les spectateurs peuvent facilement comprendre la différence entre les bruits de pas d'une fille de noble ou de marchand, la joie ou le chagrin, la pluie ou la neige (!). Généralement, une marionnette est manipulée par trois marionnettistes visibles sur scène : le maître marionnettiste (omozukai) manipule la tête et le bras droit, un assistant (hidarizukai) manipule le bras gauche, et un autre (ashizukai), les jambes. Absorbés par les scènes raffinées et harmonieuses de l'art des marionnettistes, des récitants, et des joueurs de shamisen, les spectateurs plongent dans le monde de l'histoire dramatique. En ce moment, on pourrait dire que la présence des marionnettistes «disparaît» de la scène. Proclamé «Bien culturel immatériel important» en 1955 par le gouvernement, le Bunraku a été désigné en novembre 2003 par l'Unesco en tant que patrimoine oral et immatériel de l'humanité. Dans la troupe de Bunraku, il y a six trésors nationaux vivants : Takemoto Sumitayu (récitant), Yoshida Bunjaku (marionnettiste),Yoshida Minosuke (marionnettiste), Tsuruzawa Kanji (joueur de shamisen), Takemoto Gendayu (récitant), et Tsuruzawa Seiji (joueur de shamisen). A présent, environ 90 artistes appartiennent au Théâtre national de Bunraku d'Osaka et déploient leurs efforts à la conservation et à l'évolution de cette forme unique d'art. Les représentations régulières sont exécutées à Osaka et à Tokyo, en outre, au printemps et en automne, une partie de la troupe voyage à travers le Japon afin de faire une tournée théâtrale. Depuis les années 1960, le théâtre de bunraku organise des représentations de gala à l'étranger. Jusqu'à présent, la troupe a déjà été invitée aux Etats-Unis, en Belgique, en Angleterre, en Chine, en Nouvelle-Zélande, en Australie, en France, en Allemagne, en Corée de Sud, et dans les pays nordiques.Aujourd'hui, la beauté du Bunraku est admirée non seulement au Japon, mais aussi dans le monde entier.
Représentation du Théâtre Bunraku : Un spectacle à ne par rater, aujourd'hui à 18h au Théâtre régional de Constantine.