A la veille du dernier jour de la campagne électorale pour l'élection présidentielle 2014, les candidats et leurs représentants tiennent leurs derniers meetings pour tenter de convaincre les électeurs. Lors des différents meetings organisés jusqu'ici, les candidats et leurs représentants se sont réciproquement accusés et chaque camp a bien voulu se différencier de l'autre. Certains n'ont pas manqué de lancer des graves accusations à l'encontre de leurs concurrents mais sans qu'ils puissent certainement donner de preuves si toutefois, ils seraient contraints par la justice de le faire. Durant les nombreux rassemblements, les promesses sont évoquées et chaque partie s'engage devant l'assistance à lutter contre la corruption tout en promettant aux Algériens un avenir des plus meilleurs. En l'absence d'un véritable programme politique, les candidats et leurs représentants évoquent durant chaque rassemblement le passé révolutionnaire de l'Algérie. Tout dépend de la région où le meeting est organisé, les orateurs et les intervenants rappellent à la population la bravoure des héros de la révolution. Les noms de Larbi ben M'hidi, Si El Haoues, Amirouche, Ben Boulaid, Laghrour Abbes et les dizaines des martyrs sont évoqués du haut de la tribune des candidats ou de leurs représentants. Même les chanteurs et les ex-grands joueurs de l'équipe nationale sont cités durant cette campagne. Le «régionalisme» était également présent dans les différents rassemblements et meetings. Les candidats et leurs représentants enfilent les vêtements de la région et n'oublient pas de lancer de flatteries aux habitants et de jeter des fleurs à telle et telle communauté. En plus du passé révolutionnaire, certains candidats et leurs représentants ont joué également la carte de la religion. Interdit d'exercer par la justice, l'ex-parti dissous a été indirectement évoqué lors de certains rassemblements. «Nous allons discuter avec ceux qui ont été interdits d'exercer en politique. L'Algérie a besoin de tous ses enfants et ils sont une partie de la solution», ont-ils déclaré. En réponse à un candidat, un médecin a répondu je cite : «L'Algérie a certes besoin de ses enfants mais pas de ceux qui ont égorgé ses enfants et qui sont à l'origine de l'assassinat de plus de 250 000 personnes et des milliers de disparus». Certains citoyens qui ont assisté à ce meeting ont indiqué que l'orateur tente par cette proposition de séduire les islamistes et les militants de l'ex-parti dissous. Finalement, la réponse ne s'est pas fait attendre et c'est l'ex-lieutenant d'Abassi Madani qui a rejeté la main tendue de ce candidat. «Celui qui veut être soutenu par les militants de l'ex-FISdoit les associer à son programme sans avoir honte», a-il-expliqué. Qui des candidats pourrait associer à son programme les islamistes de l'ex-FIS ou les autres mouvements qui instrumentalisent l'islam pour arriver au pouvoir ? A mon avis aucun candidat ou responsable des partis politiques en lice pourrait accepter de s'unir avec ces fondamentalistes. Les autres mouvements islamistes ne rêvent que d'une chose à savoir : l'instauration d'un Etat théocratique (Doula islamiya) en Algérie. Pour les citoyens, les candidats et les représentants ne disposent pas de programmes politiques fiables à présenter pour les électeurs. Un « hitiste» nous a interrogés en indiquant, je cite : «Avez-vous entendu des candidats ou leurs représentants dire qu'ils envisagent de mettre en place une rémunération mensuelle pour les sans-emploi ?» C'est le même cas pour Mme Fadhila qui a indiqué qu'elle n'a pas entendu les candidats dirent ce qu'ils peuvent faire pour les pauvres, les sans-abris, les malades mentaux etc. Cette dernière a souhaité entendre un candidat dire qu'il s'engage à réviser la politique de l'octroi du logement afin de mettre un terme à la crise de l'habitat. Toujours et au sujet de l'habitat, cette dame nous a demandé ce qui suit : «Trouvez-vous normal qu'un médecin ou un entrepreneur paie le même montant de loyer qu'un sans-emploi ? Comment voulez-vous qu'un chômeur puisse s'acquitter normalement des charges locatives ou des frais d'électricité, d'eau et de gaz ? Comment voulez-vous qu'un père de famille sans emploi puisse subvenir aux besoins élémentaires de ses enfants alors qu'à la place des sous, il touche du «vent?» C'est ça, la priorité des Algériens, a conclu Mme Fadhila, regrettant qu'aucun candidat n'ait évoqué ces problèmes au cours de cette campagne. En somme, beaucoup de choses ont été abordées au cours de ces 19 jours de campagne électorale mais un seul sujet a brillé par son absence à savoir : le programme politique.