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Quelques réflexions sur les déclarations du ministre de l'Energie algérien, en date du 8 avril 2014

1. La valeur du produit intérieur brut (PIB) de l'Algérie est passée de 54,8 mds dollars en 2000 à 198,8 mds dollars, en 2011, à 208 en 2012 et à 215 milliards de dollars en 2013 avec une croissance moyenne de 3% entre 2000/2013 pour une population qui dépassera 38,48 millions d'habitants en 2014, selon l'Office national des statistiques (ONS).
Certes, 40% du PIB relève des hydrocarbures en calcul statique. Mais en réalité plus de 80%, puisque les secteurs du bâtiment-travaux publics- hydraulique (BTPH), moteur de la croissance actuelle ayant mobilisé plus de 70% (part dinars et devises) de la dépense publique entre 2000/2013, le capital argent provenant des hydrocar-bures. Le constat en ce mois d'avril 2014, c'est que Sonatrach c'est l'Algérie et l'Algérie c'est Sonatrach, et encore pour longtemps car les réformes struc-turelles indispensables pour une crois-sance durable tant institutionnelle que micro-économique ont toujours été différées. Les exportations ont été d'environ 65 milliards de dollars en 2013 contre 74 milliards de dollars en 2012. Selon le CNIS (Centre national sur l'information statistique des douanes), les exportations en 2013 ont atteint 65,917 mds usd, contre 73,489 milliards de dollars en 2011 et 71,866 en 2012, accusant ainsi une baisse de 8,27%. Quant aux importations, elles se sont établies à 54, 852 milliards de dollars US en 2013, contre 47,247 en 2011, 47,490 mds usd en 2012, accusant ainsi une hausse de 8,89%, auquel il faut ajouter 12 milliards de dollars d'importation de services entre 2012/2013, donnant pour 2013 près de 67 milliards de dollars de sortie de devises. Les hydrocarbures ont représenté l'essentiel des expor-tations algériennes en 2013 avec une part de plus 96,72% de volume des exportations, soit 63,75 milliards de dollars en 2013 contre 69,804 mds usd en 2012, accusant ainsi une baisse de 8,67%. Quant aux exportations hors hydrocarbures, elles restent toujours marginales, avec 3,28% du volume global des exportations (2, 16 mds usd). Les exportations algériennes de gaz seraient passées de 60 milliards de m3 en 2007 à 52 milliards de m3 en 2011 et 55 milliards en 2012 et encore moins selon certaines sources pour 2013, environ 47 milliards de mètres cubes gazeux alors que la consommation intérieure a été d'environ 35/37 milliards de mètres cubes gazeux entre 2010/2012 et 50 milliards de mètres cubes gazeux en 2013, selon le ministre de l'Energie, soit l'équivalent des exportations. Ce qui n'est pas seulement l'impact à l'attaque terroriste de Tiguentourine, mais la concurrence et donc la demande internationale, représentant 18% des exportations de gaz pour une valeur à environ 4 milliards de dollars. 2. Les réserves de gaz traditionnel ne sont pas de 4 500 milliards de mètres cubes gazeux, estimation de BP de l'année 2000 non actualisée, mais, selon les experts, elle fluctuerait en fonction des découvertes souvent marginales, en 2013, entre 2 500/3 000 milliards de mè-tres cubes gazeux en 2013 (moins de 1,5% des réserves mondiales). Ainsi sont effectivement posées à la fois les limites des réserves de pétrole exploi-tables, en termes de prix concurrentiel (en cas de non-découvertes rentables substantielles), estimées en 2012 à 12 200 000 000 barils (0,7% des réserves mondiales). Si l'on estime à compter de 2012 une production de 2,2 à 2,4 millions de barils/jour, se proposant d'exporter 1,6 million de barils jour - donnant environ 800 millions de barils annuellement, la durée de vie serait de 15 années, soit 2027, avec ce paradoxe, l'Algérie ayant importé en 2013 au prix international 3,5 milliards de dollars de carburants livrés sur le marché intérieur à un prix subventionné. En Algérie où en 2017 la consommation intérieure risque de dépasser largement les exportations ayant doublé les capacités d'électricité horizon 2017 à partir des turbines de gaz allant vers plus de 70/75 milliards de mètres cubes gazeux, dépassant les exportations actuelles qui peinent à atteindre 50/55 milliards de mètres cubes gazeux. L'on devrait arriver, sauf découvertes excep-tionnelles, à un coût compétitif à un épuisement horizon 2030 pour le gaz traditionnel, devant produire horizon 2000 plus de 155 milliards de mètres cubes gazeux annuellement, si l'on veut exporter 85 milliards de mètres cubes gazeux. Or les déclarations en date du 8 avril 2014 du Premier ministre par intérim sont plus pessimistes, relevant que pour une consommation 1,4 TEP/hab/an en 2030, la consommation énergétique intérieure dépassera les 100 millions de TEP. Ceci aurait une valeur de 83 milliards de dollars. Cependant, malgré l'épuisement inéluctable des réserves d'hydrocarbures traditionnels pétrole et gaz traditionnel, entre 2025/2030 (pour le schiste cela n'est pas pour demain, peut-être entre 2030/2040), du fait de la très forte consommation inférieure et des extra-polations d'exportation, selon le ministre, les hydrocarbures resteront importants dans le mix énergétique. Certes, actuellement, les énergies renouvelables (ENR) et le photovol-taïque coûteraient 6 à 7 fois plus cher que l'électricité générée à partir d'hydrocarbures. Avec la rareté des fossiles classiques, un baril à 120 dollars à prix constant rendrait rentabl les énergies renouvelables. Parallèlement, une production à grande échelle, la Chine investissant dans ce segment, le coût serait substantiellement réduit grâce aux économies d'échelle. Ce n'est qu'à ces conditions avec parallèlement, la révision des subventions qui doivent être ciblées, des économies d'énergie de 15 à 25% horizon 2030, grâce à l'effi-cacité énergétique (revoir les normes du BTPH) que la part des ENR en Algérie serait de 20 à 35% de la production électrique d'ici à 2030. Avec bon nombre d'experts, je pense que le mix éner-gétique ou la part du gaz de 20 à 60 milliards m3/an serait remplacé par des hybrides solaire-gaz (70%-30%) en récupérant les 6 milliards de m3 de gaz torché. Ceci en plus d'un engagement sérieux vers l'Economie Verte, nous donnerait l'opportunité sur le marché de l'électricité européen. En effet le problème ukrainien amènera vers les années 2020/2030, l'Europe à réduire sa consommation en énergies fossiles classiques où en 2013 la Russie a approvisionné 30% l'Europe. En effet l'Algérie par des interconnexions électriques avec la Sardaigne et l'Espagne, avec une capacité de 6 000 MW chacune, l'on peut arriver d'ici à 2030 à exporter 24 000 MW en électricité à partir d'hybrides solaire-gaz. Ceci correspondrait à l'équivalent de 50 milliards de m3/an de gaz. Il faut politiquement négocier cela dans le cadre d'un partenariat euro-maghrébin. La condition algérienne serait l'accès au marché européen de l'électricité. Sonatrach en partenariat serait le partenaire majeur. Cela pose toute la problématique de la transition énergétique, de la politique des subventions, dont celui des carburants et du tarif de l'électricité plafonné de- puis 2005 où la Sonelgaz accuse un déficit structurel supporté par le Trésor public de plus de 45 milliards de annuellement entre 2012/2013, préconisant un relèvement des tarifs progressifs de 11% pour suppléer à ce déficit. L'opérationnalité du gaz-pétrole de schiste n'étant pas pour demain. Pour l'énergie nucléaire, il est également prévu la première centrale à partir de 2025 ou 2030. En termes stratégiques, il doit être pris en compte la concurrence du Qatar, de la Libye, de Gazprom avec le North et le South Stream, qui contourne l'Ukraine (120 milliards de mètres cubes gazeux, expliquant le gel du projet Galsi 8 milliards de mètres cubes gazeux pour un coût qui est passé de 2,5 à plus de 4 milliards de dollars donc non rentables au vu du prix actuel, 15% plus cher que le South Stream russe. Par ailleurs, avec la révolution du pétrole-gaz de schiste, le marché US représentant 15% de Sonatrach, les USA devenant concurrents de Sonatrach, qui devra impérativement horizon 2017 avoir d'autres marchés. Cette situation pose toute la problématique de la transition d'une économie de rente à une économie hors hydrocarbures dans le cadre des valeurs internationales.

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